Valérie Desplanches est tombée dans le chaudron de la R & D, un métier dans lequel on ne peut pas s’essouffler si on est passionnée. Depuis son entrée chez Danone en 96, elle réconcilie l’alimentation par la santé et la santé par l’alimentation. Depuis juin 2015, elle s’est lancée dans une nouvelle aventure et pilote la R & D et la qualité pour la division Afrique, nouvellement créée.
Qu’est-ce qui vous a séduite chez Danone ?
Je me suis trouvée tout de suite en terrain connu chez Danone, grâce aux personnes. Danone reste une entreprise très informelle, basée sur le networking, sur le lien, extrêmement facile entre
les gens. Cela m’a plu, d’entrée de jeu et continue à me plaire. Mon double back ground me permet de réconcilier l’alimentation par la santé et la santé par l’alimentation, ce qui fait sens pour moi. J’ai démarré par la mise au point de produits nouveaux, ce qui m’a tout de suite passionnée, c’est concret, quotidien, on fait de la cuisine, on va en usine, on voit ensuite les produits dans les rayons, chez le consommateur, sur la table de quelqu’un qui va les aimer. J’ai vraiment l’impression que j’ai trouvé ce métier et que ce métier m’a trouvée. On ne peut pas s’essouffler en R & D si l’on est passionné. On a la chance d’avoir 4 métiers différents et de pouvoir exercer son job, de façon de plus en plus large, dans des catégories complétement différentes.
Mon métier est de faire en sorte que les consommateurs aiment les produits, qu’ils soient meilleurs que ceux des concurrents. Je garde cet amour du produit fortement ancré en moi. Ce que j’ai aimé et que j’aime chez Danone, c’est de pouvoir de temps en temps faire vibrer mes cordes scientifiques et mes cordes développement de produits. Cette double appartenance me donne un avantage, elle me permet de comprendre les scientifiques, de réconcilier les deux mondes qui ne se comprennent pas toujours. Ce métier de développement, passionnant, est à l’interface de toutes les fonctions de l’entreprise. Un bon R & D doit être capable de dialoguer avec tout le monde, il doit intégrer dans son développement toutes les dimensions, marketing, achats, doit comprendre le business, comprendre les autres métiers, leurs enjeux pour arriver à développer un produit qui verra le jour.
Quelles compétences avez-vous développées au fil de votre parcours ?
J’ai étendu mon champ de connaissances, développé les aspects organisation, business, leadership, j’ai aujourd’hui un ancrage business très fort, qui me passionne. J’ai appris les relations avec les partenaires sociaux, l’industriel, les achats, développé la dimension multiculturelle. J’apprends beaucoup de la relation, cela me nourrit. Ce qui est difficile pour moi, qui saute d’une idée à l’autre, c’est de vaincre mon impatience, de me freiner, de m’adapter, quelque fois de me contraindre.
A quels enjeux êtes-vous confrontée en Afrique ?
Cette nouvelle aventure, cross catégories, réunit tout ce que j’aime faire. J’ai la conviction que l’on peut faire la différence, améliorer l’alimentation et la santé en Afrique. C’est passionnant de partir d’une page blanche, tout est à construire dans cette grosse start-up à l’intérieur du groupe. C’est le job de mes rêves, avec des enjeux très forts, un dilemme à résoudre entre les carences liées à la sous alimentation et la malbouffe qui entraîne l’obésité. J’ai passé ces derniers mois 80 % de mon temps dans les pays pour faire un état des lieux des habitudes alimentaires des différentes populations et de leurs besoins nutritionnels. Cela me permet de commencer à réfléchir aux produits et services que l’on pourrait proposer, de monter un pipeline d’innovations pertinentes, inspirées des recettes traditionnelles, qui fassent du sens pour les gens en fonction de leur culture, de leur âge, etc. La R & D et la qualité sont au coeur du moteur en Afrique.
Je suis en train de composer une équipe, un peu différente des équipes classiques, que j’appelle mon couteau suisse. J’essaie de recruter en Afrique et de choisir des profils qui ont des parcours multiples, un peu atypiques, ouverts, très flexibles, créatifs et qui ont vraiment envie. Je souhaite développer de plus en plus de partenariats avec des écoles qui délivrent des formations spécifiques sur les pays du sud et recruter des VIE. Les jeunes avec des étincelles dans les yeux sont de vraies pépites pour le futur.
Apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre
La mission de Danone évolue, elle s’ancre dans une dimension étendue du « food », de la culture de l’aliment, dans une réflexion plus holistique qui intègre la notion de bien-être. Un objectif qui s’est traduit par la mise en place de plusieurs thématiques au centre de recherche, « bien dans son assiette », « bien dans son corps », la création d’une salle de gym, de programmes sportifs, etc. Cette approche par la proximité permet de porter la mission en étant aux côtés des personnes, et notamment des jeunes mamans avec le programme « stand by mums » pour l es aider à allaiter par exemple. Les produits ne constituent qu’une partie de la solution, « nous les améliorons sans cesse et devons expliquer pourquoi et comment ils doivent être consommés. »
La division Afrique, grosse start-up au sein du groupe
Division pilote du groupe Danone, créée début 2015, la division Afrique joue le rôle de pionnier par rapport à la mission de Danone et au nouveau projet fédérateur Danone 2020, qui vise à transformer l’entreprise. Il ne s’agit pas pour Valérie Deschamps de réinventer ce que font ses collègues des autres divisions, mais d’utiliser des ressources et compétences existantes, « on est vraiment dans un échange, on réfléchit à des initiatives communes, on travaille sur la dimension environnement, en étant conscients que les produits que nous allons développer en Afrique peuvent être intéressants pour l’Amérique latine, l’Asie. »
CODE(S), des attitudes de leadership propres à Danone
Le groupe Danone, inspiré par ses valeurs, a défini des attitudes de leadership, Committed, Open, Doer et Empowerment, Self Awareness, qui accompagnent au quotidien la transformation et le développement de l’entreprise. Le leadership s’exprime à tous les niveaux, dans de nombreuses circonstances, et se développe dès l’entrée dans l’entreprise, grâce au fonctionnement en mode projet qui permet de le pratiquer très rapidement. « Toutes ces valeurs ne sont que du bonheur pour moi, elles permettent de développer les gens, commente Valérie Desplanches qui n’a qu’une envie, que son équipe réussisse, mon plus grand bonheur est de voir quelqu’un qui a évolué. Si on veut inspirer les autres, les engager dans une vision, donner du sens, il faut développer ces dimensions, apprendre des autres. Je n’ai pas un modèle de leader, j’aime observer la manière dont différentes personnes arrivent à emmener les autres, à leur faire prendre des décisions, et m’en inspirer. » Seule femme dans l’Africa board, Valérie Desplanches fait partie des quelques femmes un peu visibles qui ont évolué dans l’organisation et qui font du mentoring. Ce qu’elle aime et qui fait partie des compétences managériales, c’est faire l’hélicoptère, c’est-à-dire mettre en oeuvre sa capacité à être très opérationnelle, à faire le grand écart entre la résolution de problèmes de terrain et l’élaboration de la vision nutrition à 2020.
UN MESSAGE aux jeunes diplômés
Le groupe Danone, groupe à l’esprit entrepreneurial, offre cet espace de liberté qui permet, quand on a une idée, de la faire naître. Pour monter des équipes, on trouve toujours des gens qui ont envie de faire partie de l’aventure. On aime réfléchir ensemble, on s’enrichit les uns des autres. « J’aime le ping pong avec les gens, cela me donne des idées, c’est de cette façon que j’arrive à construire quelque chose, dans l’interaction. » Les jeunes diplômés, pas encore formatés, qui se sentent l’envie, qui ont le « jeu de jambes » de Danone peuvent inventer leur mode d’emploi très réactive, qui favorise l’initiative à l’intérieur des équipes. Danone a une mission, clairement définie, des objectifs à atteindre, les moyens sont souvent à inventer.
CHIFFRES CLÉS :
CA 2014 :
21 144 M€ dont 40 % en Europe
100 000 personnes
Présent dans 140 pays
A.M.O.
Contact : valerie.desplanches@danone.com