TBS Education : former les étudiants aux « controverses productives » Le temps où l’on se crêpait le chignon entre amis ou en famille sur des questions politiques avant de se réconcilier autour d’un bon plat, semble aujourd’hui une époque bénie. Dans l’enseignement supérieur aussi, les relations se tendent. Les réseaux sociaux et leurs algorithmes n’y sont pas pour rien, enfermant chacun dans des bulles de croyance où la contradiction est absente.
L’idée d’enseigner de manière structurée l’art du débat contradictoire, l’échange nourri d’informations vérifiées, a germé dans l’esprit d’une équipe de professeurs toulousains, préoccupée par la montée de cette culture de l’affrontement.
L’idée est d’attribuer une opinion par tirage au sort à une équipe. Celle-ci-défend une position. L’équipe adverse la met en cause. Chacun a un droit de réponse. Un jury se réunit alors pour trancher, en évaluant tout particulièrement la validité des sources utilisées, en repérant les éléments fallacieux, avec une grille pour l’aider à se prononcer.
« Nous avons démarré sur la question de la transition écologique. Certains étudiants pensent qu’il suffit aux entreprises de « verdir » leurs produits. D’autres prônent des mesures plus radicales. Les discussions sont souvent conflictuelles », observe Aurélien Feix, enseignant-chercheur spécialisé dans les questions d’éthique et de responsabilité sociale, à l’origine de ce dispositif original lancé cette rentrée par TBS Education, école de commerce à mission.
Apprendre l’art de débattre
Après la confrontation des opinions, le dispositif amène les jeunes à avancer, de manière encadrée, vers des compromis, une fois encore, en s’appuyant sur des données. Il s’agit de sortir de la polarisation des idées pour arriver à des solutions réalistes et acceptables.
L’initiative, lancée par Aurélien Feix et ses collègues, est modeste, destinée à s’améliorer en fonction des retours, et surtout conçue pour pouvoir se dupliquer ailleurs. Elle s’inscrit dans une initiative plus large menée par l’école toulousaine, visant à promouvoir la controverse productive.
L’école a en effet adopté une charte sur les débats d’idée et propose une séance de cours sur le phénomène de polarisation en premier semestre du Programme Grande École. Apprendre à vérifier ses informations, à chercher ensemble des solutions plutôt que de s’affronter n’est pas un luxe pour la démocratie. « A quand des formations systématiques à l’art de débattre dans tous les lycées, les universités et les grandes écoles ? », interroge Aurélien Feix.