L’ayurvéda est une médecine traditionnelle indienne. Vieille de plus de 3 500 ans, elle connaît depuis quelques décennies un nouvel essor, en Inde et dans le monde : moins coûteuse que les médicaments modernes, elle apparaît comme une solution au problème de la santé dans le monde ; par son approche holistique et son caractère tant naturel que traditionnel, elle séduit également l’Occident, en quête d’authentique et d’alternatif.
L’ayurvéda (connaissance de la vie, en sanscrit) repose sur le principe selon lequel s’équilibrent en chaque individu trois principes vitaux : prâna, pitta, et kapha. Le degré de présence de ces trois doshas détermine la personnalité d’un individu ; du déséquilibre de ces trois humeurs découlent tous les maux ; de leur équilibre résultent la santé, la longévité, le bien-être physique et psychique. Il faut donc rééquilibrer les trois doshas par une succession de cinq purifications : c’est le panchakarma. Il comprend le vomissement thérapeutique, la purgation, le lavement, la purification des sinus et du nez, et la purification du sang par des saignées. Les soins sont apportés de plusieurs façons complémentaires : médicaments, massages… Le yoga est également souvent associé à la médecine ayurvédique, de même que le kalaripava (art martial indien) ; enfin, l’ayurvéda étant une médecine sacrée reçue des dieux, tous les soins s’accompagnent de chants pieux et de prières. Les plantes occupent une place importante dans l’ayurvéda : plus de 3 000 plantes furent traditionnellement utilisées dans la conception de remèdes ayurvédiques et dans les massages ; aujourd’hui, encore un millier le sont. Le lait a un rôle central : c’est en effet l’élément le plus pur, dans la conception hindouiste, et donc le plus purificateur. L’huile et le ghee (beurre clarifié) sont également cruciaux, qu’ils soient ingérés ou utilisés pour les massages.
Les origines de l’ayurvéda remontent à l’antiquité indienne. Les premiers textes fondateurs réunissant les principes fondamentaux de l’ayurvéda datent de 1 500 avant notre ère. D’après la légende, ces connaissances seraient d’origine divine, d’où le caractère sacré de ces écrits. L’ayurvéda s’est ensuite développé, élargissant sa sphère d’influence, de la Grèce à la Chine. Cette expansion est toutefois contrée par l’établissement du protectorat britannique en Inde, lequel diffuse la médecine occidentale au détriment de la médecine traditionnelle locale.
A partir du XXème siècle toutefois, l’ayurvéda connaît un réel regain, tout particulièrement à partir de l’indépendance de l’Inde, en 1947. L’Inde veut en effet renouer avec ses origines, glorifiant ses traditions afin de restaurer une identité et une unité nationales. Se développent alors des centres de production à grande échelle de médicaments ayurvédiques, donnant à l’ayurvéda une envergure sans précédent ; c’est le succès national et international de cette connaissance de la vie qui a rendu possible pareil essor au cours des dernières décennies, soutenu notamment par l’ouverture de facultés et de centres de recherche, et par la reconnaissance de son efficacité par l’Organisation Mondiale de la Santé dans les années 1980. Si l’ayurvéda connaît un tel succès en Inde, c’est qu’il apporte une solution aux limites auxquelles se heurte la médecine occidentale, notamment le manque de médecins hors des grandes villes et le prix des médicaments. En parallèle, Européens et Nord- Américains montrent un intérêt croissant pour cette alternative aux pratiques médicales habituelles : outre son exotisme, elle répond à la crainte des effets secondaires des traitements chimiques toujours plus complexes, à l’inefficacité des soins occidentaux face à certaines maladies, au mépris du rôle de l’esprit dans la guérison du corps… L’ayurvéda trouve en outre parfaitement sa place dans des sociétés vieillissantes, centrées sur le bien-être physique et psychologique, et qui privilégient le naturel et l’authentique.
Le yoga a déjà connu un fulgurent essor dans le monde occidental, à tel point qu’il est aujourd’hui plus pratiqué en Occident qu’en Inde ; la médecine ayurvédique connaîtrat- elle pareille évolution ?
Bénédicte Leblanc (promo 2012)