Dans beaucoup d’entreprises de la SIlicon Valley, la priorité est le travail à outrance et les résultats. Les 20-30 ans notamment ne comptent pas leurs heures, le travail y est passionnant. Pour autant, la santé passe au second plan.
Une malnutrition qui affecte les jeunes salariés pourtant grassement rémunérés
Le rythme hebdomadaire est exténuant avec comme corollaires stress, malbouffe à la clef avec des consommations de sucre et de boissons de type Coca ou Red Bull en grande quantité. En outre un manque cruel d’activité physique est constaté avec un travail sur écran quasi-permanent. L’obésité est en forte hausse avec dès 30 ans, des salariés qui souffrent de problèmes cardiaques. On constate même des déficits en vitamine D malgré le climat ensoleillé plus de 250 jours par an.
Des enquêtes ont été faites par la PAMF (Palo Alto Medical Foundation) avec des résultats édifiants. Pour autant, des salles de sport ou de bien-être sont mises en place par certaines entreprises et souvent gratuitement mais happés par le travail, peu en profitent.
Des cliniques mobiles avec des vans qui se déplacent sur les campus ont permis d’établir des statistiques sur les maladies générées, qui plus est selon des catégories ethniques (caucasiens, asiatiques, indiens) permises ici. Des entreprises comme Google proposent néanmoins des cantines gratuites permettant de soutenir la productivité et le bien-être. Le constat est à nuancer selon les entreprises. Cependant se nourrir est souvent assimilé à une perte de temps.
Aussi chez d’autres entreprises comme chez eBay, des camionnettes stationnent aux heures des déjeuners pour proposer aux salariés de la nourriture rapide.
Une ubérisation de la nourriture traditionnelle avec une vision de changer le monde
Une autre facette de San Francisco et de la Silicon Valley est ce que l’on pourrait qualifier de « changement du logiciel alimentaire ». De plus en plus de start-up spécialisées dans la viande cultivée en laboratoire, le fromage végétalien, etc. apparaissent.
Elles bénéficient du soutien de la technologie et des investisseurs. L’objectif invoqué étant de réduire les problèmes environnementaux comme l’énergie, l’utilisation des terres mais aussi la malnutrition, le diabète et l’obésité, l’explosion de la consommation de viande notamment en Chine et les pays en voie de développement qui va poser un problème sur le long terme.
Tout comme l’énergie solaire ou les voitures électriques ou autonomes, il existe une volonté de changer le monde d’autant que la surpopulation, qui aura pour corollaire l’accroissement de la pollution toute chose égale par ailleurs, est un problème.
Souvent il s’agit de l’utilisation de protéines végétales en remplacement des produits d’origine animale ou de la production d’aliments via l’agriculture cellulaire.
Bill Gates et Biz Stone (Twitter) ont investi dans ces start-up au même titre que Google Ventures et la société de capital Andreessen Horowitz. Et selon le cabinet d’étude CB Insights, plus de 300 millions de dollars auraient été investis dans le secteur l’année dernière.
Concrètement, on distingue des entreprises qui proposent des hamburgers à base de plantes, Foods impossible (à Redwood City) pour des substituts de viande à base de plantes ou des start-up comme Soylent[1] créée par l’ingénieur logiciel Rob Rhinehart pour les substituts de repas en poudre ou liquide qui connaissent de belles croissances.
Dans un autre registre, les repas liquides, mélange de poudres de protéines, d’huiles de poissons, de vitamines et de minéraux dans un mixeur ont par ailleurs un franc succès. Ils permettent une alimentation saine mais ont un registre plus scientifique qui les éloignent de la l’assimilation de l’alimentation dans l’Ancien monde à une source de plaisir et d’équilibre de vie. Ce n’est pas pour rien qu’ici le Tang, très controversé et qui a été interdit en France, a encore un certain succès – question de culture dirons-nous.
Une troisième voie, celle des produits bio (organic) est néanmoins choisie par des esprits éclairés…
David Fayon
[1] Soylent Green étant par ailleurs un film d’anticipation pessimiste basée sur une nouvelle d’Harrison, traduit en Soleil vert en français.