« Depuis quelques années, les acteurs du luxe recherchent des profils disposant d’une solide culture «mode, art, luxe», sachant échanger avec des créatifs » indique Annabel Bismuth, Directrice académique du Réseau GES (Grandes Ecoles Spécialisées) auquel appartient l’EIML Paris. Focus sur les plus des formations spécialisées dans le luxe. – Par Barbara Boye
Un phénomène « récent »
Lancée il y a 8 ans par le réseau GES, l’EIML, première école en 5 ans en marketing du luxe, a été créée pour répondre à ces nouvelles exigences. A l’ESSEC « le MBA in International Luxury Brand Management (le premier consacré au luxe en France) a ouvert en 1995 à la demande de l’Oréal et LVMH. Ils trouvaient les jeunes diplômés trop peu expérimentés pour être en charge d’un bureau à l’étranger par exemple » indique Simon Nyeck, son responsable.
Le secteur luxe : l’atypique
« Dans ces métiers, la créativité drive, il faut en saisir les codes. Bien sûr on peut entrer dans le luxe sans avoir fait une formation « spé », mais il faut comprendre la finesse, l’éthique et l’esthétique de ce milieu » explique-t-il. Un avis partagé par ceux qui suivent ces formations comme Aurore Basly, 35 ans, auparavant organisatrice d’expositions temporaires au Louvre et diplômée du MBA de l’ESSEC cette année. « Ce genre de formation apporte une compréhension des métiers d’art, de la culture du luxe, son humilité et son savoirfaire bien spécifique. »
On attend également des jeunes diplômés une expertise plus technique sur les matériaux du luxe, « en gemmologie pour la joaillerie par exemple, une expertise en digital et en réseaux sociaux, ou encore une expérience en retail », précise Annabel Bismuth. Malgré ces exigences, les jeunes diplômés en sont conscients : « le luxe a survécu à la plupart des crises, c’est un secteur qui offre de belles opportunités d’emploi » affirme Aurore Basly.
Le saviez-vous ?
CA moyen du luxe en France : 5,2 Mds $.
La France arrive en tête des pays qui concentrent les entreprises les plus importantes du secteur luxe.
Les + des formations
En plus de transmettre une sensibilité artistique, la force des formations spécialisées réside dans leur proximité avec les grandes maisons. « A Paris les étudiants sont aux premières loges » rappelle Simon Nyeck. Les stages, l’alternance et les projets en entreprise occupent donc une place fondamentale, donnant fréquemment lieu à des embauches.
Une dimension internationale forte
La qualité de ces formations est déjà vérifiable par leur attractivité pour les étudiants étrangers. A l’ESSEC, 80 à 90 % des étudiants du MBA sont d’origine étrangère. Marly Ochmann Saint Jean, Franco-Canadienne, anciennement avocate en droit corporatif dans un cabinet mondial, a aussi choisi cette formation parce que « Paris est le centre mondial du luxe ». Une diversité dans des promotions aux backgrounds hétéroclites apportant « une richesse exceptionnelle aux échanges », souligne Aurore Basly.
Leurs conseils à ceux qui veulent se lancer dans le luxe :
« Comprendre sa valeur ajoutée et cibler le secteur qui nous intéresse. Par exemple, Chanel dessine, fabrique et vend des robes. A l’ESSEC nous formons des patrons car il est fondamental de mettre de « l’Excel » à côté des gens de la création, de comprendre les besoins de Karl Lagerfeld et quel environnement il lui faut pour évoluer, afin de tout mettre en musique. » Simon Nyeck
« Les métiers du luxe sont des métiers de passion. Ceux qui réussissent disposent non seulement d’une formation solide et d’un savoir être en adéquation avec le secteur mais surtout sont capables de prouver leur passion par une culture luxe forte étayée par exemple par des rencontres professionnelles, expositions, blogs… » Annabel Bismuth
L’info en plus
Selon un rapport de Mode Grand Ouest (« le groupement français réunissant le plus grand nombre d’entreprises de la filière mode sur l’Hexagone »), 10 000 emplois vont être créés dans le secteur de la mode dans les 10 années à venir, en raison, notamment du départ en retraite de 30 à 50 % des salariés en poste actuellement.