L’INDE VUE PAR… SCIENCES PO – « La seule université à avoir une délégation présente en Inde qui travaille à temps plein »

Rencontre avec Francis Vérillaud, directeur adjoint de Sciences Po Paris depuis 2002, également Directeur des affaires internationales et des échanges depuis 1995, et Gilles Verniers, représentant de Sciences Po en Inde depuis 2007.

Quelle est la place de l’Inde dans la stratégie internationale de Sciences Po ?
F.V : Sciences Po consacre des ressources à tout point de vue (intellectuelles, humaines, dynamiques, …) à l’Inde. C’est marqué notamment par le fait que nous avons installé en Inde une délégation avec deux personnes qui travaillent à temps plein pour Sciences Po : Neha Khanna et Gilles Verniers sont basés tous les deux à New Delhi. Cela donne la mesure de l’investissement et du degré d’intérêt que nous avons vis-à-vis de ce pays. La direction internationale aussi joue un rôle : c’est le point d’ancrage via le centre Asie. Par ailleurs, notre conception des choses, c’est qu’il y a un besoin de connaissance sur l’Inde très important quand on est en France, et un besoin très important de connaître la France quand on est en Inde. Nous pensons donc que notre relation doit être une relation d’échange, de partage, et non une relation à sens unique. Certaines écoles développent des filiales, des campus à l’étranger. Pour l’instant, nous ne voulons absolument pas faire cela. Nous pensons que nos élèves apprendront beaucoup plus en étudiant dans des établissements indiens. Pourquoi ? Parce que nous sommes dans cette notion de réciprocité.
G.V : Dès le début, la stratégie que nous avons suivie consistait à s’implanter au sein des campus par la création de programmes d’échange en partant du principe que nos étudiants sont d’excellents ambassadeurs. Cela nous permet aujourd’hui de travailler avec les meilleures universités indiennes.

 

Quel rôle joue la Chaire sur l’Inde contemporaine inaugurée à Sciences Po en 2007 ?
G.V : Cette chaire est née au début du développement de nos activités en Inde et elle participe de la volonté d’améliorer la connaissance que l’on peut avoir sur l’Inde. C’est une vitrine sur les savoirs qui existent en Inde dans divers domaines. Récemment, nous avons élargi le spectre de cette chaire à l’ensemble des sciences sociales.
F.V : Premièrement, cette chaire est financée principalement par le gouvernement indien. De plus, elle a contribué à modifier l’organisation des chaires en Inde. Et ensuite, c’est un outil formidable de projection en Inde avec des appels à candidature de professeurs dans les meilleures universités indiennes. Certains professeurs notamment sont de réputation excellente.

 

Aujourd’hui, les élèves de Sciences Po peuvent étudier dans douze établissements indiens. Souhaitez-vous développer de nouveaux partenariats ?
G.V : Pas nécessairement. Nous voulons développer autant que possible des échanges qui soient équilibrés. Ce n’est pas encore tout à fait le cas même si cela s’améliore chaque année. Il y a entre 40 et 45 étudiants indiens qui arrivent chaque année à Sciences Po, et entre 30 et 35 étudiants de Sciences Po qui partent en Inde.
F.V : Nous avons développé des programmes en langue anglaise. Toute politique en Inde est vouée à l’échec si elle doit passer par une connaissance approfondie de la langue française. Et nous sommes une des seules institutions françaises à recruter des indiens au niveau du lycée, grâce notamment au campus du Havre qui repose sur la relation Europe-Asie.

 

Quel est l’intérêt d’avoir une délégation en Inde ?
F.V : La politique que nous avons là-bas est une politique de transfert de savoirs via du recrutement, des partenariats, du maillage intellectuel par la recherche. Nous travaillons à la construction des problématiques que connaît l’Inde à travers la formation exécutive ou en intervenant dans le débat public grâce aux réseaux de partenaires que nous avons constitués. Nous avons développé beaucoup d’actions sur les questions urbaines et le développement durable, notamment. Et enfin, comme nous recrutons de plus en plus d’Indiens, nous avons de plus en plus d’anciens Indiens en Inde donc l’un des rôles de la délégation est de rester en lien avec ces anciens. C’est un travail de mise en relation.
G.V : Il y a un autre aspect : la compétition très marquée avec les meilleures universités internationales. Le fait d’avoir une délégation sur place permet d’avoir un suivi très individualisé et donc de fidéliser les candidats. Sciences Po est la seule université à avoir une délégation présente en Inde qui travaille à temps plein.

 

Début des relations avec l’Inde :
2004
Nombre d’établissements partenaires indiens :
12
Nombre d’étudiants indiens à Sciences Po en 2012-2013 :
Environ 100

 

Claire Bouleau