© Pierre Jayet
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Inspirer ses équipes par un leadership authentique

TOUTES LES ENTREPRISES, TOUTES LES ORGANISATIONS NE SE VALENT PAS. SOUVENT, CELA FONCTIONNE PLUTÔT BIEN. ON Y TROUVE ALORS DES DIRIGEANTS, DES MANAGERS REMARQUABLES. RESPECTUEUX DES HOMMES, DES FEMMES, ILS LES CONSIDÈRENT COMME DES INDIVIDUS, DES ENSEMBLES MOLÉCULAIRES, NON COMME DES MASSES, DES ENSEMBLES MOLAIRES. À CHACUN, ILS DONNENT DU SENS,  TÉMOIGNENT DES SIGNES DE RECONNAISSANCE, LES INSCRIVENT DANS UNE DYNAMIQUE DE PROGRÈS. DANS D’AUTRES ENTREPRISES, DANS D’AUTRES ORGANISATIONS, LES CHOSES NE SE PASSENT PAS AINSI.

© Pierre Jayet
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Stress, souffrance au travail, risques psychosociaux, burn-out, suicides mêmes, font symptômes
L’anamnèse montre que ces entreprises sont sur-managées (le management pouvant être défini comme la gestion de la complexité) – qui plus est par des managers ne sachant pas manager – et sous-dirigées (absence d’une direction, i.e. d’une mission, d’une vision, d’une stratégie claires et partagées). Ligne de partage, des investissements managériaux qui, lorsque tout va bien, font schizophrénie : capacité à déterritorialiser, à favoriser la pensée autre, à innover ; et, lorsque tout va mal, se rétrécissent sur des process paranoïaques, interdiction à sortir des concepts admis.

 

Le manager ne sachant pas manager a peur
La peur c’est toujours la peur de son incompétence. N’aimant pas son métier – c’est le titre qu’il aime, non la fonction – il ne peut aimer les hommes et les femmes qu’il dirige. Parce que cette idée ne saurait être admise, dans un processus inconscient, il la renverse. Ce sont les hommes et les femmes qui le détestent. Dynamique paranoïaque ! Comme Deleuze et Guattari – dans l’Anti-OEdipe, Capitalisme et Schizophrénie – avaient pu le mettre à jour, le manager paranoïaque « organise des masses, des meutes ». Il ne s’adresse pas aux individus – ce serait vécu comme trop dangereux – ne parle jamais qu’à un ensemble.

 

Le manager sachant manager, lui, va au difficile
Là où le manager paranoïaque pratique le macromanagement, le manager capable de générer des flux schizes, capable d’opérer des déterritorialisations, pratique le micromanagement. Il traite avec chacun selon ses différences. « Les hommes et les femmes, écrivent Deleuze et Guattari, sont des machines désirantes. Ils n’obéissent nullement aux lois statistiques. » Ils sont autant de ligne de vie à qui il faut donner du temps, qu’il faut rencontrer, écouter, aider à exprimer toute leur créativité et potentialité.

 

Séduire pour entrainer ou manager et renoncer à se faire aimer
Pour insuffler le changement qu’il abhorre et dont, en réalité, il ne veut pas, le manager paranoïaque en appelle à la motivation des hommes et des femmes. Tour de passe-passe voué à l’échec. Motiver, pour ce manager, vaut toute-puissance. Vouloir que les hommes qu’il dirige changent pour, in fine, penser comme lui. Des hommes qu’il ne rêve, lui qui se veut centre de tout, qu’à son seul service, non au service de l’entreprise. Destructeur, fascisant ! Quand comprendrons-nous qu’on ne change pas. Au mieux, peuton faire autrement avec ce qu’on est. Et là où ce même manager use de techniques de séduction pour entraîner – manipuler ! – faire croire à ceux qu’ils dirigent qu’eux-mêmes pourront devenir un comme-lui (supercherie dénoncée par André Green dans « Un psychanalyste engagé ») – expression d’une haine inextinguible, volonté de nuire, volonté du néant – le manager capable d’accueillir les autres dans leurs différences, leurs capacité à travailler ensemble, lui, renonce à se faire aimer.

 

Ce manager éclairé travaille sur un leadership authentique
Parce qu’il se met au service de ses équipes, lui inspire véritablement les hommes et les femmes qu’il dirige. Par son exemple, il diffuse des valeurs d’engagement, de responsabilité, de bienveillance, d’ouverture aux autres. Par sa capacité à mettre pour de bon les hommes et les femmes au centre de l’organisation, à travailler sur leur bien-être, à insuffler une dynamique positive, il oeuvre à la performance, à la pérennité de l’entreprise.

 

Par Loïck Roche
Directeur général de GEM Président du chapitre des écoles de management