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Photo d'illustration. Crédit : Braden Collum on Unsplash

Sportifs de haut niveau : quelles formations ?

Sportifs de haut niveau oui, mais après ? Passé 30 ans, les athlètes doivent en général penser à l’arrêt de leur carrière de sportif pour envisager une seconde vie professionnelle. Pour cela, de nombreuses écoles proposent des formations adaptées à ces étudiants pas comme les autres.

Nathalie Péchalat et Stéphane Diagana à ESCP BS, François Gabart à emlyon business school, Yannick Agnel à SKEMA BS, Tony Estanguet à l’ESSEC… La liste des sportifs professionnels qui ont aussi à leur palmarès, le diplôme d’une grande école, est longue.

Normal, puisque nombreuses sont les écoles à proposer des formations aux sportifs de haut niveau. De plus en plus nombreuses, même. Aux établissements historiques comme l’INSA Lyon, pionnière en la matière avec sa section née en 1981, se sont en effet ajoutées nombre d’autres formations. Le but ? Accompagner les sportifs dans leur reconversion professionnelle, pendant et après leur carrière sportive.

« Les faire réussir dans leur double projet »

C’est le cas notamment à l’ESC Clermont Business School,  qui propose une classe Sport S avec des cours uniquement le matin, un executive bachelor en formation continue avec des créneaux horaires réguliers et un programme Master Grande Ecole qui a ouvert en septembre 2021. « L’accompagnement à la diplomation des sportifs de bon et haut niveau vise à les amener vers la réussite de leur double projet, sportif et scolaire, explique Anne Pats, responsable de la filière Passion Sport à l’ESC Clermont.

 A la Sports Management School, une formation online a été spécialement conçue comme un dispositif pour les sportifs de haut niveau. « Il en existe un en bachelor et un en master, explique David Mignot, responsable académique de la SMS. Ce sont dix modules de quatre heures, tous les mercredis de 19h à 20h. Les horaires sont fixes pour permettre d’organiser l’emploi du temps avec le manager du sportif, et online pour pouvoir suivre les cours lors des compétitions  notamment ». A la SMS, 70 % des étudiants qui suivent ce programme sont encore en activité et souhaitent parfaire l’aspect pédagogique avant de finir leur carrière et 30 % sont  déjà dans l’optique d’une fin de carrière.

Sportifs : la formation pour penser à l’après

Et la réussite de la formation des sportifs tient dans l’adaptation. « Il est très important pour nous qu’ils aient le même enseignement, les mêmes professeurs, les mêmes évaluations et qu’on attende d’eux la même exigence que pour les autres étudiants. Mais nous nous adaptons dans la manière de les accompagner pour que l’enseignement soit compatible avec leurs horaires d’entrainement par exemple », explique Anne Pats.

Car envisager suffisamment tôt la fin de sa carrière professionnelle est primordial. « Beaucoup de sportifs de haut niveau se retrouvent au Smic ou sans rien car ils n’ont pas anticipé, expose David Mignot. Mais il y a aujourd’hui une vraie prise de conscience des athlètes, des fédérations et des clubs, de l’importance de la formation pour continuer à vivre leur passion autrement ».

Sportifs de haut niveau et en formation, ils témoignent

Caroline Thomas, joueuse de rugby dans l’équipe de France de rugby à XV féminin, diplômée d’un bachelor en Sport Business à l’ESC Clermont Business School

Caroline Thomas

« J’ai choisi cette formation Bachelor en Sport Business, car c’était l’occasion pour moi de préparer la fin de ma carrière. En effet, depuis que je suis sous contrat à 75 % avec la Fédération Française de Rugby, il n’est plus possible  de travailler à côté. J’ai discuté longuement avec Anne Pats, qui m’a présenté la formation, la maquette et son rythme. Reprendre mes études était une bonne alternative, surtout dans un parcours adapté comme celui dont je bénéficie.

