C’est pour retrouver le goût des tomates de son grand-père que Romain Schmitt a créé en 2019 sa startup Farm3, après son master de biologie synthétique à l’université Paris-Saclay. Un projet qui pourrait également faire avancer la recherche sur les végétaux et le dérèglement climatique. Rencontre avec le fondateur et CEO.
Comment est née la startup Farm3 ?
Romain Schmitt : Au départ, j’ai voulu répondre à la question : « Pourquoi est-ce que je ne retrouve pas le goût des tomates de mon grand-père dans celles que j’achète ? », d’un point de vue génétique.
Nous sommes de plus en plus nombreux sur la planète et pour tous nous nourrir, les graines sont sélectionnées pour produire plus et résister au transport. Conséquence, elles produisent 5 fois plus de tomates mais sont 5 fois moins nutritives et mettent 2 000 km en moyenne à arriver dans l’assiette.
Alors, quelle solution proposez-vous ?
Avec Farm3 nous avons voulu faire l’inverse : déplacer la production au plus près de la consommation en supprimant le transport et en ayant le meilleur potentiel gustatif possible. Nous proposons donc un « cube » : une ferme verticale modulable de 15m2 au sol qui peut abriter jusqu’à 15 000 plantes.
En quoi est-ce innovant ?
D’abord, le cube est comme une sorte de meuble Ikea monté sur place et que l’on peut mettre partout (dans une cave, un garage, sur un toit, dans un bureau, dehors….). A titre d’exemple, nous avons vendu le premier cube à un restaurant gastronomique. Le but est de réutiliser des espaces inutilisés et les réadapter.
Ensuite, nous avons développé une technique de culture hors sol : les racines poussent en l’air et nous pulvérisons un nuage d’eau et de nutriments qui permet d’économiser plus de 98 % d’eau. Autre avantage : les plantes poussent 30 % plus vite car sont très friandes d’oxygène.
Enfin, nous avons créé un logiciel cloud Farm3.0 au sein du cube qui contrôle tous les paramètres du climat, de manière totalement automatisée et qui s’assure que tous les paramètres soient rassemblés pour que la plante grandisse dans le meilleur environnement possible toute l’année.
En quoi votre cube peut-être utile dans la recherche ?
Mon équipe d’agronomes développe des recettes de croissance uniques qui sont une combinaison de paramètres climatiques et nutritifs adaptés à chaque plante. Ces recettes peuvent répondre aux besoins de laboratoires pharmaceutiques ou cosmétiques qui pourraient être intéressés par certaines molécules ou plantes.
Cela peut-être aussi un outil de recherche pour le dérèglement climatique car on peut, grâce au cube, se projeter et créer le climat d’un pays donné dans 5 ans et voir si les plantes actuelles pourront toujours y pousser. Nous avons aussi la possibilité de faire des études pour savoir quelles plantes pousseraient le mieux dans ce type de climat. Sur ce sujet, nous souhaitons aussi créer un centre d’étude sur les dérèglements climatiques.
Vous avez été incubé à Télécom Paris. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?
Télécom Paris Entrepreneurs m’a apporté un réseau et une visibilité assez énorme dont je n’avais pas conscience. Grâce à l’incubateur, j’ai été contacté rapidement par Europe 1, j’ai été invité à Vivatech et Emmanuel Macron est passé sur notre stand. C’est une opportunité exceptionnelle pour une jeune entreprise.
Ensuite, j’ai pu bénéficier de conseils personnalisés d’experts très à l’écoute. Je peux les appeler sur n’importe quel sujet ayant trait à l’entrepreneuriat.
Que pensez-vous du terme Startup Generation ?
Le terme startup permet de se sentir intégré à un écosystème, de se regrouper. Personnellement, je suis surtout fier d’avoir une société, et j’utilise davantage ce terme que celui de startup.
Néanmoins, l’écosystème qui se crée autour des startups est inévitable, on le voit notamment sur la partie financement. La FrenchTech ne donne pas la même chose en fonction du type de société car elle veut faire émerger des innovations.
Contact
LinkedIn : Farm3