Le CESE a dévoilé son « rapport annuel sur l’état de la France en 2015 » le 23 septembre 2015. Présenté à la presse dans la matinée par son rapporteur Daniel-Julien Noël, avocat et ancien journaliste, il a été voté dans l’après-midi par l’assemblée plénière du Conseil Economique, Social et Environnemental.
« La France est à un tournant aux plans sociologique, économique et environnemental » a considéré Daniel-Julien Noël.
Un tournant sociologique alors qu’au lendemain des attentats du 7 janvier 2015, le pays se soude autour de son modèle républicain et laïc.
Un tournant économique alors qu’un frémissement de reprise se faire sentir, et que l’effet sur l’emploi ne devrait se manifester au mieux qu’en 2016.
Un tournant environnemental alors que la France accueille la COP 21 au moment où les défis environnementaux semblent enfin faire l’objet d’une réelle prise de conscience mondiale.
Ce tournant doit s’accompagner d’un sursaut collectif
« Pour prendre ce virage et accélérer, il faut aussi un sursaut collectif, a averti le rapporteur. Que tous les acteurs sociaux, économiques et politiques prennent leurs responsabilités. »
Ce sursaut est crucial qu’alors que la BCE vient de décider d’injecter 1 100 milliards de liquidités sur 15 mois dans le système financier afin de favoriser le retour de l’investissement. La BCE a été acculée face au risque de déflation, qui semble désormais s’éloigner. Une stratégie menée depuis des années par la Fed Outre-Atlantique.
« Une politique d’assouplissement quantitatif réussie génère de l’investissement, une reprise de l’activité économique et des emplois. A supposer que les banques et le système financier jouent le jeu en injectant les liquidités reçues de la BCE dans l’économie réelle. Il y a une ardente obligation que la BCE surveille que cela sera fait. »
Halte au déclinisme !
Au-delà des constats chiffrés, Daniel-Julien Noël a insisté sur un « parti pris de mettre en exergue ce qui nous tire collectivement vers le haut ; ce qui nous unit et les nombreux atouts de notre pays. » Le CESE rappelle et souligne des atouts forts pour l’activité et l’unité nationale :
Une démographie dynamique, la France étant le pays le plus fécond de l’UE.
Un cadre institutionnel et démocratique stable qui permet une alternance sans heurts.
Le second espace maritime mondial derrière les Etats-Unis, avec 2 millions de Km2. C’est un atout à la fois géopolitique et économique (nouvelles ressources, développement des activités portuaires, etc…).
Un modèle social, certes déficitaire, mais dont les valeurs de solidarité, de répartition et d’assistance, font référence dans le monde.
La France est toujours le numéro un du tourisme mondial. Cet attrait est lié à la fois à la situation géographique centrale du pays en Europe, son climat, la richesse de ses territoires, la qualité de sa gastronomie et une politique de valorisation du patrimoine développée.
Un modèle associatif unique et très dynamique avec plus de 1,3 million d’associations et 16 millions de bénévoles.
« La France bénéficie en outre d’une combinaison à haut potentiel de ses hommes, ses entreprises, ses territoires, ajoute le rapporteur. Son tissu industriel couvre un large spectre de segments et activités et on observe un développement remarquable de jeunes pousses/start-up. »
Réduire les inégalités, un défi social à relever
Le rapporteur a souhaité mentionner un bémol majeur à cette volonté d’inviter à l’espérance, dans un souci de réalisme et dans une perspective sociale, car cruciale pour la cohésion nationale. « Nous observons une inquiétante montée de la précarité et de la pauvreté dans deux zones de nos territoires. Chez les 11 millions habitants qui vivent en périphérie des villes et dont nous connaissons les difficultés. En revanche, nous savons moins que les 12 millions d’habitants des zones rurales font eux aussi face à une montée de la précarité. »
Pour une nouvelle dimension du pacte national
« Il est temps pour les politiques de dépasser les impératifs du court terme pour s’engager sur un cap de long terme et dessiner une ambition pour la France, a conclu Daniel-Julien Noël. En préparant ce rapport, nous avons constaté de nouvelles aspirations des Français pour que notre pacte social, économique et environnemental prenne une nouvelle dimension. »
Durant son enquête, le CESE a ressenti un désir pour sortir du mode consumériste, productiviste, pour renouveler les rapports sociaux. Le rapport décline les apports à retirer du développement des économies circulaire, de la fonctionnalité (partager les biens plutôt que de les posséder) et l’écologie industrielle et territoriale. « Après janvier 2015, les Français ont exprimé une espérance d’un nouveau tournant, j’espère que cela se fera. »
Le CESE insiste en résumé sur trois impératifs :
Confirmer la reprise de la croissance
Renforcer la cohésion nationale
Faire enfin du développement durable un axe stratégique
Pour consulter l’intégralité du rapport, rubrique « Rapport annuel » sur www.lecese.fr
A. D-F