© Xavier Granet

YVES POILANE, L’HOMME QUI RELIE LES HOMMES

Au-delà des aspects technologiques et des enjeux économiques, Yves Poilane envisage le numérique comme le vecteur essentiel de lien entre les hommes et de diffusion des connaissances. Plus qu’un regard sur son secteur, le directeur de Télécom ParisTech en a fait le fil rouge de sa mission au service de l’intérêt général.

 

DE L’ESPACE AUX RÉSEAUX TÉLÉCOMS

Jeune homme, Yves Poilane marie appétence pour les sciences et goût des lettres classiques. En sciences, il apprécie l’approche mathématique de la physique. « J’aimais comprendre les phénomènes physiques, comment les objets se déplacent et résoudre les équations qui se cachent derrière ! » Par le biais de sa passion, l’astrophysique et l’astronomie, il en vient à s’intéresser aux satellites de communications et à opter pour le corps des télécoms après Polytechnique. « Après un stage aux Etats-Unis chez le leader mondial des satellites, j’ai failli être recruté au centre de recherche de France Telecom (le cent, à l’époque) dans le domaine des satellites. Le poste n’a finalement pas été ouvert et j’ai débuté au déploiement d’un réseau terrestre en région. Cela s’est finalement révélé une chance alors que les télécoms explosaient ! »

ACCOMPAGNER DES TRANSFORMATIONS PROFONDES

Il s’épanouit durant une carrière très variée chez Orange. « J’ai réalisé un parcours d’une grande richesse tant géographique qu’en termes de fonctions. » Il fait un détour par la direction du développement de Telecom Bretagne à Brest, puis travaille à Lyon, à Boulogne Billancourt, à Amiens, avant de prendre la direction territoriale de l’Ile-de- France de l’opérateur. « La direction comptait 12 000 personnes et notre défi était la transformation de l’entreprise, sans licenciement, afin de gagner en agilité et en compétitivité sur un marché ouvert. » Dans ce poste qu’il occupe juste avant de rejoindre Télécom ParisTech, il se découvre le goût de l’accompagnement de transformations profondes.

UNE AUTRE FAÇON DE REMPLIR SA MISSION D’INGÉNIEUR DU CORPS

Yves Poilane est contacté par un chasseur de tête à la recherche du directeur de Télécom ParisTech en 2007. Prendre la tête de la première école des télécoms (dont il est diplômé) est certes un virage, mais il y voit une « autre et belle manière de remplir ma mission d’ingénieur du corps. Former des ingénieurs de haut niveau, produire une recherche utile pour une société et une économie en pleine transformation numérique, est devenu ma manière de servir l’intérêt général et plus largement le pays. »

MENER TÉLÉCOM PARISTECH JUSQU’EN 2019

Depuis 2007, la place et les enjeux du numérique n‘ont cessé de croître. Ils se couplent aux enjeux propres à l’enseignement supérieur qui motivent aussi le directeur. « Nos défis sont nombreux : exister dans la concurrence internationale, s’intégrer à un projet majeur pour le pays (Université Paris Saclay) sans perdre son identité, et rechercher des fonds propres pour nourrir notre développement. Je trouve une vraie noblesse à accompagner les équipes dans les changements majeurs que nous vivons, à les leur faire accueillir comme porteurs d’opportunités. » Yves Poilane est entré en 2016 au Conseil National du Numérique et est le Vice-Président de l’association Pasc@line de promotion des métiers du numérique auprès des jeunes. Il souhaite mener l’école au moins jusqu’à son déménagement à Saclay en 2019. « Je fêterai mes 60 ans sur le Plateau ! »

RELIER LES HOMMES

« Au fil de mon parcours, j’ai fondé mon moteur profond : relier les hommes. Je me reconnais dans cette mission liée aux deux grandes fonctions des télécoms : permettre la communication et l’accès à la connaissance. »

 

LE MOT D’HERVÉ BIAUSSER, DIRECTEUR DE CENTRALESUPÉLEC

« Yves est une personnalité attachante, bouillonnante et prolixe. J’apprécie son francparler. Il est souvent celui qui dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. C’est aussi quelqu’un de très méthodique. Il est l’homme du numérique par essence : son ordinateur semble faire partie intégrante de lui-même ! J’apprécie beaucoup nos échanges. Nous sommes tous les deux très matinaux. Il m’arrive de passer à Télécom ParisTech avant de me rendre à CentraleSupélec pour refaire le monde avec lui autour d’un café, parler des projets de l’Université Paris Saclay. »

 

Ariane Despierres-Féry