EquiTerre / HEC Paris
En évoquant le Brésil, nos pensées se portent vers le foot, la samba, Rio, son carnaval et son Christ Rédempteur… mais aussi sa faune et sa flore sauvages, uniques au monde. Est-il vraiment possible et désirable de « ne prendre que des photos et ne laisser derrière soi que des traces de pas » en visitant le Brésil ?
Commerce équitable, développement durable, micro-entrepreneuriat et encore tourisme durable, dont l’écotourisme : autant de mots qui marquent la tendance et les débats de ces dernières années. A l’occasion de la parution du nouveau Guide de l’Ecotourisme du Petit Futé et de l’internationalisation du Routard dédié au tourisme durable, regardons de plus près l’évolution de cette nouvelle coqueluche des voyageurs, avec le cas particulier du Brésil ne figurant pas encore dans ces guides. Or, en 2002, année de l’écotourisme selon l’ONU, le nouveau ministère du tourisme brésilien a lancé un projet ambitieux afin de développer celui-ci sur le sol brésilien.
Selon TIES*, l’ONG de référence en la matière, l’écotourisme est « une forme de voyage responsable dans les espaces naturels qui contribue à la protection de l’environnement et au bien-être des populations locales ». En effet, il est basé sur l’échange et le respect de la nature ainsi que des cultures et communautés. L’écotourisme se positionne comme une réponse à la montée du tourisme de masse et à son impact néfaste sur les ressources naturelles et populations locales. Toutefois, cette définition générale combinée avec un manque d’indicateurs internationaux précis contribue à sa confusion avec le tourisme social ou aventurier alors qu’il est en fait à l’intersection des deux.
Tout d’abord, l’écotourisme donne l’opportunité aux organismes et populations locales de contrôler le tourisme dans leurs régions afin de stimuler l’activité économique tout en préservant leur intégrité culturelle et leurs ressources naturelles. Il permet aussi de sensibiliser les voyageurs et habitants à la nécessité de préserver le capital culturel et naturel des espaces touristiques. D’après une étude d’ABETA, l’association brésilienne d’écotourisme et d’aventure, les écotouristes sont à la recherche d’offres écologiquement responsables ainsi que d’évasion et d’aventure. Ils échangent la routine pour une expérience riche en interactions et dépaysement, renouant avec la nature curieuse, libérée et aventurière de leur enfance. Ainsi, une grande importance est donnée à la diversité des offres pour répondre aux envies des vacanciers.
En outre, l’écotourisme va au-delà des activités touristiques pour inclure des programmes communautaires et sociaux. Depuis 1996, WWF Brésil a mis en place des programmes d’écotourisme incorporant les communautés locales, avec des projets tels que le Tamarin Lion Doré dans la forêt atlantique ou TAMAR pour la préservation des tortues marines. Ainsi, les voyageurs peuvent se promener le long des cascades d’Iguaça, loger au refuge écologique Caiman et parcourir des rivières en canoë, tout en observant des oiseaux, plantes, panthères, capybaras, jacaras ou tamanoirs.
En effet, au-delà de ses fêtes et ses plages, le Brésil compte aussi plus de cinquante réserves écologiques et sept sites naturels classés par l’UNESCO. En raison de l’attrait grandissant de la nature brésilienne, grâce à l’Amazonie, la Forêt Atlantique, le Cerrado et le Pantanal, le Brésil se classe sixième dans le monde en termes de contribution réelle du tourisme au PIB, selon le WTTC**.
Une plus grande transparence et structure de l’écotourisme deviennent nécessaires avec la prolifération d’offres « écotouristiques » et le manque de critères précis sur le sujet, afin d’éviter le « greenwashing » voilant d’un aspect écologique des activités contribuant en réalité à la destruction des écosystèmes locaux. Le Brésil pourrait suivre le modèle du Costa Rica, dont le quart du territoire a été classé parcs naturels et espaces protégés. Cela, combiné avec une coopération grandissante avec des organismes internationaux comme WWF et les populations locales, réaffirmerait l’importance accordée à l’écotourisme par le pays. Le Brésil pourrait ainsi rattraper ses concurrents comme le Costa Rica, dont les offres sont plus connues sur le plan international et où l’écotourisme est devenu une source majeure de recettes.
Il est indéniable que l’écotourisme n’est pas une simple mode mais plutôt la manifestation d’une évolution de la mentalité des voyageurs, gouvernements et organismes internationaux. En devenant des touristes avertis et responsables, nous pouvons tous contribuer à ce changement en recherchant des offres éthiques et écologiques.
* TIES : Société Internationale de l’Ecotourisme
** WTTC : Conseil Mondial du Voyage et du Tourisme
Claire Matz