Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d’Île-de-France, nous livre un panel de l’ensemble des actions menées par la région qu’il préside en faveur des étudiants de l’enseignement supérieur.
L’enseignement constitue une priorité nationale. Pensez-vous que le budget alloué à l’Enseignement supérieur et la recherche soit suffisant dans le monde concurrentiel dans lequel nous vivons ?
En Ile-de-France, l’enseignement supérieur et la recherche occupent bien évidemment une place à part. Nous accueillons 600 000 étudiants et concentrons 40 % du potentiel de recherche français. Le tout dans 16 universités et plusieurs centaines d’établissements d’enseignement supérieur. Un cas unique en Europe ! Investir dans ce secteur, aux côtés de l’Etat, est donc pour nous une évidence, puisqu’il est l’un des piliers du développement de l’Ile-de-France de demain : une population hautement qualifiée, des savoirs et des savoir-faire de pointe. Pour notre part, nous lui consacrons cette année 135 millions d’euros alors que je le rappelle, il ne s’agit pas d’une compétence obligatoire pour la Région, et plus encore avec le logement étudiant, la mutuelle étudiante, le numérique et l’innovation.
Si la Région s’occupe directement des lycées, dans quelle mesure s’impliquet- elle dans l’enseignement supérieur en matière de logements, de bourses, de restaurants universitaires, de diversité, d’équipements sportifs, etc ?
Le lycée est un lieu où on construit les bases de son avenir ; l’université le temps où on les étoffe. Comme nous améliorons les conditions de vie des lycéens, nous améliorons donc celles des étudiants : leur mobilité, en finançant la carte Imagine R, leur santé, en finançant des centres de santé sur les campus, leur logement en cofinançant des résidences étudiantes (10 000 places ces trois dernières années), leurs conditions d’études, en finançant des maisons de vie étudiante sur les campus et des bibliothèques – comme celle du futur Centre Condorcet à Aubervilliers, qui est notre grand chantier du moment. Ces derniers temps, nous avons particulièrement développé le suivi des étudiants les plus fragiles, et en particulier ceux qu’on appelle « les étudiants empêchés », notamment les détenus. Une formation, c’est la garantie d’une réinsertion réussie après la prison.
Menez-vous des actions dans le cadre de l’accueil des étudiants étrangers et de la mobilité des étudiants français à l’international ?
Depuis 2000, plus de 24 000 étudiants ont pu partir à l’étranger. Sans ce soutien, ils n’auraient pas pu le faire. Je reçois d’ailleurs souvent des cartes postales enthousiastes, et c’est une grande fierté. Nous avons aussi mis en place des bourses d’études pour accueillir des étudiants étrangers dans les meilleures conditions. Ils viennent de 50 pays différents, et sont à leur retour les meilleurs ambassadeurs que l’Ile-de-France peut rêver.
Diplômé de Sciences Po Paris et de l’ENA, pensez-vous que la nouvelle loi Fioraso qui cherche à intensifier le rapprochement entre les grandes écoles et les universités constitue une avancée majeure pour l’avenir de l’enseignement supérieur ?
J’ai toujours cru au rapprochement des établissements, mais pas n’importe comment. Nous avons été les premiers à nouer des contrats avec les PRES (Pôles de recherche et d’enseignement supérieur) en 2011, alors que la mode du moment, encouragée par la majorité précédente, était la mise en concurrence des établissements. Le savoir, par définition, se construit et se transmet mieux dans la coopération. Je regarde avec beaucoup d’intérêt les communautés d’universités et d’établissements (COMUE) qui viennent remplacer les PRES. Il ne faut simplement pas qu’elles viennent remettre en cause des coopérations scientifiques qui existent déjà. Mais elles amélioreront sans aucun doute la lisibilité du système français. Ainsi, grâce à notre politique volontariste, la Région Ile-de-France est aujourd’hui le partenaire incontournable de tous ceux qui imaginent, apprennent et cherchent… de tous ceux qui construisent l’Ile-de-France de 2030.
Pour en savoir plus…
« Convaincue de la place centrale de la culture dans la réussite des parcours universitaires et consciente de son nécessaire développement, la Région encourage les pratiques culturelles et améliore l’accès à celles-ci. Outre le financement de Maisons de l’Etudiant et de Bibliothèques universitaires sur les campus franciliens, la Région permet l’enrichissement de l’offre culturelle mise à disposition des étudiants grâce au dispositif expérimental des médiateurs culturels. Elle participe ainsi activement à la construction d’une offre culturelle de dimension francilienne en mutualisant l’existant et en élargissant certains dispositifs régionaux aux étudiants. Par ailleurs, la Région Ile de France mets en place deux concours étudiants, un prix étudiant de l’essai et un concours photo étudiant. »
Isabelle This Saint-Jean, Vice-présidente en charge de l’Enseignement supérieur et de la recherche
Patrick Simon