VetAgroSup école vétérinaire
©VetAgro Sup

Reportage – Immersion dans l’hôpital vétérinaire de VetAgro Sup

A quelques kilomètres de Lyon, le Centre hospitalier universitaire vétérinaire pour animaux de compagnie (CHUVAC) de VetAgro Sup forme la nouvelle génération de vétérinaires et de spécialistes du vivant. Entre soins de pointe, enseignement pratique et recherche médicale, immersion dans cet établissement d’excellence où la santé animale est une priorité.

Une lumière rouge s’allume au-dessus d’une porte, signalant une radiographie en cours. Dans les couloirs du CHUVAC de VetAgro Sup – plus ancienne école vétérinaire du monde créée en 1761 – étudiants en blouses bleues et praticiens confirmés se croisent dans un ballet parfaitement orchestré. Nichée au sein d’un campus verdoyant de 44 hectares à quelques kilomètres de Lyon, cette institution prestigieuse, rattachée au ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, regroupe la médecine vétérinaire de première intention (comme la vaccination), et différentes spécialités telles que la médecine interne, la dermatologie, l’oncologie ou encore la chirurgie. « Le CHUVAC fonctionne avec 140 personnels environ, sans compter les étudiants qui sont 160 par promo. Il accueille 8 000 animaux par an, ce qui représente près de 15 000 consultations » introduit Hervé Royer, directeur du centre hospitalier, en déambulant dans les différents services. Si les vétérinaires spécialistes, internes, résidents et étudiants sont les figures les plus visible, le quotidien de l’établissement repose aussi sur un personnel technique essentiel. « Auxiliaires vétérinaires, techniciens en santé animale, préparateurs en pharmacie, manipulateurs radio, animaliers, secrétaires… Tous sont indispensables à notre centre hospitalier public » insiste-t-il, VetAgro Sup étant l’une des quatre écoles publiques de formation vétérinaire en France.

Double regard, double mission

VetAgroSup école vétérinaire
Crédits Margot Barberousse

La spécificité du CHUVAC se révèle dès l’arrivée d’un patient à quatre pattes. Après un passage au secrétariat où est créé son dossier sur le logiciel inter-écoles, il est dirigé vers l’une des deux salles d’attente – chiens ou chats – « pour que les animaux soient un peu plus tranquilles » explique Hervé Royer. Un étudiant vient ensuite chercher l’animal et son propriétaire pour une préconsultation dans l’un des nombreux boxes alignés dans un couloir.  « Les cinquièmes années dirigent généralement la préconsultation et posent toutes les questions sur les commémoratifs et l’anamnèse de l’animal. Est-il vacciné ? Est-il déparasité ? Depuis quand présente-t-il ces symptômes ? » expose le directeur du CHUVAC. Les étudiants de quatrième année, fraîchement arrivés en établissement hospitalier après trois ans de théorie pure, participent également pour se familiariser avec l’examen clinique. Une étape cruciale mais strictement encadrée. « Jamais les étudiants ne parlent d’hypothèses diagnostiques aux propriétaires. Ils prennent les informations, se font leur idée, puis en discutent avec un senior qui va, ensuite, refaire l’examen clinique avec eux » déclare Hervé Royer en ouvrant la porte d’un micro-amphithéâtre au centre duquel trône une table en acier, attendant son prochain patient. Si cette configuration peut parfois impressionner les propriétaires, c’est là que réside tout l’enjeu du CHUVAC : concilier mission de soin et mission pédagogique. « Avec un propriétaire seul, on va directement à l’essentiel pour obtenir sa compréhension, on n’explique que le diagnostic retenu. Alors qu’avec un étudiant, il faut expliquer le raisonnement et toutes les hypothèses diagnostiques doivent être détaillées » complète Hervé Royer. Ce double regard peut parfois allonger le parcours du client, mais garantit une prise en charge optimale.

