Rencontre avec Bernard Ramanantsoa, directeur d’HEC Paris depuis 1995.
Quelle est la place de l’Inde dans votre stratégie ?
Très grande.
Pour HEC Paris, il y a quatre chapitres.
1. Le premier, ce sont les accords de double diplôme, ce qui constitue le haut de l’iceberg, avec notamment l’Indian Institute of Management (IIM) of Ahmedabad. Les IIM sont l’équivalent de nos grandes écoles, et Ahmedabad est la meilleure. Une année faite là-bas compte pour une année faite ici, et réciproquement.
2. Ensuite, nous avons des accords d’échange, notamment avec l’IIM Bangalore ou encore l’Indian School of Business (ISB) à Hyderabad. Nous Technology), par l’intermédiaire de Paristech. Au total, au sein des programmes à plein temps, nous accueillons actuellement 131 étudiants indiens : 48 dans les programmes préexpérience (32 dans le programme grande école avec une tendance à la hausse et 16 dans les masters), 81 sur les deux années d’une promotion de MBA (la nationalité indienne est la plus représentée dans le MBA avec la nationalité française), et 2 en programme doctoral. De plus, au sein des programmes part time, nous accueillons cette année 29 étudiants (en Executive Master, en Executive MBA et dans le TRIUM Global EMBA avec la London School of Economics et la New-York University Stern School of Business). Quand on les compare à la moyenne des candidats étrangers, les étudiants indiens sont très bons. Ils ont des capacités analytiques très développées (on fait passer par exemple le GMAT, et on s’aperçoit qu’ils sont très forts), et ils ont une expérience professionnelle en business très riche, surtout au niveau du MBA.
3. Par ailleurs, nous avons des accords d’échanges de professeurs : nous recevons et envoyons des professeurs, et nous avons deux professeurs indiens permanents à HEC Paris.
4. Enfin, nous avons aussi des projets divers comme par exemple ce que nous avons fait ces dernières années dans le cadre de la Chaire « Management multiculturel et performances de l’entreprise » avec Renault-Nissan, Polytechnique et l’IIM d’Ahmedabad. Nos étudiants ont travaillé sur de très beaux projets interculturels proposés par Renault-Nissan en Inde. Dans le même registre, nos étudiants du MBA réalisent des projets avec les étudiants de l’IIM de Bangalore. Nous avons aussi eu un gros contrat avec les Indian railways : c’était HEC qui formait un certain nombre de leurs cadres dirigeants. Et enfin nous avons actuellement un projet lié au leadership (voir encadré).
L’importance donnée à l’Inde a-t-elle évolué au cours des années ?
Oui, nous lui avons donné une place plus importante, et nous avons même accéléré il y a trois-quatre ans nos relations avec ce pays (nous voyions qu’il y avait de plus en plus d’Indiens qui étaient candidats chez nous), avec une vigilance parce qu’il peut y avoir des problèmes de VISA. Nous avons une représentante en Inde. Son rôle : entretenir les relations avec nos partenaires, et les anciens avec qui elle est très en contact, et qui pour beaucoup sont non-Indiens résidant en Inde. Et puis dans la direction internationale à HEC Paris nous avons une directrice de zone qui s’occupe de l’Asie du Sud-Est.
Comment qualifieriez-vous l’intégration des étudiants indiens à HEC Paris ?
Excellente. Nous avons eu des présidents du Bureau Des Elèves du MBA indiens, ce qui est révélateur de cette intégration. De même, nous avons eu des responsables indiens de l’association HEC International Students pour le Programme Grande Ecole.
Quels sont vos projets en Inde pour les années à venir ?
Avoir plus d’anciens, et potentiellement avoir une image de marque plus grande, en sachant que l’impact de cette image est de pouvoir recruter plus facilement. Et puis accueillir davantage de professeurs indiens en visiting.
Début des relations avec l’Inde :
1982
Nombre d’établissements partenaires indiens :
5 (auxquels s’ajoutent les 7 IIT partenaires de Paristech)
Nombre d’étudiants indiens à HEC Paris en 2013 :
Environ 60
Jagriti Yatra, ou le voyage de l’éveil
Il existe actuellement un projet de collaboration entre the HEC Paris Leadership Center et l’ONG indienne Jagriti Sewa Sansthan (JSS). En effet, cette dernière a lancé il y a 5 ans le Jagriti Yatra, (le voyage de l’éveil, littéralement), un voyage annuel en train, qui parcourt l’Inde, et dont le but est d’éveiller l’esprit entrepreneurial des 450 jeunes indiens sélectionnés pour y participer à l’aide de visites de 15 institutions indiennes, et d’exercices et travaux qui mettent en scène les notions de leadership, d’entrepreneuriat social et de développement durable.
Claire Bouleau