SELON L’HISTORIEN BRITANNIQUE CHRISTOPHER DAWSON, « LE PLUS GRAND OBSTACLE À LA COMPRÉHENSION INTERNATIONALE EST LA BARRIÈRE DE LA LANGUE ». LA PLUPART DE NOS MEILLEURES GRANDES ÉCOLES OU UNIVERSITÉS ONT DÉJÀ ESCALADÉ CETTE BARRIÈRE LINGUISTIQUE. POURTANT, NE PLUS COMMUNIQUER UNIQUEMENT EN FRANÇAIS NE SUFFIT PLUS AUJOURD’HUI À RENDRE UN ÉTABLISSEMENT INTERNATIONAL.
De nos jours, une école ou université qui se veut internationale est peuplée d’étudiants et de professeurs des quatre coins de la planète. Le défi lancé par ce recrutement est de taille. Toutes les institutions cherchent les meilleurs professeurs, et une grande école ou université en France se trouve face à des concurrents étrangers qui disposent d’arguments forts pour séduire les enseignants-chercheurs. Pire, ces mêmes arguments – budget, équipements, prestige, cadre de vie – parlent également aux étudiants. Résultat, attirer les meilleurs enseignants- chercheurs et étudiants du monde n’est pas une mince affaire. Pour essayer d’y répondre nos grandes écoles et universités peuvent s’appuyer sur le triptyque marque, différenciation, territoire.
A vos marques
De tous ces éléments c’est celui de la marque qui influence le plus. Si Harvard n’avait pas son campus à Cambridge, Massachusetts, mais à Akron, Ohio, son nom et renom attireraient toujours la crème des étudiants et des professeurs. A un degré moindre, un territoire et un environnement peuvent aider le recrutement.
Par exemple, le fait que Nantes soit une ville attractive, dynamique et verte, reconnue dans le monde en tant que telle permet d’attirer de nombreux professeurs et étudiants internationaux.
Enfin, la troisième voie pour asseoir et développer une attractivité à l’international est celle de la différenciation. Une école ou une université qui parvient à se différencier, en termes d’identité, de valeurs, d’expertise… sera identifiée grâce à ses caractéristiques propres par les professeurs et les étudiants à l’étranger.
Ces deux dernières dimensions peuvent compenser, jusqu’à un certain point, le manque relatif de la visibilité d’une marque. Ainsi, pour les étudiants, la localisation, les accréditations et les classements jouent un rôle important dans leur choix. De la même façon, les programmes, les enseignements proposés, et la qualité du corps professoral peuvent s’avérer décisifs.
L’effet réseau
Chez les professeurs, l’effet réseau peut exercer également une influence. Très souvent, un enseignant- chercheur qui apprécie ses conditions de travail (qui sont sources de différenciation pour les professeurs) échange avec ses collègues rencontrés à un séminaire scientifique ou lors d’un travail de recherche commun, et cela facilite d’autant plus les recrutements futurs. La reconnaissance à l’international peut être renforcée enfin par des implantations à l’étranger, puisque cela permet de toucher directement les marchés locaux et de recruter des étudiants et des professeurs dans les pays où se situent les campus. Par exemple, notre objectif à Audencia dans le cadre de notre plan stratégique Audencia 2020 est d’atteindre un taux d’internationalisation (en termes de nationalités) de notre faculté de 50 % (contre 38 % aujourd’hui) et de notre cohorte d’étudiants de 40 % (contre 28 % aujourd’hui). Les 2 nouveaux campus que nous implanterons à l’étranger, en collaboration avec des institutions locales, dans les 5 ans à venir, doivent nous permettre d’atteindre cet objectif. Il s’agira de développer des activités de formation et de recherche à l’étranger s’adressant à des publics locaux (étudiants et entreprises) conduites par une faculté internationale propre à l’école.
A l’évidence, une école ou une université qui ambitionne d’être un acteur global doit être en mesure de dispenser ses savoir-faire en enseignement et recherche, non seulement sur son territoire d’origine mais également dans plusieurs pays. Cela en sauvegardant sa qualité, ses valeurs et son identité : car aujourd’hui le terrain de jeu est planétaire !
Par Christophe Germain, Directeur général
d’Audencia Business School