« Le gouvernement a mis en place les plates-formes de décrocheurs »
Il s’agit d’identifier des jeunes sortis du système scolaire sans aucun diplôme, les 16-19 ans notamment. Ainsi, le ministre de l’Education nationale, Luc Châtel, a annoncé que 223 000 jeunes seraient sortis du système entre juin et octobre de préfets, la difficulté étant qu’une fois identifiés, il faut savoir ce qu’on propose à ces jeunes. C’est pourquoi nous avons créé les « cellules entreprises » qui représentent la mise en oeuvre d’un dispositif présenté par Claude Bébéar dans son rapport « Nos entreprises aux couleurs de la France » en 2004, remis à Raffarin alors Premier ministre. Elles permettent à des jeunes, diplômés ou non, habitant en territoire sensible dans des zones rurale ou urbaine, de trouver un dispositif qui leur convienne. L’idée consiste à mettre autour d’une table des opérateurs qui ne se parlent pas ; par exemple, Pôle Emploi et les Missions Locales avec l’Education nationale. Nous faisons également venir les fondations d’entreprises, les écoles de la 2e chance, des associations de microcrédit, des entreprises partenaires comme EDF ou Véolia et des clubs sportifs (Stade français). A chaque jeune bénéficiant d’un tuteur, on lui propose un accompagnement vers l’emploi. Plusieurs antennes fonctionnent déjà à Asnières-Gennevilliers, Sevran, Marseille, Grenoble et Limours ; deux autres vont être installées à Lyon.
« Au quotidien,
je rencontre
beaucoup de jeunes
qui connaissent des difficultés, qui ont envie qu’on leur dise la vérité et qui ne veulent pas qu’on les emmène vers des choses irréalisables »
« Le service civique est un véritable succès »
En 2011, 15 000 jeunes se sont engagés dans le volontariat. Ils seront 25 000 en 2012, l’objectif étant d’avoir 75 000 jeunes, c’est-à-dire 10 % d’une classe d’âge. Les deux tiers sont titulaires du Bac. Les jeunes filles s’engagent en plus grand nombre (60 %). Nous faisons un effort sur la mixité sociale afin de ne pas exclure les moins diplômés ainsi que sur l’international en signant des conventions avec certains pays. La promotion qui vient de partir à Haïti est composée essentiellement de Bac +4/5 et de quelques élèves d’HEC et de l’ESSEC, écoles qui ont une tradition d’engagement et font valider le service civique comme un stage. Nous avons d’ailleurs pris un décret sur la validation des acquis de l’expérience pour que des jeunes puissent valider leur service civique en crédits ECTS.
La capacité juridique élargie
Il existe beaucoup de clichés sur les jeunes comme, par exemple, l’affirmation qu’ils ne veulent pas s’engager. Une étude a montré que, si les jeunes n’ont pas très envie de s’engager dans des partis politiques, ils ont une conscience citoyenne qui les pousse à créer des structures pour porter des projets concrets afin de donner du sens à leur existence. Avec la pré-majorité associative, nous avons fêté en 2011 les 110 ans de la loi 1901 en même temps que l’année européenne du bénévolat et du volontariat. C’est la première fois que des jeunes peuvent créer leur propre association dès l’âge de 16 ans. La pré-majorité est une façon de faire confiance à la jeunesse.
« Je travaille avec Frédéric Mitterrand, pour rendre plus accessible la culture à la jeunesse »
Le prix d’une place de cinéma ou d’une place de concert étant assez élevé, nous proposons des événements gratuits. Par exemple, nous avons organisé en mai dernier un concert gratuit pour les jeunes au Zénith de Paris, en invitant tous les artistes du moment comme la Fouine, Colonel Reyel et même des artistes internationaux comme James Blunt. La culture est un facteur de discrimination sociale car les jeunes disposent de revenus faibles et les familles modestes, elles-mêmes, n’accèdent pas à la culture.
Le prix du Film de la jeunesse
Le « Prix Jeunesse » permet à des jeunes, par le biais d’un concours, d’expliquer en quoi ils mériteraient de faire partie du jury « Prix jeunesse » à Cannes. Ils nous envoient une lettre de motivation qui leur permet, le cas échéant, d’être sélectionnés pour une immersion de dix jours au festival de Cannes afin de remettre un prix. Il s’agit d’un regard différent et neuf porté sur le cinéma ; c’est encore une façon de faire confiance aux jeunes.
Des projets concrets
Nous travaillons pour essayer de faire baisser le coût du permis de conduire par des contrats conclus entre les écoles et les auto-écoles afin que la partie théorique du permis soit passée au sein des établissements scolaires. C’est une mesure concrète que nous voulons étendre aux CFA et aux universités afin que les plus modestes soient aidés dans l’obtention de leur permis qui constitue souvent un sésame pour l’emploi. Nous avons également créé un fonds national privé de microinvestissement pour financer les créations d’activités des jeunes d’un montant de moins de 100 000 €. L’idée consiste à travailler avec des zones rurales ou urbaines, ayant un fort taux de chômage, au sein desquelles les jeunes éprouvent des difficultés à obtenir des prêts bancaires.
« Nous avons créé une fondation pour la jeunesse franco-arabe »
Nous sommes convaincus qu’après le printemps arabe, c’est dans les sociétés civiles que les choses pourront se construire. C’est un moyen d’échanger sur le plan culturel et économique par le biais de dispositifs de microfinancement.
Des problèmes de société concernant les jeunes
Nous travaillons aussi sur l’information des jeunes femmes car nous n’arrivons pas à faire baisser l’avortement en France alors que la contraception s’améliore sans cesse. Nous travaillons sur la prévention des suicides, 2e cause de mortalité chez les jeunes et sur la prévention de l’alcoolisation, notamment sur les campus, car ces abus conduisent à des accidents mortels.
Votre projet personnel ?
Après ce ministère, j’envisage de travailler dans le secteur privé. Je pense qu’au cours d’une vie politique, il est important de faire des entrées et des sorties sous peine de devenir assez vite blasé. Il faut garder ce sentiment que rien n’est jamais acquis dans la vie. Pendant la campagne présidentielle, mon implication dépendra de Nicolas Sarkozy mais nous serons tous derrière lui.
Message aux élèves d’IUT et de BTS
Il faudrait généraliser les Cordées de la Réussite ; quand on a la chance de faire des études en IUT, il est bien de donner un coup de pouce aux autres, dans le cadre, par exemple, de structures qui apportent de l’aide aux jeunes pour faire leurs devoirs. Donner du sens à sa vie en s’engageant deux heures par semaine pour des jeunes qui ont moins de chance constitue une action formidable. De plus, les élèves de BTS pourraient aider encore plus facilement les lycéens puisqu’ils poursuivent leurs études à l’intérieur des établissements du second degré.
Patrick Simon