Former les vétérinaires de demain

Une fois le diagnostic établi, plusieurs parcours sont possibles pour l’animal. Certains sont emmenés au service d’imagerie, qui dispose d’appareils de radiographies, d’échographes, de scanners et d’IRM, quand d’autres se rendent au service chirurgie qui compte six blocs opératoires. Le CHUVAC intègre également un Service d’Urgences et de Soins Intensifs, le fameux SIAMU. Ouvert 24h/24 et 7j/7, il propose une hospitalisation spécialisée et entièrement dédiée aux animaux en situation critique. Dans ce plateau technique de soins intensifs, les étudiants, au centre, peuvent « tout voir, s’asseoir, discuter et surveiller en direct » les animaux hospitalisés. Des cages surélevées sont disposées tout autour de la pièce. « C’est un concept breveté, précise Hervé Royer. Ces cages SIAMU permettent au manipulateur d’avoir une vision panoramique de l’animal. » Un avantage crucial lors de situations à risques comme « un réveil difficile après une chirurgie, notamment chez les bulldogs qui respirent mal et demandent une surveillance constante » illustre le directeur. Mais le CHUVAC n’est qu’une partie du Centre hospitalier universitaire vétérinaire, qui offre aussi des services spécialisés pour les équidés et les animaux de rente. Une pluridisciplinarité que loue Justine Payant, étudiante en quatrième année. « Depuis septembre, nous faisons des rotations toutes les deux semaines : deux semaines en travaux dirigés et deux semaines en clinique en alternant entre les différents services » explique-t-elle en souriant. Son ambition ? « J’ai envie de devenir un bon vétérinaire généraliste. J’aimerais faire de la mixte rurale canine, c’est-à-dire travailler majoritairement avec les vaches et les ruminants, mais faire aussi de la canine à côté » développe-t-elle. A ses côtés, Pauline Lantz, en blouse grise, a terminé son cursus initial et souhaite de spécialiser en médecine interne pour les animaux de compagnie. Elle a choisi VetAgro Sup pour une raison précise, « l’accréditation nord-américaine de l’école qui permet de passer le NAVLE, une équivalence pour travailler aux États-Unis » révèle-t-elle. Une spécificité que confirme Sébastien Lefebvre, directeur de l’enseignement : « VetAgro Sup est la seule école en France à avoir cette accréditation, reconnue aussi par les Australiens et les Canadiens. Cela simplifie beaucoup les démarches de nos étudiants qui veulent exercer là-bas, et c’est synonyme d’excellence et d’ouverture d’esprit. »

Vers un CHUVAC nouvelle génération

Au-delà des compétences techniques, l’école forme aussi ses étudiants à la réalité du métier. « C’est une profession souvent idéalisée mais qui a des contraintes » prévient Sébastien Lefebvre, évoquant « la relation à la mort, les astreintes horaires et l’accompagnement des propriétaires. » Pour y faire face, VetAgro Sup met l’accent sur les soft skills : « nous faisons venir des acteurs pour jouer des scénarios qui travaillent le côté humain. Si nous voulons avoir des informations sur un animal, il faut que le propriétaire soit en confiance. Cela joue sur les mots que l’on choisit, le ton employé, la posture adoptée » étaye-t-il. Face à ces ambitions pédagogiques et à une activité clinique en plein développement, VetAgro Sup s’apprête à franchir une nouvelle étape avec la construction d’un tout nouveau CHUVAC. « Nous allons passer de 2 500 à 5 000 m2. Ce tout nouveau bâtiment répondra à des contraintes écologiques et environnementales, en utilisant des matériaux recyclés et bois » annonce Hervé Royer. Cette infrastructure, prévue pour être livrée à l’automne 2028, avec une mise en service espérée en janvier 2029, illustre l’évolution de la mission du centre. « Au-delà d’un simple outil pédagogique, le centre hospitalier a aussi vocation à accueillir les animaux, rendre le service de soins et répondre à son environnement économique et territorial » ajoute le directeur. Plus fonctionnel et évolutif, le nouveau bâtiment disposera notamment de « tout un étage dédié à des salles de ronde, de débriefing et des espaces de travail avec des postes informatiques pour les enseignants et les étudiants ». Une métamorphose à l’image de cette institution historique : ancrée dans son héritage pluriséculaire tout en se projetant résolument vers l’avenir.