Chaque année, depuis la création du programme Erasmus en 1987, de plus en plus d’étudiants réalisent tout ou partie de leur cursus supérieur dans une université étrangère. A tel point que, dans la plupart des Grandes Ecoles, il est aujourd’hui obligatoire, pour obtenir son diplôme, de passer par la case « étranger ».
Anticiper les évolutions sociétales et industrielles
Que les grandes écoles et universités insistent tant pour développer cette pratique auprès du plus grand nombre d’étudiants, c’est parfaitement leur rôle : en tant qu’organisme de formation, leur mission principale est de comprendre et surtout d’anticiper le monde tel qu’il va évoluer, tel qu’il sera au moment où leurs étudiants quitteront leur vie d’étudiant pour entrer dans le monde du « travail », afin de les préparer au mieux à ce monde et à ses évolutions ; à faire en sorte qu’ils puissent y trouver pleinement leur place, et s’y épanouir, personnellement et professionnellement. Il y a quelques années, déjà lointaines, elles insistaient sur l’apprentissage des langues étrangères, bien avant que l’enseignement primaire ne s’en saisisse. Anticipant les impacts de la mondialisation dès le milieu des années 90, tant sur les flux d’informations que sur les flux de personnes, grandes écoles et universités ont compris qu’il fallait aller plus loin : non seulement la maîtrise parfaite d’une deuxième, voir d’une troisième langue était un pré-requis, mais il fallait aussi apprendre à maîtriser le multiculturalisme. Ce travail d’anticipation me semble être le résultat, notamment, de deux composantes essentielles du monde des grandes écoles et des universités :
- une habitude du monde académique à penser au-delà des frontières : les matières n’ont pas frontières, et depuis très longtemps, les communautés d’enseignants- chercheurs se font à l’échelle au moins européenne, si ce n’est mondiale
- des échanges toujours plus étroits avec les entreprises, grandes ou petites, qui sont aux avant-postes des évolutions sociétales et industrielles
Des résultats concrets sur l’emploi des jeunes diplômés
Les anticipations des grandes écoles et universités, en matière de besoin des entreprises, en savoir-faire et compétences, sont traduites dans les cursus, et ensuite soumises au verdict du terrain : quel est l’impact sur l’intégration des jeunes diplômés dans le monde du travail ? Les indicateurs sont multiples : combien de temps entre la sortie de l’école ou l’université et le premier job, le niveau de salaire, le ressenti des étudiants sur l’adéquation entre leur situation et leurs aspirations… Pour ce qui est de poursuivre une partie des études à l’étranger, les résultats sont là : rien que sur le programme Erasmus, plus de 3 millions d’étudiants ont bénéficié de bourses pour effectuer un échange universitaire. Et sur un panel représentatif et récent d’étudiants du programme Erasmus, une étude parue ces jours-ci par le département « Culture et Education » de la Commission européenne apporte un éclairage sans équivoque :
– Les étudiants « Erasmus » seraient deux fois moins exposés au risque de chômage de longue durée que les étudiants restés sur le territoire national
- Les qualités acquises par les étudiants ayant effectué une partie de leur cursus à l’étranger sont recherchées et valorisées par les employeurs. Curiosité, confiance en soi, capacité à s’adapter et à résoudre des problèmes concrets, 64 % des employeurs interrogés en 2014 jugent l’expérience acquise comme importante pour être embauché, contre seulement 37 % en 2007.
Un retour sur investissement garanti
La boucle est bouclée, et si certains hésitent encore, il est grand temps d’envisager sérieusement quelques mois d’études au-delà des frontières de l’hexagone. Car, ce que dit également l’étude, c’est que le programme Erasmus est à l’origine de la naissance d’un million de bébés…
Par Philippe Deljurie, co-fondateur de Meteojob