Pour la suite de ma carrière, je sais que je ne veux pas quitter le monde du sport. J’aimerais participer à la poursuite du développement du sport féminin, et notamment le rugby, en me rapprochant des joueuses pour leur faciliter le quotidien. J’aime aussi l’univers du marketing sportif. Je profite de cette formation et des quelques temps qu’il me reste pour éclaircir tout ça et que mon projet soit plus précis le jour où il sera temps de raccrocher les crampons. »

Jean-Pierre Bourhis, athlète en canoë slalom, participant aux JO de Tokyo et étudiant en master Entrepreneuriat et innovation à Rennes School of Business

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Jean-Pierre Bourhis. Crédit : Bence Vakasssy

« J’ai choisi de me former à Rennes School of Busines pour la grande ouverture et la complémentarité que cela me procure. Diplômé de l’INSA Rennes, spécialité génie mécanique et automatique, ce Master me permet d’aller plus loin que le volet technique.

Je ne suis sportif professionnel que de nom : je m’entraine au quotidien et me prépare autant que les grands champions, mais je ne gagne pas ma vie à pratiquer mon sport. Dans notre sport, on est peu à être professionnels. La plupart des athlètes doivent absolument avoir une activité professionnelle pour vivre. C’est donc tout naturellement que j’ai anticipé cette transition dès le début de mes études et que j’ai préparé mon avenir professionnel. Une fois diplômé, je vais très certainement rejoindre le monde professionnel en tant qu’ingénieur et si possible, continuer encore un peu ma carrière sportive.

Il faut avoir un mental solide pour tenir, car ça n’est pas facile tous les jours. La fatigue peut s’accumuler avec deux activités de haut niveau. Il y a des moments de bas mais cela reste passager et on retrouve la force et la motivation pour continuer. J’ai eu la chance de parcourir le monde pour mes compétitions, mes entrainements et de faire plein de rencontres avec des gens formidables. Beaucoup d’opportunités professionnelles se sont ouvertes grâce à mon sport et le réseau que j’ai créé. »

Mame-Ibra Anne, membre de l’équipe de France d’Athlétisme, qualifié pour les JO de Tokyo, diplômé du MBA online de la Sports Management School

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Mame-Ibra Anne. Crédit photo : FFA

 « J’ai été diplômé du MBA en avril 2021 quelques mois avant de partir au JO de Tokyo. La formation était très adaptée à ma pratique et à mon emploi du temps puisque je savais à l’avance que je devais bloquer mon créneau tous les mercredis soir et rendre un devoir toutes les quatre semaines. Le tout en suivant un cursus avec des intervenants de qualité et en restant connecté au monde universitaire.

Quand je suis entré à la SMS il n’y avait pas encore le module online. J’avais donc 2 à 3h de transports chaque jour durant lesquelles j’essayais de réviser. Mais parfois je devais louper des cours, les rattraper sur mes collègues. Ce n’est pas simple. J’ai été diplômé, mais moins rapidement que les autres.

Sportivement, je pense plus à arrêter qu’à continuer. Physiquement je vais très bien, je vais peut-être poursuivre une dernière année. Mais à côté de cela, j’ai déjà monté ma boîte, qui répond à la problématique de clients dans le monde du sport. J’apporte ma vision et mon point de vue d’athlète pour des marques autour du sport. J’aimerais aussi pousser davantage vers l’ingénierie du sport. »

Etudiant dans de grandes business schools, ils sont devenus champions olympiques aux JO de Tokyo

  • Médaille d’or aux Jeux Olympiques de Tokyo, Clarisse Agbegnenou, 28 ans, est également étudiant à HEC Paris, en Exécutive Education où elle prépare son diplôme de coach.
  • Romain Cannone est champion olympique en escrime individuel mais aussi étudiant en Master of Science en audit à SKEMA Business School après avoir obtenu un Bachelor of Business in Administration and Management à NEOMA Business School.
  • Neuf étudiants de l’EDHEC ont été sélectionnés pour les JO de Tokyo. Parmi eux, Manon Brunet, qui a remporté la médaille de bronze en escrime. A l’EDHEC, elle prépare son BBA en ligne.