REGARDS ÉTUDIANTS SUR LA PHOTOGRAPHIE

DU TEMPS POUR OBSERVER, S’ÉTONNER, DÉCONSTRUIRE CE QUI SAUTE AUX YEUX. UN REGARD SINGULIER SUR LE MONDE ET LES ENJEUX QUI NE FONT PAS TOUJOURS LA UNE. UN SMARTPHONE DANS LA POCHE, OU BIEN UN APPAREIL PHOTO : « L’ACCÈS ÉCONOMIQUE N’EST PLUS UN FREIN POUR PRÉSERVER UN MOMENT ET LE GARDER CONTRE L’OUBLI, ATTESTE PHILIPPE LEGRAND, JOURNALISTE ET DIRECTEUR DE LA COMMUNICATION À PARIS MATCH. PLUS QUE LES GÉNÉRATIONS PRÉCÉDENTES, LES JEUNES GRANDISSENT DÉSORMAIS AVEC L’IMAGE, ET DÉFENDENT CE LANGAGE DÈS LEUR PLUS JEUNE ÂGE. AVEC UN TÉLÉPHONE, UN APPAREIL PHOTO, ON A CETTE POSSIBILITÉ DE FIGER TOUS LES INSTANTS À TOUT MOMENT. »

© Alizée Gau
© Alizée Gau

Fort de la conviction que les jeunes photographes amateurs portent en eux une vision différente sur l’actualité, le magazine Paris Match organise depuis 2003 un concours annuel de photoreportage étudiant. L’objectif ? Aller trouver dans le monde étudiant les sujets qu’il faut retenir, capables de faire la une d’une actualité qu’on ne voit pas… En laissant une fenêtre ouverte sur la sensibilité de cette nouvelle génération : « On ne leur demande pas de prendre les risques des professionnels, précise Philippe Legrand. Il s’agit de témoigner d’un instant qu’ils vivent, de partir d’une idée et de la raconter en images. Ce qu’apporte un amateur, c’est peut-être cette fraîcheur et cette spontanéité qui prennent des formes maladroites, à l’opposé de ce qui fait parfois le talent des grands : un automatisme à tout épreuve. Ceux-là savent photographier la guerre ou un acteur de cinéma avec le même aplomb. » A ce défi, toutes les formations de l’enseignement supérieur répondent à l’appel, de Nanterre à Polytechnique, en passant par les grandes écoles de droit, de commerce, d’ingénieurs, ou d’administration. « Tous les établissements qui forment les élites de demain se retrouvent dans ce grand prix.» Pas de profil-type, donc. Pour Philippe Legrand, la raison est simple : « Dire ce que l’on ressent à travers les images est à la portée de tout le monde. »

 

QUE PENSENT, DE LEUR CÔTÉ, LES ÉTUDIANTS DES GRANDES ECOLES DE CE SINGULIER OUTIL D’EXPRESSION ?
Kevin a commencé la photographie à HEC dès sa première année d’école : en investissant dans du matériel d’occasion et en prenant quelques cours via une association sur le campus, il a pu rapidement apprendre les réglages essentiels pour s’amuser en image. « J’aime bien le côté aventure qui va avec la photographie, surtout quand on voyage. Avec mon association, on allait quelques fois faire des raids-photo dans Paris. Je suis parti au Brésil dès la première année, puis au Bangladesh, où j’ai travaillé avec une ONG locale sur un livre-photo : il fallait raconter le travail effectué par l’organisation depuis les dix dernières années, et j’ai participé au reportage. »
Etudiant à Telecom Paris Tech, Johan s’intéresse beaucoup au savoir-faire technique derrière la photographie : « Quand je regarde une image, je suis toujours curieux de savoir comment le photographe s’y est pris, expliquet- il. J’aime prendre des photos techniquement compliquées à obtenir. En basse lumière par exemple, il est difficile retranscrire ce que l’oeil voit dans la réalité. L’oeil, c’est un appareil photo incroyable ! De nuit, il faut être ingénieux pour capturer avec la même précision ce que l’on voit naturellement. » Pour comprendre comment réaliser des photographies publicitaires sophistiquées, Johan suit notamment des tutoriels sur internet. Pourtant, la technique est loin d’être pour lui la dimension la plus complexe en matière de photographie : « Malgré le passage au numérique, je pense que la photographie a gardé le même esprit qu’avant : le plus important, c’est l’histoire de la photo elle-même, le contexte dans lequel on a capturé l’image. Apprendre les réglages de base, ce n’est pas très dur. Mais trouver un regard artistique, maîtriser la composition… – c’est ça, la plus grande difficulté ! »

 

UNE ASTUCE POUR AMÉLIORER LES PHOTOS ?
« Changer d’angle, prendre de la hauteur ou s’accroupir pour avoir un point de vue original… Et surtout, éviter à tout prix la photo en rafale ! » Kevin
« Ne commencez pas avec un vieux livre de technique, mais plutôt avec les conseils d’un ami ! Pour démarrer, il faut prendre le boîtier entre ses mains, sortir dans la rue, et s’amuser avec. » Johan

 

Texte et photos réalisés par Alizée Gau