Laure Daumal, EPITA promo 2018, vice-présidente de l’association Synergie de l’EPITA

Laure-Daumal

[Vie étudiante]

Les étudiant-e-s de l’EPITA ont créé « Synergie », une association en faveur de la mixité au sein de l’EPITA : elle agit pour encourager les filles à rejoindre les formations d’ingénieur-e-s, combattre les préjugés et les stéréotypes sur l’informatique et elle permet aux filles d’organiser des réunions entre elles pour partager.

La mixité à EPITA a toujours été faible, mais c’est aussi le reflet du monde de l’informatique

Avant le Concours Advance, l’EPITA était un peu plus difficile à découvrir car il fallait déjà connaître le milieu et s’être bien renseigné pour candidater à l’école. Ces personnes-là étaient donc majoritairement masculines, ce qui explique les chiffres actuels. Depuis le concours, il est plus facile d’entendre parler de l’école et le profil des étudiants est beaucoup plus varié. D’ailleurs, cette année, le pourcentage de filles dans la nouvelle  promotion a explosé les records : les choses semblent donc s’améliorer petit à petit.

L’EPITA a été lauréate du Prix de l’école la plus mobilisée en 2014 pour lutter contre les stéréotypes, promouvoir l’égalité F/H et informer sur les métiers d’ingénieur-e-s. « Depuis la création de Synergie, nous avons participé à différents évènements regroupant les femmes dans l’informatique, à des salons présentant diverses écoles et carrières. Nous nous sommes aussi déplacées dans les lycées pour parler de notre cursus. Nous présentions également le concours Excellencia qui permet à une fille par an de voir sa scolarité intégralement offerte au sein de l’EPITA. »

Besoin de rencontrer les autres filles de l’école et de nous regrouper

« La première raison qui nous a poussées à créer Synergie, c’était notre besoin de rencontrer les autres filles de l’école et de nous regrouper : notre faible nombre nous dispersait dans les différentes classes et les différentes promotions n’ont que de rares occasions de se rencontrer vraiment. Ces réunions nous ont permis de nous sentir mieux dans notre scolarité et de nous soutenir entre nous. En effet, favoriser la mixité commence par le fait de la préserver. »

De plus, « nous contactons des lycées et des collèges afin de présenter le milieu de l’informatique, notre passion, aux plus jeunes. Ces actions sont réalisées par des femmes afin de permettre aux filles présentes de s’identifier à nous et, ainsi, de pouvoir envisager cette carrière. C’est l’opportunité pour toutes les personnes présentes de combattre leurs préjugés sur ce milieu et de montrer qu’il n’y a pas de « profil type » pour rejoindre nos écoles. »

Le problème est principalement culturel

Beaucoup de parents et même d’enseignants ne considèrent pas la voie de l’informatique comme étant potentiellement féminine, ce qui renvoie aux jeunes filles l’impression que ce n’est « pas pour elles » et qu’elles devraient trouver une autre voie. « C’est triste ! Il faudrait sensibiliser toute la population française et mondiale sur les femmes dans le milieu, qui sont très « invisibilisées », mais aussi sur les autres profils masculins : en effet, contrairement aux stéréotypes en vigueur, tous les étudiants en informatique ne sont pas socialement inadaptés, boutonneux et célibataires…

En attendant d’atteindre cette remise en question globale, on commence par sensibiliser les intéressé.e.s et on en parle le plus possible : de cette manière, par identification, les filles seront plus confiantes à essayer cette voie. »

L’avenir des femmes dans l’informatique est vraiment prometteur

L’avenir des femmes dans l’informatique est vraiment prometteur. Beaucoup d’entreprises sont intéressées par la mixité et recherchent des profils féminins. « Il nous est donc plus facile d’obtenir du travail – bien qu’à EPITA, on ne sente pas vraiment la différence : hommes ou femmes, fraîchement diplômé.e.s, tout le monde veut de nous ! » Cependant, il est toujours rare de voir des femmes haut placées, notamment dans les milieux très « techniques ».

On verra plus souvent des femmes cheffes d’équipe ou de projet que des cheffes en administration système ou des femmes CTO.

 

Violaine Cherrier

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