La Chine et sa culture, dont nous ne connaissons souvent que les étiquettes « made in China » et les flots de touristes dans la capitale, sont sujets à notre incompréhension voire notre mépris. Permettons nous ici d’éclaircir quatre points de la culture chinoise, aux usages parfois étonnement lointains mais si riche, si fascinante.
La grande muraille de Chine est la seule construction humaine visible depuis la Lune.
FAUX. Petit calcul mathématique : la distance de la Lune à la Terre est de 384 467 km. La muraille mesure quant à elle 6 700 km de long, possède une hauteur variant de 6 à 16 mètres et une largeur d’environ 7 mètres. Par une simple règle de trois, rappelons uniquement qu’observer un objet de 10 mètres depuis la Lune, c’est réaliser l’exploit de voir un objet d’1 mm à 38 km…
À l’instar du coréen et du japonais, la langue chinoise repose sur un système nonalphabétique.
VRAI. L’écriture chinoise comporte près de 40 000 caractères, chaque caractère représentant une idée et non pas un mot. Dans une phrase, les caractères s’assemblent ou non pour former un sens ou un mot. Pour ainsi dire, les mots tels que nous les concevons n’existent pas : ils sont représentés par un nombre défini de caractères, ce nombre variant communément entre un et trois. Par ailleurs, si certaines combinaisons de caractères peuvent ne représenter qu’un mot ou qu’un sens, d’autres peuvent symboliser plusieurs mots, une phrase entière où même un concept qui mérite plusieurs pages d’explication. En composant deux caractères ayant chacun leur propre sens, la langue peut produire des expressions dont la signification est radicalement différente. Par exemple, les mots droite et gauche accolés 左右signifient « à peu près », « approximativement ». Similairement, Est-Ouest 东西, signifie « les choses », « les trucs », « les faits ». 马马虎虎, ou encore littéralement cheval-cheval-tigre- tigre, veut dire « moyen », « bof », « comme ci comme ça ».
Vesser, éructer ou cracher ne sont pas des actes tabous en Chine.
VRAI. Une habitude qui tend d’ailleurs à s’effacer dans les grandes villes où la culture urbaine populaire est de plus en plus imprégnée des standards occidentaux. Après un bon repas, au cours duquel les hôtes se permettent d’ailleurs sans gène de déposer les os, cartilages ou morceaux non comestibles sur la table au milieu des aliments, un bon rot témoigne de la qualité du festin. De plus, selon la croyance populaire il ne faut pas retenir ses gaz car c’est un vecteur de soulagement et d’évacuation de l’énergie négative. Lorsque l’on est énervé, mécontent ou triste il faut laisser son corps se libérer de cette entrave. Ce concept peut paraître pour le moins étrange à nos yeux.
La culture chinoise cultive l’image du « vieux sage ».
VRAI. La figure d’ancien diffère entre nos deux cultures. Dans nos sociétés occidentales, l’âge est un fléau, c’est la perte progressive de sa vivacité intellectuelle, de ses aptitudes physiques. La vieillesse est quelque chose que l’on redoute et contre lequel on se bat. Les personnes âgées perdant leur autonomie sont généralement regroupées dans des centres d’accueil et nous ne les concevons alors plus qu’en termes de retraite, visites, soins palliatifs ou assistance gériatrique. A l’inverse de tels centres sont rares en Chine, la retraite n’existe pas et les anciennes générations ne quittent pas la demeure familiale. Ils y sont accueillis car y occupent une place fondamentale. Ce culte de la sagesse est la pierre angulaire de la pensée confucéenne qui imprègne la pensée chinoise. Un homme vieux est un homme sage : c’est une source inestimable d’anecdotes malicieuses et de conseils en tout genre. C’est un atout, une force.
SYWOC
Thomas Trinelle (X2011) et Maud Doumergue (X2012)