Tout juste émancipé de la galaxie Rio Tinto, le français Constellium, – ex Alcan EP -, est en ordre de marche pour réinventer son avenir de leader mondial de la transformation de l’aluminium. Plein feux sur un groupe ambitieux avec Christel Bories (HEC 86), directeur général.
« L’entreprise vit avec soulagement et optimisme cette nouvelle page qui s’ouvre. Nous savions depuis 2008, rappelle Christel Bories, que Rio Tinto avait fait le choix de se désengager des activités « aval », de transformation. La crise économique mondiale et le long processus de cession de notre entreprise ces trois dernières années ont été difficiles pour nos 9 500 collaborateurs.» L’histoire de Constellium puise ses racines au sein du groupe Pechiney, l’un des plus beaux fleurons de l’industrie tricolore. Un héritage prestigieux, qui a continué de prospérer lorsque le canadien Alcan, en 2003, s’en est emparé, puis quand ce dernier a lui-même été absorbé par l’anglo-australien Rio Tinto. S’appuyant sur une nouvelle structure d’actionnariat autour du Fonds Stratégique d’Investissement (FSI) et du fonds d’investissement Apollo Management, auxquels Rio Tinto a cédé 51 % du capital, en gardant quant à lui 39 %, l’ancien Alcan EP, qui regroupait des actifs de Pechiney, d’Alusuisse et d’Alcan, s’appelle désormais Constellium. Cette nouvelle donne lui permet de retrouver « un nouveau souffle et une grande ambition, assure Christel Bories : celle d’être non pas l’acteur le plus grand, mais le plus respecté et le profitable de l’industrie des produits d’aluminium à haute valeur ajoutée. »
Une recherche et un outil industriel de pointe
Leader mondial des pièces de structures pour le fuselage des avions, n°1 européen des grands profilés pour les transports, premier fournisseur européen d’aluminium pour les fabricants de canettes : le savoir-faire historique de Constellium dans ses métiers de la transformation de l’aluminium n’est plus à démontrer. « Ultra-léger, une résistance mécanique exceptionnelle et recyclable à 100 %, l’aluminium est un métal d’avenir pour beaucoup d’industries, dont l’automobile, secteur pour lequel l’allègement et la recyclabilité sont des atouts majeurs face aux contraintes environnementales (diminution de la consommation de carburant, baisse des émissions de CO2), explique Christel Bories. Avec une croissance annuelle de la demande comprise entre 5 et 6 %, supérieure donc à la croissance économique mondiale, l’aluminium répond aux grands enjeux planétaires de développement durable. Nos perspectives pour l’avenir sont aussi solides que l’est la plateforme de compétences sur lesquelles nous avons construit notre leadership : technologies de pointe, maîtrise industrielle et savoir-faire unique de nos équipes. » Son avancée technologique de leader, Constellium la doit d’abord à son Centre de Recherche. Installé depuis plus de quarante ans à Voreppe, près de Grenoble, ce centre de R&D de classe mondiale mobilise 70 chercheurs et une centaine de techniciens sur les nouveaux alliages, les propriétés etles technologies de laminage, de fonderie et d’extrusion.Il la fait fructifier aussi grâce à l’excellence de son outil de production, composé de 24 sites industriels, majoritairement implantés en Europe, mais aussi aux Etats-Unis et en Asie.
Le développement
des compétences
de nos collaborateurs est une préoccupation majeure pour nous
car nous devons
relever de grands
défis à l’international tout en continuant de maintenir nos filières technologiques au niveau d’expertise le plus élevé.
