Une feuille de route ambitieuse et stimulante, un sentiment de bien-être et de satisfaction, telle est la vie d’Alain Storck, depuis près de 2 ans à la tête de l’UT C. Il est par ailleurs engagé au sein de la CGE alors que se prépare la nouvelle loi sur l’enseignement supérieur et la recherche.
Quel est votre sentiment 2 ans après votre arrivée à la tête de l’UTC ?
Un sentiment de bien-être et de satisfaction ! J’avais envie d’être autant passionné que dans mon poste précédent à l’INSA de Lyon. Si j’ai postulé à l’UTC, c’est bien sûr parce que je pressentais que c’était un établissement intéressant. Et 2 ans après, je ne suis pas déçu !
Qu’est-ce qui vous séduit le plus dans cet établissement ?
D’abord son modèle dual d’université et d’école d’ingénieurs lui permettant de s’appuyer sur le meilleur de chaque dispositif. Je suis enthousiaste d’avoir trouvé un établissement si fortement ancré et tourné vers l’innovation et la créativité, dans toutes ses dimensions et activités. Notre marque de fabrique ne s’est jamais démentie depuis 1972 comme le rappelle notre moto : « Donnons un sens à l’innovation ». Je suis ravi de me trouver dans une région, la Picardie, ouverte à l’innovation. Elle mise sur l’économie de la connaissance, ses établissements, ses entreprises. L’UTC est bien positionné à l’international à l’image de l’UTSEUS (Université sino-européenne des 3 UT) de Shanghai. Enfin, j’insisterais sur une réussite : le cursus Humanités et Technologie. Cette voie d’accès lancée en septembre est ouverte aux bacheliers L, ES et S. L’UTC est la première école d’ingénieurs à proposer un parcours vers l’ingénierie aux étudiants issus des filières littéraire et économique et sociale. Elle est très importante car elle illustre une ambition et qualité de notre cursus : former des ingénieurs capables de penser la technologie.
Son corps professoral ?
Je suis émerveillé par son appétence pour l’innovation. Quel que soit le sujet, la passion et l’enthousiasme sont là. Chacun est pointu dans son domaine et capable de s’intéresser à des problématiques transversales. Je suis aussi frappé par le respect des personnels pour l’UTC, ses valeurs, et celui qui les représente, son président.
Et ses élèves ?
Ils intègrent très vite l’ADN de la Maison et déploient une réelle capacité d’innovation, sont forces de proposition sur des projets, des concours. Cela se traduit aussi dans le dynamisme de leur vie associative. Globalement, je les trouve agréables, dans le dialogue. Nos diplômés sont 40 % à se placer dans des PME. Ils ont envie de créer, de prendre des responsabilités, de gérer des projets.
Quelle est votre ambition à court terme pour l’UTC ?
Je souhaite réussir notre logique partenariale, structurée depuis un an dans trois dimensions complémentaires. Le groupe des UT qui vient d’être créé sous la forme d’une association. La machine est en marche avec une logique de groupe, de marque, de nom, de valeur et de modèle communs. Autre axe, notre participation au PRES Sorbonne Université. Il est fondé sur la complémentarité thématique et d’excellence. Nous sommes depuis décembre membre fondateur non initial. Nous avons répondu à un appel à projet pluridisciplinaire en apportant notre innovation pédagogique du cursus Humanités et Technologie. L’UTC est aussi dans une logique territoriale en Picardie. Nous préparons la création d’une Conférence régionale des établissements d’enseignement supérieurs, sous la forme d’une association avec l’ESIEE Amiens, l’Institut LaSalleBeauvais, l’ESCOM, l’ESC Amiens.
A moyen terme ?
Réussir la transformation de notre Fondation Universitaire en Fondation Partenariale, la Fondation de l’UTC pour l’innovation. Nous travaillons avec un consultant sur nos axes stratégiques, nos projets, notre engagement dans la campagne de levée de fonds auprès d’entreprises intitulée : « Turn on creativity and innovation ». Nous avons besoin de nouveaux outils pour augmenter et diversifier nos ressources.
« Une université a une responsabilité sociétale : être dans la bataille des idées pour apporter au monde de nouveaux schémas, ouvrir les possibles et apporter des solutions. »
Et à long terme ?
C’est l’essence du projet sur lequel j’ai été élu par le CA et nommé par le ministre : Faire évoluer l’UTC vers une université européenne de technologie en s’appuyant sur un écosystème local d’innovation et de créativité. Européenne dans le sens ancrage géographique et culturel, l’ambition étant internationale. Notre écosystème est un espace partenarial entre l’université, les entreprises et le territoire. Notre ambition est d’organiser ces relations et flux entre acteurs de l’innovation. Une université a une responsabilité sociétale : être dans la bataille des idées pour apporter de nouveaux schémas, des solutions, ouvrir les possibles. Au niveau international, nous préparons d’autres antennes à l’étranger comme l’UTSEUS de Shanghai, avec déjà des contacts avancés au Chili et au Canada. L’objectif étant de les mettre en réseau virtuellement.
Quel regard portez-vous sur l’agitation qui règne dans le supérieur ces dernières années ?
Depuis 10 ans, une suite de lois, dispositions et programmes d’investissements, a entrainé de considérables évolutions qu’il faut gérer. Les établissements ont voulu saisir les nouveaux outils et possibilités d’alliances pour assurer leur développement. La mobilisation est intense, nous avons été très sollicités pour répondre à des appels d’offre, monter des projets. Le revers est que cela laisse moins de temps pour se consacrer à la bataille des idées, ce qu’il faut maintenant faire.
Et sur la loi en préparation ?
J’ai participé avec la CGE aux assises nationales durant sa préparation. Une nouvelle loi est toujours porteuse de l’espoir de pouvoir corriger les imperfections, de nous renforcer, d’apporter une nouvelle vision. Puis, il y a l’inquiétude sur certains aspects comme :
• des ambitions annoncées sans moyens pour les réaliser (numérisation des cours), la mise en place de « communautés d’universités et établissements » qui pourrait affecter ma stratégie partenariale,
• la nouvelle gouvernance qui dilue les responsabilités,
• mon questionnement sur l’apport de la loi pour dynamiser le processus d’innovation reposant sur un partenariat fort avec les milieux économiques,
• sur le rattachement des CPGE à l’université.
Le rêve d’Alain Storck
Pour l’enseignement supérieur
Que son développement soit mû par une vision dynamique et non purement administrative. Que l’on n’oppose pas recherche et innovation, que l’on respecte la diversités des statuts dans l’enseignement supérieur.
Pour l’UTC
Qu’elle devienne une université européenne de technologie en s’appuyant sur un écosystème local d’innovation et de créativité ; organisée à l’échelle mondiale par des antennes en réseau. Qu’elle soit toujours forte et identifiée en technologie, innovation et créativité. Qu’elle réussisse la diversification et l’augmentation de ses ressources propres.
Pour ses étudiants
Qu’ils soient créatifs et humanistes. Qu’ils sachent penser, faire et développer la technologie. Qu’ils soient audacieux et heureux dans leurs vies.
A. D-F