Etudes YouTube Cinéma

Entre études, Youtube et cinéma, les étudiants entrent en scène

Ils préparent leur diplôme d’une grande école ou d’une université mais goûtent déjà à la lumière des projecteurs. Qu’ils soient influenceurs, vidéastes ou même nominés aux Césars, ces étudiants donnent tout pour conjuguer carrière artistique et études. Rencontre avec Lénadorable, Adam Bros et Lucie Zhang, qui n’arrivent pas à choisir entre études, YouTube et cinéma.

De Dauphine aux Césars, il n’y a qu’un pas pour Lucie Zhang

Le soir de la cérémonie des Césars 2022 où elle concourrait dans la catégorie Meilleur espoir féminin pour le film Les Olympiades de Jacques Audiard, beaucoup de pensées devaient se bousculer dans la tête de Lucie Zhang. De son régime – « au cas où » elle remporterait le trophée ! – à son enfance en Chine, en passant par le cours magistral du lendemain matin : son esprit bouillonnait ! Car tout n’a pas été simple pour cette jeune femme d’origine chinoise, née en France. Partie en Chine rapidement après sa naissance, elle ne reviendra dans son pays natal qu’à l’âge de 5 ans. Commence alors une scolarité difficile, émaillée de harcèlement. Ce n’est qu’en arrivant à la fac – qu’elle a choisie pour son enseignement généraliste – qu’elle commence vraiment à apprécier les études. En parallèle, elle découvre le 7e art, notamment par des séries chinoises qu’elle dévore à partir de 11 ans en rêvant de faire le même métier que ces idoles « Je veux être actrice depuis toute petite ! J’ai découvert Liu Yifei, Gong Li et Sun Li et j’ai toujours voulu leur ressembler. »

Une étudiante fan de cinéma

Elle suit alors une formation en arts dramatiques en parallèle de ses études et s’inscrit à des castings via les réseaux sociaux. Une démarche couronnée de succès qui la lance dans le monde du cinéma. Son emploi du temps devient alors très chargé et, malgré les tournages, elle n’abandonne pas ses études, bien accompagnée par Dauphine. « J’ai tourné mon premier film alors que j’étais en année de césure : le rythme était plus facile. Pour mon second film, j’ai demandé à l’administration de passer en contrôle terminal afin de pouvoir tout conjuguer. Quand je ne pouvais pas assister aux cours, une amie m’aidait en me passant ses notes, mais ce n’était pas simple. Pour l’anecdote, le lendemain de la cérémonie des Césars, j’étais en amphi ! Je m’étais couché à 5h du matin et c’était un des cours les plus difficile de ma vie » plaisante-t-elle.

Sur le chemin du succès

Ce rôle d’étudiante qu’elle tient dans sa vie quotidienne, n’est donc pas le plus simple. Réservée, Lucie ne cherche pas la lumière des projecteurs en dehors des plateaux. Mais aujourd’hui elle touche son rêve du doigt avec une filmographie déjà impressionnante pour son jeune âge et des projets plein la tête. « J’ai eu beaucoup de propositions pour des films d’horreur ou des productions à l’international » explique-t-elle. Pourtant, elle n’exclut pas de faire une pause dans sa carrière pour continuer les études. « Par la suite, j’aimerais entrer dans une école de cinéma pour améliorer mon acting. Cela peut paraître surprenant, mais je conseille toujours de ne pas abandonner les études, car apprendre alimente sa carrière » précise-t-elle.

Pop ta culture avec Adam Bros

A 11 ans seulement, il se filmait avec des amis en reproduisant des sketchs du Palmashow. Adam Bensoussan, plus connu sous le nom d’Adam Bros – en hommage à Mario Bros – ne se doutait pas qu’une décennie plus tard, il aurait atteint les 200 000 abonnés sur Youtube. Mais si sa chaine de pop culture et de culture médiatique est aujourd’hui un succès, le Youtubeur a pourtant eu du mal à trouver tout de suite son identité. « J’ai commencé par des vidéos de divertissement, mais j’ai eu un déclic au YouTube Space Paris, lorsque je me suis rendu compte que j’étais incapable de décrire le contenu de ma chaine aux gens que je rencontrais. J’ai alors entamé une longue réflexion sur ce que j’aimais vraiment faire et sur ma volonté de ne pas m’enfermer dans un concept avec le temps. Et la pop-culture au sens large m’a semblé une évidence » explique le jeune créateur qui, depuis, enchaîne les vidéos sur les films et séries, ainsi que le décryptage des tendances médiatiques. Il arrive ainsi à jongler entre ses études au CELSA et YouTube, une organisation de tous les instants pour réussir sur tous les fronts. « Je suis quelqu’un de très organisé, j’ai un calendrier très précis avec ce que je dois faire et à quel moment. Je passe en moyenne entre 15 et 20 heures pour réaliser une vidéo » détaille Adam.

