« Nous sommes dans une logique de construction d’ingénieurs entreprenants qui ne craignent pas de rechercher l’innovation. »
Laurent Champaney, Directeur Général Adjoint en charge des Formations
L’ancrage dans la réalité
Le passage au réel représente l’essence des formations de l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Métiers. « Alors que les formations d’ingénieurs, par manque de moyens et de compétences, sont devenues virtuelles, nous restons ancrés dans une formation fondée sur la pratique. » De fait, les diplômés maîtrisent l’ensemble du processus industriel, du stade de la conception jusqu’à la réalisation, afin de bien intégrer les biais et les risques pour être en capacité d’améliorer en permanence le produit réalisé.
Transport, énergie et BTP : le trio gagnant
En termes de métier, les domaines majeurs de la formation concernent l’ingénierie mécanique, le génie industriel et le génie énergétique. Les grands secteurs industriels comprennent en premier lieu le transport (industrie automobile, aéronautique, navale et ferroviaire), très attractif pour l’ensemble des étudiants puisque 25 % le choisissent. On trouve ensuite le BTP et la construction. « Bien que notre formation ne soit pas teintée de génie civil, le secteur du BTP et de la construction compte près de 10 % de nos étudiants. En effet, il existe une forte demande industrielle qui découle de la qualité de nos diplômés en matière d’organisation et de leur connaissance approfondie des problèmes techniques. » Si la production d’énergie demeure le réservoir le plus important d’emplois, la maîtrise de l’énergie, l’efficacité énergétique et le management de l’énergie constituent des métiers en progression constante.
Une pédagogie de la pratique
« Nous réduisons le volume des cours magistraux au profit d’une pédagogie tournée vers la pratique et le travail en autonomie. » Cette pédagogie innovante se décline à l’occasion de cours/travaux pratiques et de cours/travaux dirigés intégrés, les étudiants éprouvant de plus en plus de difficultés à concevoir une connaissance basée uniquement sur des cours qu’ils appliqueront plus tard en développant des projets ou en stage. « Notre formation est construite sous forme d’enseignements disciplinaires, accompagnés de projets effectifs chaque semestre. » A noter que l’évaluation classique des connaissances se double d’une évaluation plus individualisée du comportement des élèves-ingénieurs.
La proximité des entreprises et l’entrepreneuriat
Les professionnels donnent des conférences afin de mettre leur expérience au service des élèves, interviennent en fin de cycle dans les formations spécialisées et proposent différents projets aux étudiants. L’ENSAM dispose de plates-formes technologiques. « Construites en lien avec les industriels locaux, elles sont mises à la disposition des élèves et des industriels dans le cadre de la formation continue ou de démonstrations pour leurs clients. » La création d’activité constitue un des challenges de l’école. « Nous n’envisageons pas uniquement l’entreprenariat sous l’angle de la création de start-ups dès la sortie de l’école, mais comme une sensibilisation à entreprendre au sein de l’entreprise afin d’y créer de nouvelles activités, voire des activités autonomes dans une optique intrapreneuriale. »
L’attrait de l’international et du consulting
« Nous mettons l’accent sur les stages à l’étranger car l’immersion culturelle nous paraît très importante. À la demande des industriels, nous cherchons moins la maîtrise de la langue que la compréhension de la multiculturalité. » De fait, 26 % des diplômés travaillent à l’étranger et près de 1/4ième s’investissent en R&D au service de l’industrie. Si la finance demeure marginale, exceptée dans le cadre de la gestion des risques, 11 % des diplômés intègrent des sociétés de conseil en stratégie pour des postes très rémunérateurs. « Toutefois, nous préférerions qu’ils passent d’abord par une phase professionnelle d’ingénierie et de production avant de s’orienter vers les métiers de consultant. »
Patrick Simon