Spécial président(e)s
« L’université française comme une chance est un discours qui commence à s’entendre car en temps de crise, le diplôme reste une valeur sûre. »
Ne trouvez-vous pas que le nombre de femmes dirigeantes à l’université est réduit à la portion congrue ?
Il y a peu de femmes présidentes et même une petite régression dans la dernière élection et le taux de femmes est tombé à 10 %. Actuellement je suis la seule femme parmi les 17 membres du conseil d’administration de la CPU.
Présenter l’université française comme une chance, n’est-ce pas un challenge difficile si l’on considère le fort pourcentage d’échec dans les premières années et le manque de débouchés des diplômés, comparé à ceux des grandes écoles ?
L’université française comme une chance est un discours qui commence à s’entendre car en temps de crise, le diplôme reste une valeur sûre. Les universités assument et revendiquent leur côté social car il s’agit d’une mission essentielle. De plus en plus d’étudiants choisissent l’université en premier choix, ce qui est positif. Le problème majeur relève du sas de la première année ; à partir de la 2ème année, les étudiants réussissent à 75 % puis en 3ème année à plus de 80 %. D’autres problèmes se posent au niveau de certaines disciplines comme en psychologie où il existe une sélection après le master 1.
La mauvaise place des universités françaises dans les classements internationaux ne vous gêne-t-elle pas ?
Elles ne sont pas si mal classées que ça ! De plus, je pense qu’il ne faut pas donner une importance démesurée aux classements. On fait toujours référence au classement de Shanghai qui a la particularité de s’appuyer sur une vision anglo-saxonne de l’enseignement. De plus, ce classement mesure seulement les disciplines scientifiques, ce qui exclut déjà la moitié des disciplines universitaires. D’ailleurs, avec d’autres pays d’Europe, la CPU est en train de préparer un classement multicritères, ce qui correspond davantage aux structures de l’université française.
Quelle est la dimension internationale de l’université française ?
Les universités françaises sont attractives. La CPU entretient des rapports avec ses équivalents à l’étranger plutôt qu’avec des établissements en particulier. Nous essayons d’harmoniser les pratiques au niveau européen. En tant que conférence, la CPU a davantage d’équivalents en Europe et en Amérique qu’en Asie.
Sur quoi portent les efforts actuels de la CPU ?
Dans le domaine de la formation, nous avons énormément travaillé sur le dossier de la formation des enseignants depuis la désastreuse réforme de 2010. Mais notre préoccupation essentielle est celle de l’affectation des moyens qui ont diminué depuis le transfert de la masse salariale vers les universités. De même, le modèle d’affectation des moyens aux universités, les formations de santé et le développement durable constituent des sujets de réflexion importants.
La CPU est-elle orientée politiquement ?
Si la CPU sert de lien entre avec les établissements qu’elle représente et le ministère de l’Enseignement supérieur, elle est indépendante. Nous sommes plutôt la représentation d’un ensemble qu’un organe orienté politiquement. Mais cet ensemble a un poids puisqu’il comporte toutes les universités et de nombreuses écoles.
Quel est votre rapport aux grandes écoles ?
Un grand nombre de grandes écoles font partie de la CPU. Nous avons des valeurs communes comme la défense du service public, aussi les votes sont assez unanimes et les discussions aboutissent souvent à des points de vue partagés. De plus, nous avons des relations régulières avec la conférence des grandes écoles et la conférence des directeurs des écoles française d’ingénieurs car nous connaissons des problèmes communs comme le développement durable ou l’accueil des étudiants étrangers, par exemple.
La disparition de la loi sur l’autonomie ?
Je pense qu’elle va perdurer en étant légèrement modifiée. Pour ma part j’aurais souhaité une action plus énergique.
Patrick Simon