Leurs parents ont cinquante ans. La génération Z, et avant elle, la génération Y, a connu au travers d’eux les divorces, la monoparentalité, le chômage, la précarité parfois et l’inquiétude souvent. La transmission des valeurs s’est faite dans un cadre chaotique. Leurs médias ne sont pas ceux de leurs parents : les réseaux sociaux ont envahi le paysage cognitif et affectif. Par Florence de Finance (Directrice déléguée ISG) et Evelyne Stawicki (Professeur affilié ESCP Europe, Dirigeante de Croissance RH)
On lit, on vit ce que lisent et vivent ses pairs. Les algorithmes renforcent le repliement sur les habitudes d’un petit groupe. Les grandes narrations historiques, politiques, scientifiques indiffèrent ou exaspèrent. On ne croit plus au progrès. On ne croit plus au déclin. Les messianismes sont en panne. Dans cette période de questionnement religieux, chacun aspire à échapper à la violence, à survivre et à s’éclater. L’horizon s’est rétréci. L’avenir se conçoit en mois. L’entreprise n’est plus une valeur. On espère juste un deal correct avec elle.
Un ancien monde est en passe de disparaître
Les lois d’hier qui régissaient le comportement des hommes et des femmes au travail ne sont plus de mises aujourd’hui. Les jeunes générations ne se reconnaissent plus dans les couleurs du mérite, de la carrière à vie dans une entreprise communautaire qui substitue la subordination au paternalisme. Elles ne croient plus à la grande entreprise, symbolisée par les imposantes tours de la Défense.
Les millénials savent qu’ils ne pourront compter que sur eux-mêmes
L’état, l’entreprise, les parents « providence » ont disparu. Ils doivent apprendre à se débrouiller, rebondir, être créatifs, audacieux. Et ils le sont. Ils n’hésitent pas à partir à l’étranger et à trouver sur place des petits jobs. Ils envisagent de créer leurs propres business, ils utilisent à merveille les réseaux sociaux et les applications pour consommer de façon intelligente et collaborative. Ils préfèrent l’autonomie aux responsabilités ou aux galons. Ils préfèrent leur vie privée à leur vie professionnelle et ne conçoivent pas de sacrifier l’une pour l’autre. Ils aiment travailler sur plusieurs choses à la fois, dans des espaces ouverts et flexibles. Ils savent calibrer leurs efforts par rapport à la demande, ne cherchant pas la reconnaissance dans un travail trop parfait. Ils ont l’impertinence de réinterroger les modèles, les évidences, les routines, les process qui paralysent l’agilité des grandes organisations.
Leur réalisme et leur inventivité ont inversé le rapport de force. Ils obligent à ‘déconstruire’ des modèles qui ont vécu tant au niveau de l’entreprise que de la formation. Les formats, méthodes et contenus classiques, ‘en mode descendant’, sont devenus inopérants. Les jeunes souhaitent jouer un rôle actif dans leur formation. Place aux classes inversées, à la formation par simulation, à la gamification des contenus, aux apprentissages en mode projets. Au-delà de la transmission de savoirs et de techniques, les formateurs deviennent des coachs pour développer la curiosité des jeunes, leur ouverture au monde, leur adaptabilité, leur créativité, leur capacité à gérer les zones d’inconfort et à rebondir. Les étudiants veulent découvrir les « comportements qui marchent ». Ils attendent de leur formation des rencontres, des surprises, des challenges, de la reconnaissance, de la solidarité, du sens. Ils veulent des témoignages, des contacts, du parler franc.
Aux écoles et aux entreprises d’aller vers eux, là où ils sont, là où ils apprennent et dialoguent sans cesse, d’utiliser leurs outils et de les séduire car désormais ce sont les jeunes qui « recrutent » leurs recruteurs.
pour en savoir plus : http://www.isg.fr/?xtor=SEC-742&gclid=CO7msJfpydICFdTnGwod5wAN6w