WeDressFair
Antoine Coulaud et Marie NGuyen, cofondateurs de WeDressFair © WeDressFair

WeDressFair : pour une mode responsable

Diplômée d’un master en biotechnologie, Marie NGuyen a très vite laissé de côté la recherche pour se tourner vers la mode éthique. Aujourd’hui, avec le lancement de son marketplace responsable, WeDressFair, elle espère sensibiliser acheteurs et créateurs de vêtements.

WeDressFair, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’un site internet qui référence et propose à la vente des vêtements de marques responsables. Nous ne vendons que les produits issus d’entreprises qui se soucient de leur impact environnemental et veillent à ce que tous les employés, sur l’ensemble de la chaîne, soient payés et traités justement. Pour nous assurer de la bonne conduite de nos marques partenaires, nous nous appuyons sur les labels et certifications reconnues dans le milieu de la mode. Nous sommes également en train de créer un « Conseil des Sages », constitué d’experts du secteur qui iront sur le terrain vérifier les conditions de travail des collaborateurs des marques.

WeDressFair
Aperçu de WeDressFair, lancement la semaine du 7 mai 2018

Comment avez-vous créé cette plateforme ?

Mon diplôme de master en biotechnologie en poche, j’ai travaillé pour l’Institut Curie. Après 2 ans, j’ai eu envie de monter un projet de revalorisation du textile. En effet, le recyclage de vêtements coûte très cher. J’ai donc créé une plateforme qui mettait en relation les particuliers afin de partager les chutes de tissu ou des vêtements dont ils souhaitaient se débarrasser. J’ai ensuite été sélectionnée pour le parcours d’entrepreneurs Ticket For Change. J’y ai rencontré le cofondateur de notre startup : Antoine Coulaud. Nous nous sommes rendu compte que nos projets étaient similaires et nous avons donc décidé de créer WeDressFair ensemble.

Pourquoi ce saut de la biotechnologie à une startup dans la mode ?

C’est un concours de circonstances. Je ne trouvais plus de sens dans mon travail et je me suis donc engagée auprès de l’association Le Carillon ainsi que dans une ressourcerie. J’ai alors été confrontée au gaspillage vestimentaire. J’ai décidé d’agir lorsqu’un sans-abri m’a demandé des sous-vêtements. J’ai donc acheté une machine à coudre et en 3 semaines, j’ai appris à faire des culottes à partir de t-shirts.

La biotechnologie, c’est fini pour vous ?

Je ne pense pas. En effet, la biotechnologie a de nombreuses applications dans le textile, comme la création de faux cuir. C’est un domaine porteur de solutions notamment dans le recyclage des vêtements. Aujourd’hui, ils sont déposés dans des décharges à ciel ouvert et leur dégradation pollue le sol. Avec la biotechnologie, on peut imaginer des bioréacteurs pour une dégradation biologique et écologique, par exemple.

Comment votre formation vous aide-t-elle au quotidien ?

Il y a de nombreux aspects qui sont communs à la recherche et à la création d’entreprises comme la communication ou la vulgarisation. Aujourd’hui, je suis responsable du marketing digital et je me suis rendu compte que ce domaine comporte des démarches identiques à celles d’une thèse : poser des hypothèses, faire des mesures, analyser et prendre des décisions, par exemple. Ma formation à l’Université Paris-Sud m’a inculqué une rigueur scientifique qui m’a été très utile pour la création de WeDressFair.

Où en est WeDressFair aujourd’hui ?

Nous sommes actuellement hébergés au sein de l’incubateur MakeSense à Paris. Nous venons de terminer la campagne de crowdfunding. Nous avions besoin de 6 000€ et nous avons récolté 11 500€, ce qui prouve que ce sujet intéresse. Notre site sera mis en ligne la semaine du 7 mai 2018 avec près de quinze marques femme et homme. Nous serons ainsi le premier marketplace dédié à la mode responsable de France.

Quel avenir pour votre startup ?

D’ici un an, nous espérons héberger une cinquantaine de marques et nous ouvrir sur la mode enfant. Puis nous espérons intégrer les marques internationales d’ici 2 ans. Notre ambition est de faire de la mode éthique une norme. Enfin, nous pouvons imaginer un développement du site sur d’autres continents, en privilégiant toujours les circuits courts.