Que retenir du Congrès 2018 de la CGE des 4 et 5 octobre derniers ? A l’occasion d’une rencontre informelle mercredi 10 octobre, sa Présidente Anne Lucie Wack, Alice Guilhon Présidente du Chapitre des écoles de management et Laurent Champaney Président de la Commission amont sont revenus sur leurs principales préoccupations.
Les grandes écoles font le poids
« Plus que jamais, nos grandes écoles font masse dans leur diversité et leur richesse dans le paysage de l’enseignement supérieur. 40 % des diplômes de grade Master délivrés en France le sont par une grande école et les chiffres d’insertion professionnelle sont au plus haut depuis 2010 » annonce, positive, Anne-Lucie Wack. Se positionnant comme des « acteurs engagés et constructifs », les écoles de la CGE éprouvent cependant de profondes inquiétudes, voire un certaine « ras-le-bol » face à des dérives normatives et une vision de l’enseignement supérieur trop en prise avec les grands ensembles classés dans le classement de Shanghai. Et pourtant, pour de nombreuses écoles « ce qui compte avant tout c’est la réussite de leurs étudiants et leur contribution aux dynamiques territoriales », ajoute Laurent Champaney.
Sur les Bachelor : peut mieux faire
Pour Alice Guilhon, le constat est sans appel : « la ministre n’a pas répondu à notre demande de pousser ces formations courtes très connectées avec le monde de l’entreprise et permettant une insertion professionnelle à Bac +3 ou +4 ». Car depuis plusieurs années, la CGE appelle de ses vœux un système d’accréditations permettant d’éviter la prolifération de formations dotées de ce titre mais sans vrai gage de qualité. Un retard difficilement compréhensible pour la CGE, d’autant plus que l’élaboration de critères objectifs pourrait se faire rapidement, la CEFDG et la CTI ayant déjà exprimé leur capacité à aller dans cette direction.
Sur les regroupements : halte au dialogue de sourds
Non aux injonctions, oui à la discussion. Si la CGE souhaite que ses membres participent de façon active et constructive aux dynamiques de site, elle déplore ne pas avoir été entendue sur les questions d’autonomie et du système de diplomation. Pourquoi entrer dans un regroupement impliquerait-il systématiquement que tous les diplômes soient signés par l’organisme intégrateur ? Quelles conséquences cette double-signature aura-t-elle sur l’indépendance et le processus de diplomation ? Autant de questions sur lesquelles la CGE attend des réponses. « Nos grandes écoles sont des PME innovantes. C’est comme si on les obligeait toutes à fusionner avec de grands groupes industriels. »
Sur l’apprentissage : des inquiétudes liées au nouveau modèle économique
La réforme de l’apprentissage et la collecte de la taxe par les branches professionnelles risquent de pousser certaines écoles (de management notamment) à se questionner sur l’opportunité de poursuivre leurs dispositifs d’apprentissage. Une interrogation d’autant plus forte que les écoles « qui dialoguent avec les entreprises et mettent en œuvre des formations en adéquation avec leurs besoins ne font pas partie des discussions », précise Alice Guilhon. « Ce n’est pas en tuant l’apprentissage dans le supérieur qu’on le réussira dans l’infra bac », ajoute la Présidente de la CGE.
Sur ParcourSup : mention bien
Si depuis fin août « les discussions sont plus ouvertes et les remarques de la CGE mieux prises en compte (grâce à des rendez-vous techniques bi-mensuels), des interrogations subsistent sur ParcourSup ». D’abord, sur le recrutement international, ParcourSup répondant à un calendrier peu compatible avec celui des grandes écoles sur ce sujet. Une situation engendrant notamment des difficultés en termes d’organisation des épreuves de sélection. Autres points de vigilance : la question sociale. « Nous souhaitons que le dispositif permette une convergence des vœux plus rapide, dès juillet, afin de favoriser l’orientation et la mobilité des étudiants. »
« Sur tous ces sujets, les grandes écoles jouent le jeu et veulent contribuer au système collectif. Tous les ingrédients sont réunis pour que ça marche d’où notre ras le bol sur certaines problématiques. Le monde bouge et nous ne comprenons pas que la France prenne du retard » – Anne-Lucie Wack