interview Emmanuel Métais EDHEC
©Audoin Desforges

Le gros mot d’Emmanuel Métais

Un mot pour résumer la philosophie et les valeurs de l’EDHEC en 2025 ? Pari relevé par Emmanuel Métais, directeur général de la business school.

Transformer

En bon professeur, je commencerais par rappeler l’origine latine de ce verbe : transformare, qui signifie métamorphoser, former au-delà, former à travers. Un mot très utilisé aujourd’hui, mais qui résume bien les valeurs et la dynamique de l’école et du monde dans lequel elle évolue.  Une nouvelle configuration du monde se met en effet en place et n’est pas sans répercussion sur le monde de l’éducation et de l’enseignement supérieur, qui vivent aussi deux grandes transformations. Une transformation démographique d’abord, qui touche les pays développés et qui risque donc de pénaliser l’Europe et les US. Mais aussi une transformation liée au repli sur soi de nombreux pays, qui impactera sans nul doute l’immigration étudiante. De ce point de vue, la France reste un pays accueillant et j’espère que cela va durer.

Alors, dans ce contexte, comment l’EDHEC embrasse-t-elle la transformation ?

A travers sa recherche d’abord, qui allie publications académiques de bon niveau et impact sur l’industrie, comme l’illustre notre spin off en finance Scientific Bêta et le virage que nous avons pris sur la finance climatique. Autant de signes de notre capacité à faire un pas de côté pour être utile aux investisseurs qui veulent mesurer leur impact sur le climat, pour agir.

A travers ses enseignements ensuite. Nous avons mis en place ces dernières années un grand nombre de cours sur les limites planétaires, l’inclusion, la diversité, l’usage des technologies et de l’IA… mais lorsque nos étudiants et jeunes diplômés arrivent en entreprise, ils voient bien que changer les choses de l’intérieur n’est pas toujours simple. D’où notre enjeu de les former à transformer. Avec des connaissances bien sûr, mais aussi les outils d’empowerment nécessaires pour embarquer les équipes dans ces changements.  

A travers son engagement stratégique pour l’émergence d’entreprises net positive, enfin. Nous voulons en effet œuvrer en faveur de ces entreprises qui ne voient pas le développement durable comme un objectif de diminution de leurs externalités négatives, mais comme un objectif de maximiser leurs impacts positifs. Cette dynamique peut s’opérer au sein des grandes entreprises existantes, mais aussi via l’entrepreneuriat. Parce que l’entrepreneuriat fait partie de l’ADN de l’EDHEC, nous avons d’ailleurs développé un véritable écosystème d’entrepreneuriat responsable qui se déploie aussi bien au sein de nos programmes de formation qu’à travers nos incubateurs à Station F et sur nos campus. Chaque année, nous incubons en moyenne une centaine de startups, qui allient recherche de profit et recherche de solutions en réponse à un problème de société. Je pense bien sûr à Yuka, mais aussi à M2I (qui produit des insecticides bios à base de phéromones) ou Dooda (qui fait de l’élevage de vers pour nourrir les animaux et fabriquer des engrais).

De fait, le monde traverse une période de transformation sans précédent, alors n’ayons pas peur nous aussi de transformer et de nous transformer !