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Pour une prise en charge du handicap dans l’enseignement supérieur

Quand on parle d’enseignement supérieur et de handicap, on entend souvent deux idées reçues « seulement un bachelier handicapé sur cinq poursuit ses études » et « il n’y a pas d’aménagements à l’université ».

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En tant que chargé de mission handicap à l’université de Cergy-Pontoise, ces propos me montrent le travail d’information qu’il reste à faire sur les prises en charge que peuvent proposer les universités. Depuis la loi de 2005 et la signature d’une charte engageant les établissements d’enseignement supérieur en 2007, toutes les universités se sont dotées d’une structure dédiée à l’accompagnement des étudiants handicapés. À l’UCP, en 8 ans nos effectifs d’étudiants handicapés ont triplé et nous accueillons des étudiants souffrant de tous types de handicap. Les aménagements que nous proposons sont adaptés à chaque situation : aides humaines ou techniques, aménagement de cursus, supports de cours… Nous invitons également les lycéens à venir nous rencontrer en amont de leur arrivée. Les services dédiés aux étudiants handicapés ont l’habitude d’échanger mais la professionnalisation des personnels assurant leur fonctionnement a incité bon nombre d’entre nous à nous fédérer au sein d’une même association l’Association des Professionnels de l’Accompagnement du Handicap dans l’Enseignement Supérieur en 2013. Ce rapprochement entre nos structures permet d’améliorer nos fonctionnements et de fluidifier le parcours des étudiants quand ils changent d’établissements.

 

Une évaluation cruciale des besoins d’aménagement
Le point crucial à l’arrivée de tout nouvel étudiant est l’évaluation de ses besoins d’aménagements. Cette évaluation doit faire émerger les difficultés que l’étudiant pourra rencontrer dans le cadre pédagogique et d’identifier les impacts des contraintes de la vie quotidienne. Les aménagements doivent proposer des solutions de compensation sans donner le moindre avantage et en garantissant que l’ensemble des compétences attendues par le diplôme soient validées. Pour faciliter cette identification, un groupe de travail mis en place par la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle a rédigé un guide. Celui-ci a pour but de faciliter notre travail en donnant les éléments à prendre en compte pour obtenir une vision globale des étudiants avec les interactions entre leur vie sociale ou universitaire et leur formation.

 

Un défi à relever pour les universités
L’autre idée reçue sur les bacheliers handicapés est qu’ils seraient rares à poursuivre des études. Les chiffres parlent d’eux même : en 2014, il y avait environ 4 400 étudiants handicapés en première année alors qu’en 2013, il y avait environ 4 000 lycéens handicapés en terminale. Cette statistique rassurante occulte qu’un travail sur la transition lycée-université reste nécessaire. En effet, on observe que les étudiants handicapés choisissent plus particulièrement les filières courtes. Je pense pour ma part que ces choix sont induits par la méconnaissance des aménagements qui peuvent être proposés, en induisant chez les lycéens handicapés un certain manque d’ambition dans leur poursuite universitaire. Pour conclure, il me faut reconnaître que la prise en charge du handicap n’est pas encore idyllique. Malgré notre bonne volonté et la professionnalisation des acteurs, nos moyens restent souvent secondaire, certains enseignants peuvent ne pas être assez sensibilisés ou informés sur ces questions ; comme au sein de notre société les comportements de surprotection ou au contraire de négation peuvent arriver de la part des personnels ou des autres étudiants. Mais pour nos établissements de formation, c’est justement un défi à relever que d’intégrer aux compétences de nos diplômes une meilleure connaissance des situations de handicap permettant ainsi de changer le regard des futurs cadres.

 

Par Patrick Courilleau,
Chargé de mission handicap à l’université de Cergy-Pontoise