La parité Hommes/Femmes, enjeu majeur dans les Grandes Ecoles et dans les Grandes Entreprises
La vocation du think tank Terra Nova est d’apporter une contribution innovante à la société en proposant des solutions politiques décalées. Dans une démarche de rassemblement, de rapprochement des intelligences et de sensibilisation, le rapport du groupe de travail Inégalités Hommes/Femmes de juin 2011, propose l’implication des hommes en tant que levier dans la lutte pour l’égalité des sexes et pour une société plus harmonieuse. Nous avons rencontré Céline Mas, l’un des cinq co-rapporteurs du rapport.
Que propose Terra Nova pour lutter contre les inégalités femmes/hommes ?
Notre idée est qu’on ne peut bâtir l’égalité femmes/hommes sans que les hommes soient impliqués et conscients des limites qu’ils s’imposent eux-mêmes pour rester dans le rôle des « dominants ». Notre société patriarcale et productiviste a des conséquences sur l’équilibre des hommes et présente des coûts cachés pour eux et la société dans son ensemble : espérance de vie plus faible, taux de suicides plus élevé, davantage victimes de comportements addictifs lourds, les exemples d’hommes, en quelque sorte « dominés par leur domination » ne manquent pas. Notre approche est celle de l’ouverture, notre visée celle de l’harmonie et de l’épanouissement conjoint des femmes et des hommes dans la société en luttant contre la domination d’un sexe sur l’autre.
La question doit donc être abordée dans toutes ses facettes ?
Il faut mettre en place de manière concomitante des mesures politiques pragmatiques et efficaces dans tous les champs de la vie et travailler à l’évolution en profondeur des mentalités. Le jour où la question de l’égalité sera normalisée et banalisée, on pourra dire que les choses ont vraiment évolué. Cela dit, il est encore trop tôt en France pour que les femmes qui entrent dans les sphères de pouvoir ne servent pas de modèles. Il existe un mouvement de fond en faveur de la diversité dans les entreprises. Celles qui progressent le plus vite ont souvent des femmes au plus haut niveau qui portent le sujet. Nous proposons que les entreprises mettent plus en avant les hommes qui se sont engagés dans la promotion de l’égalité. Des mesures appliquées dans l’entreprise ne peuvent être dissociées d’une évolution de la répartition des tâches dans la sphère privée.
Comment faire évoluer les mentalités ?
Il faut agir dès l’enfance. Nous proposons d’allonger le congé paternité à 8 semaines et de rendre obligatoires les 2 premières semaines afin que le père puisse être dans les meilleures conditions pour se sentir investi et prolonger ce comportement tout au long du développement de l’enfant. Nous demandons également des modifications d’appellations, comme l’école « maternelle » qui deviendrait « élémentaire ». C’est essentiel car les mots véhiculent des stéréotypes, structurant les représentations. Nous proposons aussi que soient intégrés des interventions sur l’histoire des relations hommes/femmes et des cours d’économie familiale au collège et au lycée afin d’acclimater les jeunes à une vie domestique partagée sur des bases égalitaires, de sensibiliser les étudiants à la question du genre et de former les futurs dirigeants ou leaders d’opinion aux enjeux de l’égalité professionnelle. Car les hommes doivent faire leur révolution et elle commence par la prise de conscience que, malgré des avancées, l’égalité est encore loin.
Georges Odeimi,
diplômé de ESCP Europe en 2011 a réalisé son mémoire de recherche sur les facteurs de réussite des femmes au Liban. Il a interviewé 6 femmes en position de responsabilité dans différents secteurs. Leurs réponses nous montrent que la réussite est une chose universelle. « Dans cette étude qualitative, j’ai identifié cinq facteurs principaux qui ont permis à ces femmes de mener des carrières de premier plan. Le plus important est la motivation. J’ai noté que si elle est uniquement financière, elles avancent moins dans leur carrière. Car pour se battre, il faut une motivation intrinsèque. Le second facteur de l’ascension est le choix du secteur. S’il est contrôlé par les hommes, il est plus difficile pour les femmes de s’y imposer. Le troisième est personnel, elles m’ont toutes parlé de leur mari, et de la condition qu’ils les soutiennent dans leur ambition. Car au Liban, une carrière est quasi impossible sans l’aval du mari. J’ajoute que toutes ces femmes sont des militantes progressistes et encouragent d’autres femmes à faire des études et carrière. Le quatrième facteur est la famille. Elles ont soit un modèle féminin de mère travaillant et font naturellement de même. Soit, leur famille les a dissuadées d’étudier et travailler, et elles se sont rebellées, trouvant là une motivation supplémentaire. Enfin, l’éducation est un facteur déterminant. Beaucoup ont étudié à l’étranger, et elles reviennent au Liban pour travailler, pas pour rester à la maison. On revient là au premier facteur l’ambition. »
Contact : www.tnova.fr