Draguer au boulot, la fausse bonne idée ?

Ah l’entreprise ! Vaste terrain de jeux pour développer sa carrière…et plus si affinités. À l’approche de la Saint Valentin, personne n’est à l’abri d’une belle rencontre. Mais mieux vaut connaitre quelques règles de base avant de laisser son charme opérer et de draguer au boulot.

No Zob in job ! La formule pour le moins triviale aurait-elle du plomb dans l’aile ? Car toutes les études l’attestent : les Français vivent des histoires d’amour au travail et pas qu’un peu ! En 2018, une étude de l’Ifop montrait qu’environ 14% des couples se forment au travail, soit un couple sur sept. Et en 2023, l’étude QAPA dévoilait que plus de la moitié des Français sont déjà tombés amoureux au travail. Alors si la plupart des gens vous jurent qu’ils n’ont jamais pensé au sujet…c’est qu’ils vous mentent ! Car en matière de love in job, les Français sont intarissables.

La loi au chevet de l’amour

Draguer au boulot c’est donc un sujet délicat… mais légal ! L’article 9 du Code civil protège la vie privée de chacun des salariés, pendant leur temps de travail et à l’extérieur. Les collaborateurs ne sont donc pas obligés de déclarer à leur employeur leur histoire avec un collègue. Pour autant, un crush ne doit pas avoir de répercussions sur l’activité professionnelle. « Le monde du travail, cesont des énergies, des relations humaines, des émotions, rappelle Maître Christophe Noel, avocat spécialisé en droit du travail. On ne peut pas empêcher un homme ou une femme d’avoir des émotions pour une personne et aucun législateur ne le conteste.  À l’inverse, le harcèlement est répréhensible par la loi, mais il n’y a aucune raison de s’interdire de draguer au boulot tant que les personnes sont consentantes. »

Draguer au boulot : une question d’équilibre vie pro/vie perso ?

C’est ce qu’a vécu en 2022 Raphaël, ingénieur fraichement diplômé de Grenoble INP. À peine recruté dans une banque, il est tombé sous le charme d’une collaboratrice du marketing en travaillant sur un projet commun. « À force de bosser ensemble, nous nous sommes rapprochés. Notre histoire a duré quatre mois. Heureusement qu’elle a ensuite changé d’équipe car j’aurais eu du mal à la voir tous les jours une fois notre histoire finie ». Car outre le regard des collègues, c’est surtout l’équilibre vie privée/vie pro qu’il faut réussir à gérer dans ses histoires de cœur.

Séduction, réflexion, action

Faut-il alors peser le pour et le contre avant de draguer au boulot ? Inconcevable pour Gaël Chatelain-Berry écrivain et créateur du podcast Happy Work. « Se mettre une barrière émotionnelle au travail est une posture théorique. Les sentiments, ça ne se maîtrise pas et ce serait idiot de passer à côté d’une belle histoire. Mon conseil ? Demandez-vous toujours : si ça se passe mal entre nous, quelles sont les conséquences pour moi professionnellement, et vous aurez la réponse ». La seule limite pour le coach ? La séduction entre un.e responsable ou un. dirigeant.e qui a un ascendant hiérarchique sur une ou un jeune collaborateur. « Sortir avec son boss ou son N+1, cela peut mettre une ambiance pourrie dans l’équipe. Mieux vaut être sûr de soi ! »

C’est pas les States ici !

Si en France, rien n’est gravé dans le marbre, aux Etats-Unis les entreprises encadrent de plus en plus les liaisons entre les collaborateurs via un code de conduite inscrit dans le règlement intérieur. Le but ? Eviter des situations susceptibles de générer des conflits. « Les exemples ne manquent pas de dirigeants ou de simples collaborateurs qui ont dû plier bagage pour cause de comportement inapproprié, souligne Gaël Chatelain-Berry. D’autant qu’en cas de harcèlement dans une entreprise, c’est elle qui est condamnée. Le retentissement sur la marque employeur est fort ». Soufflez, vous êtes en France où l’on ne badine pas avec l’amour.