YouTube, une passion plutôt qu’un métier

Bien qu’il soit investi au quotidien pour la réussite de sa chaine, le vidéaste ne souhaite pas pour autant en faire son métier, il veut que cela reste un plaisir. « YouTube est une passion dévorante qui prend une grosse place dans ma vie. Si je me limite à ça, j’ai peur que ma passion s’aliène. Sans compter que beaucoup de Youtubeurs stressent par rapport au compteur de vues et finissent en burn-out. Aujourd’hui, j’ai la chance de ne pas compter sur cela pour remplir mon frigo. » C’est d’ailleurs dans cette optique qu’Adam refuse toute opération commerciale et ne se rémunère qu’avec les revenus YouTube, soit 700 à 800 euros par mois. Sa priorité reste ses études, dans lesquelles il se sent épanoui. « J’ai la chance de faire des études que j’aime et qui me permettront de faire un métier dans lequel je pourrais m’épanouir tout en continuant ma passion. » Et en plus, ses études ont eu un impact positif dans le développement de sa chaîne. « A travers mes vidéos, on peut voir mon parcours scolaire. En Terminale, j’utilisais beaucoup de références philosophiques et une fois à la fac, il est facile de voir que mes problématiques sont de plus en plus précises, que je fais appel à des sources plus scientifiques. Je suis persuadé que mes vidéos n’auraient pas rencontré ce succès-là sans ce bagage intellectuel offert par ma scolarité » conclut-il.

Vlog à travers YouTube avec Lénadorable

Avec 130 000 abonnés sur Youtube et 40 000 sur Instagram, Léna Sanchez – connue sous le nom de Lénadorable – peut être fière du chemin parcouru. Aujourd’hui reconnue pour ses vidéos vie pratique, conseil et études, elle a pourtant dû s’armer de courage et passer de nombreuses nuits blanches afin d’allier études, stages et gestion de sa chaîne YouTube. Tout a commencé, il y a une petite dizaine d’années où, comme beaucoup, elle décide de se filmer dans sa chambre afin de donner des conseils. Mais à une époque où les garçons étaient Youtubeurs gaming et les filles Youtubeuses beauté, Léna a souhaité sortir des sentiers battus. « Je voulais faire autre chose : un contenu divertissant, mais qui pouvait aider ma communauté à s’épanouir. » Alors en prépa, elle consacre chaque minute de son temps libre à la réalisation de ses vidéos, une véritable bouffée d’air frais dans un agenda surchargé. « Au départ, je ne voyais pas YouTube comme un métier, mais plutôt comme une passion. Le niveau d’exigence était moins élevé et je ne faisais que deux vidéos par mois, mais c’était une véritable échappatoire. Faire du montage ou tourner une vidéo me permettait de penser à autre chose. »

Etudes et YouTube, une organisation de tous les instants

À force de travail et de détermination sa chaine finit par décoller. Cela coïncide à son arrivée à KEDGE BS. À partir de là, une nouvelle organisation s’est mise en place. « Avec mes études et les stages, les journées étaient intenses. J’ai commencé à mettre en place une morning miracle où je me levais à 5h30 pour travailler mes vidéos. » Sa chaîne va ainsi se professionnaliser avec des vidéos plus régulières, des collaborations plus poussées et la bienveillance de ses camarades de classe. « Tout le monde savait que j’avais une chaîne YouTube et chacun essayait de m’aider. » Lancée sur l’autoroute du succès, Lénadorable multiplie désormais les projets avec la sortie de son premier agenda motivation prévu pour janvier 2024 et surtout, de nombreuses vidéos pour aider sa communauté. « Ma chaîne YouTube m’a permis de tenir dans les moments difficiles. Je conseille d’ailleurs à tout le monde d’avoir une activité à côté de ses études. Du sport, un art ou autre : l’essentiel c’est de trouver quelque chose qui vide la tête. En plus, cela vous permet d’acquérir de nouvelles compétences et c’est peut-être ce qui fera la différence à la sortie de l’école » conclut-elle.