Une formation en ingénierie et en gestion, un double cursus à l’ENSAM et au MIT, une expérience professionnelle dans le secteur public et le secteur privé, Pierre Koch a mis sa carrière à la puissance carrée.
Quoi de plus logique alors que de devenir directeur de l’université de technologie de Troyes (UTT), formation hybride entre université et école d’ingénieurs ? « Par temps de crise, les écoles d’ingénieurs doivent de plus en plus conjuguer sciences et management, penser l’hybridation, la multidisciplinarité et privilégier l’ouverture aux grandes questions de société. Le défi est de taille et ma polyvalence sera utile. »
Un double profil d’ingénieur-chercheur
Un trait de caractère confirmé par Pascal Morand, directeur général adjoint à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris, qui l’a côtoyé à ESCP Europe : « Il a toujours eu cette double compétence académique et managériale. Il a beaucoup de cordes à son arc : il est un excellent manager et comprend très bien par ailleurs le monde de l’enseignement et des professeurs par sa culture académique. » Fils d’enseignants alsaciens, Pierre Koch a ce goût pour l’enseignement supérieur dans les gênes. « Mon père était originaire du nord de l’Alsace et ma mère du sud, ce qui amusait beaucoup mes collègues à Strasbourg ! » Une origine qui marque aussi son identité.
Une double passion pour les sciences : technologiques et humaines
Adolescent, il s’imaginait déjà parcourir les chantiers du monde en tant qu’ingénieur. Diplômé de l’ENSAM et du MIT en génie offshore, « je réalise que le management m’attirait plus que les calculs. » Le voilà donc à l’INSEAD puis adjoint au premier directeur de programme chez Renault. Un poste qui l’amène à s’interroger sur le sens des choses. Il devient alors directeur des études de l’ENSAM en 1991 en même temps qu’il rédige une thèse sur la légitimité de la décision. Un vrai travail d’épistémologie sur l’évolution au cours du temps de la légitimité sociale de la décision ! « Pierre a une très grande capacité d’analyse et une force de travail impressionnante. Son doctorat en sciences humaines lui octroie une capacité de réflexion et à appréhender les questions différemment par rapport aux ingénieurs classiques. Sa capacité d’analyse du management complexe et sa vision très prospective s’associent à son grand sens de l’humain », précise Jean-Louis Billoet, directeur de l’INSA de Rouen qui a succédé à Pierre Koch comme directeur des études aux Arts et Métiers en 1996.
Une double expérience public-privé
Puis les hasards de la vie et des raisons familiales le conduisent à la direction régionale de l’AFPA en Alsace. Objectif : « Voir l’autre bout du spectre. » Il y rencontre Pierre Boissier, alors directeur de l’AFPA et devenu entre-temps chef de l’IGAS. « Pierre a beaucoup de pondération et de détermination à la fois. Il a un très bon contact et sait gérer les autres. Sa bonne vision stratégique en contexte de crise lui a permis de relever le challenge alors que l’AFPA était en reconstruction. C’est un homme de confiance et c’est le plus important. » Il quitte l’AFPA pour rejoindre le cabinet de la ministre de l’apprentissage et de la formation professionnelle en tant que conseiller pour l’apprentissage. « Comme quoi, on apprend tout au long de sa vie ! Mais après ce long voyage, j’ai décidé de retourner là où je me sentais le mieux : vers l’enseignement supérieur à ESCP Europe dans un premier temps, puis vers l’ingénierie et la technologie, mon secteur d’origine, à l’UTT, parfait consensus entre mes deux passions. »
Une double ambition entre technologie et démocratie
« Je fonctionne comme une pile avec une anode et une cathode. Mes expériences précédentes et ma thèse vont m’aider à intégrer au sein de l’UTT le fait humain dans la technologie et à faire dialoguer constamment technicité et vie démocratique. Je suis très sensible à la manière de concevoir la technologie pour faire perdurer la démocratie. » Cette philosophie très personnelle à Pierre Koch et son parcours de vie répondent et font parfaitement écho aux gènes des universités de technologie. Dès l’origine, elles ont en effet été créées pour rapprocher le monde de l’entreprise de celui des sciences et de la recherche, et pour former des ingénieurs et des docteurs capables de développer une vision systémique d’un monde de plus en plus complexe et enclins à innover. L’idéal pour Pierre Koch dont l’objectif est désormais de déployer toute la puissance de ce modèle hybride et original.
VC