Sciences Po Toulouse (c) Aude Lemarchanda

Quelle place pour les diplômés en sciences politiques au XXIe siècle ?

 Dans un monde qui se divise, entre Brexit et conflits diplomatiques, les diplômés en sciences politiques ont toute leur place dans notre société contemporaine. Comment ces citoyens engagés et humanistes accompagnent-ils le monde et les entreprises ? Nos experts répondent !

 

Gabriel Eckert (c) Catherine Schroder – Unistra Strasbourg

Pour répondre aux enjeux diplomatiques d’un monde qui se divise et devient conservateur, les écoles en sciences politiques misent avant tout sur l’humanisme. L’objectif est de former les acteurs d’un monde meilleur en s’attachant à transmettre des valeurs de solidarité, comme l’explique Gabriel Eckert, Directeur de Sciences Po Strasbourg et Président du Réseau ScPo. « Nos diplômés sont à l’écoute du monde et observent le retrait de plus en plus important de l’État dans la société et l’économie. Ils y sont sensibles et souhaitent apporter leur pierre à l’édifice. Leur capacité à penser de manière globale et leur agilité d’esprit leur permettent de pouvoir répondre aux problématiques que rencontre le monde actuel. »

Au secours d’une société divisée…

Gabriel Eckert (c) Catherine Schroder – Unistra Strasbourg

Parce que les États et les organisations ont souvent tendance à répéter les erreurs du passé, les écoles en sciences politiques entendent diplômer des étudiants engagés, citoyens, qui ne perdent pas de vue les enjeux sociétaux. Ainsi, les établissements s’appuient sur l’apprentissage de l’histoire pour former des individus responsables. « Cet enseignement est important, car il permet de comprendre comment le monde change et comment ils peuvent influencer ces changements. Il prévient également les étudiants sur l’intérêt de rester unis pour mener à bien ces transformations. Face aux forces qui poussent au déchirement, nos diplômés sont des militants de la citoyenneté et du collectif », affirme Olivier Brossard, Directeur de Sciences Po Toulouse.

Claire Bourgeois (c) ILERI

Pour Claire Bourgeois Directrice de l’ILERI, l’école des relations internationales, le rôle des experts en sciences politiques est plus important que jamais. « Ce sont des humanistes qui œuvrent pour la construction d’un monde meilleur. Peu de gens savent décrypter l’information et l’analyser comme le font nos diplômés. Leurs qualités de discernement, d’esprit critique et synthèse ainsi que leurs connaissances en géopolitique font qu’ils ont un rôle décisif à jouer dans la société. Ils sont capables de comprendre l’actualité et d’aller au-delà des simples faits. »

… et des entreprises !

P. LE FLOCH (c) IEP Rennes

Au sein des organismes privés, les jeunes experts en sciences politiques sont plébiscités et admirés pour leur agilité intellectuelle et leur capacité à prendre du recul. Grâce à la méthodologie unique de leurs écoles, leur adaptabilité fait de ces diplômés des recrues que toutes les entreprises s’arrachent ! « Avec leur ouverture sur l’international, nos étudiants ont un regard différent d’un manager ou d’un financier. L’environnement économique et sociétal autour duquel gravite l’entreprise est de plus en plus complexe. Grâce à son recul critique, un diplômé de Sciences Po a toute sa place. Il est capable de saisir les freins et les réticences de la population par rapport au déploiement d’une technologie sur un territoire par exemple  », commente Patrick Le Floch, Directeur de Sciences Po Rennes.

Des experts tournés vers l’humain

Les diplômés des écoles en sciences politiques sont donc les acteurs du changement sociétal qui se battent pour réduire les inégalités. Pour inculquer ces valeurs, Sciences Po Toulouse propose des cursus orientés vers la lutte contre les discriminations. « Nous disposons d’un master PDG, pour Politique Discrimination Genre qui permet aux étudiants de s’orienter vers des métiers de conseil ou de chargé de mission dans la lutte contre les discriminations. Nous proposons aussi le programme Risque, Environnement, Sciences Santé qui prépare à des métiers altruistes pour les diplômés qui veulent être utiles à la société. Nos autres cursus forment également les futurs cadres de grandes ONG », nous indique Olivier Brossard.

Pour aller plus loin dans l’ouverture de leurs diplômés, les établissements misent sur l’apprentissage des langues, mais aussi le droit, l’économie, la gestion, l’histoire contemporaine et les sciences politiques. Fort de ces compétences, les étudiants travaillent leur capacité à convaincre au travers de cours de débat et de nombreux oraux. « Il ne faut pas les former uniquement sur le savoir-faire, mais également sur leur savoir-être. Ils sont amenés à devenir des ambassadeurs et ils doivent apprendre comment se comporter et échanger.  Pour cela, ils rencontrent des conférenciers, ils réalisent des simulations comme aux Nations-Unies. Ils apprennent très rapidement à devenir professionnels dans leur démarche. Dotés de cette culture du débat, nous leur expliquons que toutes les opinions sont possibles dès lors qu’elles sont argumentées », précise Claire Bourgeois.

Plébiscités par les entreprises, comme par les ministères, les associations et les institutions publiques, les experts en sciences politiques sont une des clés pour rassembler un monde divisé.