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De la valorisation croissante des métiers logistiques

Lors des concours d’entrée dans les Grandes Ecoles, rares sont les candidats qui affichent une volonté ferme de travailler dans le secteur de la logistique, souvent perçu comme de l’intendance, de la manutention ou de la gestion de camionneurs. Pourtant à la sortie, ils sont nombreux à postuler à des offres de chef d’escale d’aéroports internationaux, de pilote de flux pour des grands groupes industriels ou encore de responsable de ligne maritime.

 

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En effet, dans l’entreprise, la fonction a le vent en poupe. Le développement du e-commerce, la globalisation des chaines de production ou encore l’exigence croissante des consommateurs qui réclament un taux de service élevé sont autant de facteurs qui poussent les entreprises à améliorer leurs flux. Le Supply Chain Manager est d’ailleurs devenu l’un des membres clés du board des entreprises car il pilote une fonction transversale qui génère de la valeur ajoutée.

Face à cet appel d’air des entreprises, les écoles proposent des Bachelors qui donnent un très bon niveau technique de planificateur des prestations logistiques et donne une forte employabilité aux diplômés. Nombres d’emplois perdus sur le territoire domestique à cause des délocalisations génèrent un besoin de planification logistique pour gérer les transports intersites. Certains élèves continuent sur des formations Bac+5 généralistes et sont alors un élément clé de l’organisation qui les recrute : un financier ou un marketeur qui comprend la logistique est un manager qui va briser les silos et améliorer la performance de son entreprise.

Par ailleurs les programmes Bac+5 spécialisés en logistique ou en Supply Chain ne désemplissent pas. Ils répondent au besoin du marché mais aussi aux aspirations d’une génération qui voit les livraisons en drone comme une évidence, qui pense aux chaines logistiques vertes et durables ou plus simplement qui a soif d’une internationalisation de sa carrière. Et la logistique est l’une des fonctions qui naturellement participe activement à tous ces bouleversements induits par l’évolution du commerce international.

Si en France, la logistique se fraie doucement un chemin dans les programmes, elle a déjà la part belle dans les pays anglo-saxons et elle attire les dirigeants des pays émergents qui savent que leur développement passe par leurs connections avec des points nodaux de la globalisation. Et comme ces connexions se font par des infrastructures et des hommes disponibles et compétents, les étudiants de ces pays émergents viennent plus nombreux chaque année se former dans les écoles qui proposent des diplômes spécialisés et des programmes d’excellence.

Or cette excellence vient souvent d’un savant mélange au sein des écoles ou dans un cluster regroupant école de commerce, école d’ingénieurs, et écoles spécialisées de type marine marchande. Le mélange s’effectue alors entre un programme Bachelor en transport et logistique très professionnalisant, des formations Bac+5 en Supply Chain qui donnent une dimension plus managériale et des programmes de formation continue qui intègrent une dimension à la fois stratégique et concrète.

A ce titre, l’exemple de l’Institut Portuaire d’Enseignement et de Recherche (IPER) de l’EM Normandie est très parlant. Leader mondial pour la formation des cadres portuaires, il organise chaque année des séminaires en partenariat avec l’ONU, l’Association de Gestion des Ports de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, l’Agence Française de Développement, etc. L’ensemble de la communauté logistique du port du Havre mais aussi des intervenants extérieurs venant du monde entier viennent ainsi se former à l’IPER et se rendent également disponibles pour d’autres programmes de l’EM Normandie comme l’Executive MBA (spécialité Maritime, Transport et Logistique) ou le Bachelor en Management International (spécialisation logistique internationale).
C’est en créant ce type de synergies que les élèves des formations Executive proposent des stages et des emplois aux jeunes diplômés et que se crée un réseau des anciens qui partage non seulement une école, mais également une expertise et un réseau sectoriel auquel ils feront appel le cas échéant pour partager des bonnes pratiques, des conseils, un mentorat ou parfois simplement un Business Drink. Car les nouveaux métiers du transport et de la logistique sont devenus des métiers de Supply Chain managers au cœur desquels se situe la gestion des réseaux, or un réseau efficace c’est un réseau d’activités, de ressources et d’acteurs biens formés.

 

Par Alexandre Lavissière
Professeur de logistique et de stratégie à l’EM Normandie