Des ambitions portées par une demande mondiale soutenue
Pour les industriels du monde entier, faire le choix de l’aluminium, c’est faire le choix d’une matière première respectueuse de l’environnement, « nos approvisionnements en aluminium reposent pour deux tiers sur du métal recyclé et pour un tiers sur de l’aluminium primaire ». Avec des investissements de modernisation et de développement importants, notamment en France, le groupe va passer à l’offensive sur ses « trois grands axes de croissance que sont l’aéronautique, l’automobile et l’emballage. Transversal à ces trois industries, précise Christel Bories, le recyclage est aussi un enjeu majeur. Aujourd’hui, le taux de recyclage de l’aluminium dans l’industrie du bâtiment ou automobile est de 95 % pour les emballages. Des progrès doivent encore être réalisés : 65 % seulement de l’aluminium utilisé pour les boîtes de boisson en Europe sont aujourd’hui recyclés. Notre objectif est d’atteindre 75 % d’ici cinq ans. » La pénétration des pays émergents, et notamment du marché chinois, représente pour Constellium un autre enjeu d’avenir : « Nous travaillons sur plusieurs projets de développement dans des zones où nous ne sommes que peu ou pas présent. La Chine est un bon exemple – nous n’y avons qu’une joint-venture, avec un partenaire local. »
Des compétences ciselées
Positionné sur les produits à haute valeur ajoutée, détenteur d’un portefeuille inégalé d’alliages propriétaire brevetés et en pointe sur des segments de marchés de spécialités, Constellium mise sur les talents pour poursuivre sa belle aventure industrielle. « Nous sommes en train, précise Christel Bories, de redéfinir notre politique RH et d’élaborer une cartographie très fine des besoins de nos filières techniques et opérationnelles. Grâce à ce nouvel élan que nous apporte notre indépendance, nous avons l’ambition d’attirer vers nous de nouveaux talents : des jeunes diplômés d’écoles d’ingénieurs pour nos usines et notre Centre de Recherche, traditionnellement point d’entrée privilégié pour rejoindre notre groupe, ainsi que des écoles de commerce pour nos fonctions managériales et commerciales. Les métiers de la Qualité, ceux de la supply chain ainsi que nos fonctions Achats, ,que nous avons entrepris de renouveler, leur offrent de belles opportunités. » Fort d’une gestion précise des ressources humaines, grâce notamment à un suivi des hauts potentiels, à une politique de formation adaptée et à une gestion dynamique des carrières, Constellium accueille également des stagiaires dans tous ses métiers. Le groupe souhaite, en outre, renforcer son implication dans la formation par alternance des élèves-ingénieurs. « Le développement des compétences de nos collaborateurs est pour nous une préoccupation majeure car nous devons relever de grands défis à l’international tout en continuant de maintenir nos filières technologiques au niveau d’expertise le plus élevé. »
Un parcours d’exception dans la métallurgie
Démontrant qu’une femme peut aussi faire une belle carrière dans l’industrie, Christel Bories, diplômée de HEC, a démarré son parcours dans un cabinet de conseil en stratégie. Nommée vice-présidente en charge de la stratégie et du contrôle de gestion du sidérurgiste belge UMICORE, elle découvre le monde de la métallurgie « par hasard » et rejoint, en 1995, aux mêmes fonctions le groupe Pechiney. « Le monde des produits et des usines m’a toujours attirée et jamais je n’ai eu envie de me projeter dans l’univers du service. » Sa trajectoire au sein du géant français la conduit, en 1999, à la direction du secteur Emballage, poste qu’elle conservera après l’OPA d’Alcan : « La grande majorité des postes que j’ai occupés ont tous été marqués par une très forte exposition à l’international. J’ai vécu des moments très intenses dans cette industrie, où l’opportunité m’a été donnée d’occuper à la fois des postes fonctionnels et opérationnels. Les deux OPA en dix ans que nous avons connues se sont accompagnées de réorganisations complexes mais souvent passionnants. Ainsi, à la tête de la division packaging d’Alcan j’ai eu à gérer, entre 2004 et 2006, la fusion de trois sociétés différentes, impliquant 33 000 personnes et 180 usines dans le monde. Redessiner les contours d’un grand groupe à partir d’une constellation d’entités présentes sur tous les continents en optimisant leur potentiel de talents et en remodelant leur l’organisation a été un chantier colossal et enrichissant. »
La diversité, un atout pour gagner
Assurant que son profil de femme diplômée d’une grande école de commerce n’a jamais été un frein à sa carrière industrielle, Christel Bories souligne que « si vous travaillez et que vous démontrez vos qualités en atteignant les résultats attendus, la singularité n’est pas un obstacle. Elle est au contraire même un avantage car une approche différente enrichit le collectif et ne peut être que récompensée, à fortiori dans un groupe international comme le nôtre, où la multiculturalité et la diversité des équipes constituent des avantages compétitifs essentiels. Les jeunes diplômés doivent avoir de l’audace et savoir prendre des risques pour s’inventer un parcours qui sorte des sentiers battus. La métallurgie, c’est de haute technologie et l’’aluminium, c’est une industrie d’avenir qui a besoin de talents créatifs, courageux, portés par des valeurs personnelles qui permettent de se construire une crédibilité et une légitimité. Il ne suffit pas d’être intellectuellement brillant pour évoluer tout au long de son parcours : un investissement soutenu dans le travail et un leadership personnel développé sur un socle de valeurs exigeantes sont indispensables pour être en capacité, par l’exemplarité, d’interagir avec les autres et d’entraîner ses équipes derrière soi ! »
CG
Contact : www.constellium.com