L’accroissement des besoins et des risques
Aujourd’hui, au sein du Conseil Mondial de l’Energie que je préside et dans tous les organismes spécialisés, il paraît évident que la consommation mondiale d’énergie devrait s’accroître de 40 % d’ici 2035 et doubler d’ici 2050. La croissance, les préoccupations environnementales (pollution, réchauffement climatique et réduction des émissions de CO2) et la réduction de la pauvreté énergétique (2 milliards d’individus sur terre n’ont toujours pas accès à une forme moderne d’énergie), constituent les grands enjeux énergétiques de demain.
Allons-nous manquer d’énergie ?
Notre conviction, c’est que nous disposons pour le siècle à venir, des quantités d’énergie nécessaires pour assurer le développement économique de l’ensemble des pays de la planète. D’ailleurs, le problème n’est pas la quantité globale des ressources, d’autant que nous découvrons encore de nouvelles ressources (c’est le cas des gaz de schiste désormais largement exploités aux Etats-Unis par exemple), mais plutôt leur répartition sur le globe et les tensions géopolitiques qui en découlent. En plus de la disponibilité des ressources, il existe un portefeuille de technologies disponibles et compétitives qui permet de répondre aux attentes en matière de développement économique.
L’approvisionnement en énergie, indispensable à la croissance économique, est un sujet de préoccupation majeur des Etats.
Le défi de la sécurité d’approvisionnement
Alors pourquoi lit-on partout que la sécurité d’approvisionnement est un défi ? Pourquoi risqueraiton de manquer d’énergie ? Parce que, pour exploiter ces ressources avec ces technologies à la mesure de la hausse de nos besoins en énergie, il faut investir massivement dans des infrastructures de production d’énergie et de transport (réseaux) nouvelles ou anciennes mais à maintenir et/ou remplacer, ainsi que dans les technologies qui permettent de réduire nos émissions de CO2 et de répondre aux attentes des populations en matière de sécurité, sûreté et protection de l’environnement.
« La question de l’acceptabilité est clé »
Il est de plus en plus difficile de développer des projets d’infrastructure dans nos pays car le syndrome NIMBY pousse les populations à rejeter comme néfaste toute nouvelle installation. Or, des investissements nécessaires pour avoir suffisamment d’énergie en 2030 globalement, aucun n’a pour l’instant été fait. Et 2030, dans le secteur, c’est demain! Si nous n’arrivons pas à réaliser ces investissements en temps et heure et au bon endroit, alors, oui, nous courrons le risque de manquer d’énergie. C’est ici que les politiques publiques ont un rôle à jouer pour créer les opportunités d’investissement et promouvoir l’acceptabilité des infrastructures.
Un besoin de politiques publiques
Ce secteur, très capitalistique, demande des investissements gigantesques sur des délais très longs (au moins 5-10 ans) pour des infrastructures dont les durée de vie sont de 30 à 60 ans. Compte tenu de ces données, le marché ne représente pas un mécanisme suffisamment pertinent pour éclairer les décideurs et donner confiance aux investisseurs sur le long terme ; il faut donc mettre en place des politiques publiques, ce que tout le monde admet aujourd’hui.
Fonctions express
Polytechnicien et diplômé de l’ENSPM
Président du Conseil Mondial de l’Energie
Président du Conseil de surveillance de Latécoère
Président du Harvard Business School Club de France
Les grands métiers de l’énergie
La place de plus en plus importante que l’énergie tient dans le développement économique mondial constitue la voie royale pour des métiers très variés.
Un secteur moteur de l’économie
En France, la production et la distribution d’énergie concernent plus de 2 500 entreprises qu’il s’agisse du gaz, de l’électricité ou du pétrole. De grands groupes internationaux et de nombreuses petites et moyennes entreprises se partagent un marché qui ne cesse de croître et de se transformer avec l’arrivée des énergies renouvelables comme l’éolien, le solaire, la géothermie etc. Chaque année, les groupes multinationaux comme AREVA, TOTAL, EDF, GDF SUEZ recrutent des milliers de diplômés, notamment issus des grandes écoles.
Les métiers de l’ingénierie
L’énergie fait appel à de nombreux métiers qui différent fortement suivant leur place dans cette filière qui comprend quatre grandes phases qui va de l’extraction à la distribution en passant par le traitement des ressources et la production. Ce secteur recherche des ingénieurs spécialisés tels que les ingénieurs procédés pour la conception des usines et des processus de production, les ingénieurs d’études pour la conception des réseaux de distribution, les ingénieurs d’études en énergie renouvelables comme les ingénieurs solaires, les ingénieurs d’affaires (ingénieurs d’affaires en efficacité énergétique, par exemple) ou les ingénieurs en procédés de raffinage sans oublier les chefs de projet de tranche en centrale thermique.
Managers et commerciaux
Sont également très présents tous les métiers liés au management avec les managers de projet situés dans les pays producteurs ou encore les managers opérationnels des sites de production et de traitement. Les postes d’ingénieurs technicocommerciaux couvrent un très large panel de fonctions dans le trading de matières premières et d’énergies ou dans la conception de stratégies marketing des métiers de l’énergie. L’ouverture à la concurrence du secteur de l’énergie, notamment le marché du gaz et de l’électricité en France, a augmenté les besoins des entreprises en commerciaux. Enfin, les métiers de consultant énergie se développent dans plusieurs directions dont le conseil technique, le conseil technicocommercial et le conseil stratégique.
Patrick Simon