Si nous suivons trop les innovations, l’existant sera annihilé. C’est pourquoi nouvelles technologies, design et culture doivent cohabiter sans omettre le passé. La démocratisation des NFT peut porter à un appauvrissement culturel et créatif. Heureusement, les designers sont là pour corriger le tir.
Méta Design
Ces dernières semaines, au détour d’une conversation, vous avez peut-être associé ces trois lettres : « NFT ». Il y a quelques mois, ce terme des amoureux de blockchain n’apparaissait que dans peu de conversations. En quelques mois, graphistes, designers, character designers, artistes, ont trouvé un nouveau terrain de jeux pour dévoiler et valoriser leur créativité. Il en va de même du terme « meta » et de toutes les possibilités qui s’ouvrent aux métiers créatifs. Si je vous dis que le design est meta, ne sommes-nous pas dans l’affirmation même de ce lien intime avec les technologies et la difficulté, in fine, de définir ce qu’est le design comme ce qui est réellement meta ?
On constate que c’est le nouveau mot tendance, comme l’est un autre depuis longtemps : design.
Obsolescence « dé » programmée
Tant que les technologies évolueront, de nouveaux métiers du design seront créés. En soi, pas bien différents de ceux que nous connaissons actuellement, mais plus ciblés. Le design est plus que jamais intégré dans l’inconscient collectif comme inévitable, et avant tout utilisé à bon escient par les entreprises. Les fondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin, l’avaient bien compris : « En tant qu’entreprise technologique, il y a un volet artistique très important dans ce que nous faisons ». A l’heure où les machines remplacent de plus en plus l’humain, elles sont avant tout des outils pour designers, notamment les imprimantes 3D, de la stéréolithographie au dépôt de fil, utilisées de plus en plus dans le culinaire notamment.
T’as imprimé ?
L’impression 3D et les rêves qu’elle véhicule… Il est vrai que c’est un outil particulièrement apprécié par les designers. Les particuliers y ont accès bien sûr, mais voient les limites de l’outil dès lors qu’elle n’est pas utilisée avec les compétences associées. Faire un vase avec un fichier récupéré, rien de plus simple. Mais lorsqu’il s’agit de faire sa propre création, on se rend compte de ce qu’est le métier de designer. A l’heure du « tout personnalisable », il devient alors indispensable de faire appel à des compétences en arts appliqués, en ingénierie également, pour créer durable. Labelliser « conçu réalisé et produit » n’a jamais été aussi simple, un cerveau et une machine suffisant à produire de petites séries. Cependant, faire en sorte que tout fonctionne, esthétiquement, fonctionnellement, il en relève justement de l’apport du design. Et cela, aucune machine ne le fait.
Le retour du « fait main »
Dès lors, le fait main retrouve ses lettres de noblesse. L’association de savoir-faire et de nouvelles technologies devient une vitrine mettant en valeur de compétences bien précises. Ces dernières ne sauraient exister dans ce monde toujours plus industrialisé sans l’association complémentaire de la main de l’homme et de l’automatisation des outillages.
Pourvu que ça dure
Utiliser les technologies dans une logique d’éco conception est évident. Faire du motion design, créer des mondes en réalité virtuelle semblent n’avoir aucun impact environnemental. Et pourtant : au même titre que les batteries de véhicules électriques sont difficilement recyclables à 100%, les NFT, nécessitent l’utilisation de serveurs gigantesques. C’est au designer de trouver des solutions, et l’écologie n’est pas à prendre à la légère dans le processus de création.
Créer durable sera plus que jamais un leitmotiv.
Les évolutions technologiques rythment les nouveaux métiers des arts appliqués. Des logiciels comme Première ou After Effects vont nourrir la créativité des Motion designers avec les évolutions qui sont proposées chaque année. En Game Design, Unreal 5 pousse l’immersion et le réalisme à un niveau jamais atteint. Je vous donne rendez-vous dans deux ans, nous parlerons à coup sûr de nouveaux métiers liés au design. Et peut-être le ferons-nous dans un métavers spécifiquement conçu pour cela.
l’auteur est Grégory Saraceni, Directeur de l’ICAN et de l’EFET STUDIO CRÉA