Engagée depuis 2007 dans sa démarche « Handicadre » d’optimisation de la mise en relation entre les cadres handicapés et les entreprises sur ses salons de recrutement « classiques », l’APEC a souhaité en savoir plus sur la réalité de l’intégration professionnelle des personnes handicapées. Elle a mené une enquête qualitative sur la perception et les pratiques dans des entreprises qui ont une politique d’emplois handicapés. Pierre Lamblin, directeur du département études et recherches, nous en livre les principaux enseignements.
Comment avez-vous réalisé cette étude ?
L’étude a été réalisée en 2009 par l’APEC avec Handirect auprès de 20 responsables des RH et managers dans 10 entreprises. Nous avons décidé d’investiguer auprès d’entreprises engagées en faveur de l’emploi des personnes handicapées de façon à appréhender les difficultés rencontrées et les leviers et solutions opérationnels. Le discours des responsables RH recrutant des salariés handicapés souvent théorique, se distingue de celui plus pragmatique des managers qui vivent le handicap au quotidien. En 2007, les cadres handicapés représentaient 3,3 % de la population cadres et l’Agefiph recensait 13 000 cadres handicapés en activité.
Quels en sont les grands constats ?
« Nous avons décidé d’investiguer auprès d’entreprises engagées en faveur de l’emploi des personnes handicapées de façon à appréhender les difficultés rencontrées et les leviers et solutions opérationnels, et d’en faire la promotion auprès d’autres entreprises. »
D’abord que le handicap est perçu comme complexe dans le monde professionnel malgré une volonté d’intégration apparemment forte. Les entreprises rencontrent des difficultés de sourcing et de recrutement compte tenu du nombre toujours peu important de personnes handicapées formées dans le supérieur. A cela s’ajoute le fait qu’une faible proportion des cadres se déclarent en tant que travailleurs handicapés.
Outre le sourcing, quel est l’autre point noir révélé par l’enquête ?
Dans l’évolution professionnelle des personnes handicapées. Les entreprises considèrent-elles que le fait de recruter suffit ? Les personnes handicapées souvent confrontées à de longue périodes de chômage se satisfont-elles elles aussi d’être intégrées et sont moins exigeantes en matière d’évolution ? D’un point de vue managérial, l’entreprise considère la gestion au quotidien d’un salarié handicapé complexe et a du mal à se projeter. La volonté existe néanmoins sur le fond, mais la réalité du terrain est tout autre. L’absence apparente d’évolution dans ce domaine élude la question de l’intégration réelle de la personne handicapée dans le monde professionnel et les chances qui lui sont données. Les entreprises les plus avancées en matière de handicap sont lucides sur ce point, et mènent des réflexions afin de revisiter la question. Je nuancerais ces résultats par le fait que d’autres études sur les cadres en général montrent que 30 % se disent sceptiques ou mécontents car ils estiment que l’entreprise ne se préoccupe pas de leur évolution professionnelle.
A. D-F
Contact : www.apec.fr