Pour prendre en main sa carrière et son bonheur, les travaux de recherche nous montrent que la qualité de vie au travail est un facteur prépondérant. Les jeunes générations semblent d’ailleurs en être bien conscientes. Cependant, cette qualité de vie ne se construit pas uniquement de nouvelles conditions extérieures, mais dépend en grande partie de notre capacité à développer et mettre en œuvre des comportements qui vont créer et renforcer notre sentiment de bien-être individuel et collectif.
Accroche-toi, on n’est pas là pour rigoler !
Dès le début de notre vie scolaire et à partir d’une intention louable de protection, se met en place pour la plupart d’entre nous ce que nous appellerons ici le syndrome de l’herbe verte. Celui-ci se manifeste assez simplement : au moment même où l’enfant vit une frustration ou une difficulté liée à sa scolarité, nous instillons en lui l’idée que s’il s’accroche aujourd’hui, le bonheur viendra plus tard. De manière plus formelle, nous dirions que nous avons une culture qui tend à nous faire croire que le bonheur viendrait principalement, dans le futur, après une souffrance nécessaire, d’un ensemble de dimensions contextuelles extérieures à nous même.
A, B, C…. des générations Y, Z…
Les travaux sur les générations Y, soulignent que ces derniers nés entre 1980 et 1999, interrogent voire révolutionnent les comportements et la nature même des relations managériales dans le monde de l’entreprise. Faisant fi des comportements suiveurs et parfois soumis de leurs ainés de la génération X, la génération Y a débarqué dans les entreprises avec une nouvelle relation avec la valeur travail, celui-ci étant avant tout un moyen de s’accomplir personnellement bien plus qu’une finalité, un rapport avec la hiérarchie ne signifiant plus soumission, un intérêt marqué pour l’équilibre vie professionnelle – vie personnelle et le souhait de la prise en considération par l’entreprise des préceptes de la qualité de vie au travail. La génération Z, née entre 1995 et 2015, celle des « utopistes peu dociles »introduira un nouveau modèle managérial et apportera avec elle les tous derniers enjeux du numérique.
La Qualité de Vie au Travail c’est quoi ?
En France a été conclu, le 19 juin 2013 un accord national interprofessionnel (ANI) sur l’égalité professionnelle et la qualité de vie au travail (QVT). Ainsi, si nous devions catégoriser les axes majeurs d’actions pour faire évoluer la qualité de vie au travail nous pourrions proposer trois dimensions : celle de l’intime qui s’intéresse au développement de la personne, la dimension relationnelle et professionnelle qui concerne le développement professionnel et les relations entre les personnes et enfin l’aspect organisationnel qui englobe les conditions de travail et la santé.
Accepter la confrontation au réel pour un bien-être durable
La qualité de vie au travail ne fait pas seule le bien-être des personnes, mais elle y contribue grandement et c’est bien son objet comme l’accord officiel de 2013 le stipule. Il nous semble cependant qu’il est important de garder à l’esprit qu’il n’est pas du ressort des entreprises de prendre en charge le bien-être individuel. Leur mission n’est pas là et leur responsabilité est bien plus de mettre en œuvre les conditions qui permettront à chacun de s’en saisir. Après avoir, pendant des années, fait porter la responsabilité du bien-être (ou de la souffrance) uniquement sur la personne, c’est un écueil important à éviter que de risquer l’excès inverse : tout faire peser sur l’entreprise. Il serait dangereux, et c’est pourtant fréquent, de croire que seules les conditions extérieures peuvent être garantes du bien-être des salariés. Les conditions de notre bonheur sont à 40 % reliées à notre capacité propre à mettre en œuvre les comportements favorables à son émergence, et seulement à 10 % sont dues aux conditions extérieures. Il convient donc bien de réapprendre à prendre la responsabilité de notre bien-être en association avec les moyens que l’entreprise propose.
Pour en savoir plus sur les auteurs :
Dominique Steiler est Professeur à Grenoble Ecole de Management, Titulaire de la Chaire Mindfulness, Bien-être au travail et Paix économique www.mindfulness-at-work.fr
Pierre-Yves Sanséau est Professeur en Gestion des Ressources Humaines à Grenoble Ecole de Management et membre de la Chaire Mindfulness, Bien-être au travail et Paix Economique