Impatients. De plus en plus d’étudiants choisissent d’intégrer directement un bachelor dans une business school plutôt que de passer par la case prépa. Mais comment reconnaitre une formation de qualité, quelle est la valeur ajoutée d’un bachelor vs deux années de prépa et comment l’attractivité de ces programmes se traduit-elle en termes d’employabilité ? Alice Guilhon, présidente de la CDEFM nous éclaire sur ce sujet d’actu.
En septembre 2023, HEC Paris a annoncé la création d’un bachelor en partenariat avec la célèbre université italienne de la Bocconi. C’est le dernier né d’une longue série de bachelors qui fleurissent dans les écoles de commerce. Mais si le terme de bachelor vous est sûrement familier, savez-vous vraiment ce qu’il renferme ? « Un bachelor est un programme en trois ou quatre ans, initialement à vocation professionnalisante puisqu’il permet de rejoindre le marché du travail une fois le diplôme en poche. Mais il permet aussi de poursuivre ses études s’il est reconnu par l’Etat » définit Alice Guilhon. Et ce dernier point est fondamental lorsqu’on se décide pour cette formation. En effet, comme pour tout programme de formation en France, votre bachelor doit être reconnu par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche si vous souhaitez ensuite pouvoir poursuivre votre parcours d’études. « La qualité d’un bachelor se mesure également à d’autres aspects inhérents à l’établissement dans lequel il est dispensé. Un corps professoral permanent avec des cours validés sur le plan scientifique, des enseignants professionnels spécialisés dans un domaine, le tout adossé à la recherche pour développer la capacité des étudiants d’apprendre à apprendre et enfin, un enseignement en lien avec les entreprises qui participent aux design des cours, en dispensent et prennent des étudiants en stage ou alternance. »
La popularité du bachelor dans les business schools ne se dément pas
Si la majorité des écoles proposent aujourd’hui des bachelors c’est d’abord pour la popularité grandissante de ce type de formation auprès des étudiants. « C’est le programme international par excellence, reconnu dans le monde entier et connu pour sa préparation très professionnalisante ou comme tremplin vers un bac +5. » Une formation qui attire notamment les étudiants qui souhaitent arriver plus rapidement sur le marché de l’emploi tout en se spécialisant.
Les bachelors constituent également un véritable atout économique pour les écoles. « Il y a 20 ans, les écoles étaient soutenues par les chambres de commerce mais depuis la présidence de Nicolas Sarkozy il a fallu trouver d’autres sources de revenus pour être visible à l’international, être compétitif, continuer à investir dans la recherche et l’innovation etc. » indique la présidente de la CDEFM. Les bachelors sont également une très bonne opportunité d’attirer les étudiants du monde entier dans les écoles françaises. Car si elles ont déjà la cote à l’international, le modèle franco-français de la classe prépa peut être un obstacle. Opter pour le bachelor, c’est opter pour un modèle connu et reconnu hors de l’Hexagone.
Bachelor ou prépa, il faut choisir !
Mais est-ce à dire que le succès des bachelors fait oublier les prépas ? Pour la CDEFM, les deux formations ne sont pas concurrentes. « Les classes préparatoires aux écoles de commerce permettent de suivre un cursus pluridisciplinaire associant mathématiques, langues étrangères et sciences humaines, enseigné par des professeurs très engagés. C’est un modèle qui donne à chacun les fondamentaux de la compréhension du monde actuel et des défis qui s’annoncent. De fait, mes prépas se caractérisent par une activité intellectuelle intense et stimulante, l’acquisition de méthodes de travail et une vraie solidarité : des amitiés à vie se forgent entre les étudiants ! Rappelons enfin que tous les élèves qui s’investissent avec sérieux dans cette filière ont la garantie d’intégrer une école à la fin de leur cursus de classes préparatoires et donc d’obtenir un diplôme de grade Master qui leur ouvre grand les portes de l’employabilité. » Si vous souhaitez faire des études jusqu’à bac +5, suivre une formation généraliste de très haut niveau et intégrer une grande école, la classe prépa est donc faite pour vous.
Un constat important à rappeler alors que la voie de la classe prépa subit une certaine désaffection cette année. A la rentrée 2022, 81 200 (- 2,6 % par rapport à 2021) étudiants ont rejoint les rangs des classes prépa. Une désaffection qui ne s’explique pas par la seule montée en puissance des bachelors. La réforme du bac a aussi eu une incidence sur les classes prépa. Alors que les mathématiques sont importantes pour entrer en prépa, la première mouture de la réforme les a rendues optionnelles, réduisant ainsi les choix des lycéens qui les ont abandonnées. Autre explication : la mauvaise réputation qui colle à la peau des prépas : des études épuisantes, avec une charge de travail très importante, la nécessité de renoncer à ses loisirs… « Les classes prépa doivent se réinventer et mieux communiquer sur ce qu’elles proposent, souligne Alice Guilhon. Elles subissent également de plein fouet le changement de générations et les évolutions en post-covid des attentes des jeunes. C’est un modèle qui est questionné mais qui reste tout de même solide » insiste-t-elle.
« Le bachelor est un véritable outil d’ascenseur social »
Si le bachelor est de plus en plus plébiscité par les étudiants, quelle insertion professionnelle leur garantit-elle ? On pourrait penser en effet penser que le bachelor est pénalisé du fait de la grande popularité en France des profils bac +5. « On a tendance à dire qu’en France, point de salut sans bac +5, confirme Alice Guilhon. Cependant cette logique est réservée aux familles qui en ont la connaissance. Or beaucoup ne voient pas leurs enfants aller à bac +5 et recherchent plutôt des programmes qui leur permettent d’aller assez tôt vers une professionnalisation. » Pour la présidente de la CDEFM, le bachelor s’illustre donc comme un véritable outil d’ascenseur social puisque qu’il donne le goût des études et permet de se donner l’envie de les continuer. « En bref, il permet de faire à peu près ce que l’on veut : continuer ses études ou entrer sur le marché du travail avec un taux d’employabilité et une rémunération assez hauts pour un premier job. » Seul écueil à prendre en compte : le bachelor peut constituer un frein au moment de postuler à un poste de cadre supérieur ou de dirigeant. « Les diplômés de bachelor vont plutôt avoir des postes opérationnels tandis que les managers seront passés par des prépas, analyse Alice Guilhon. D’où l’intérêt de reprendre ses études après un bachelor si l’on souhaite monter en grade ! »