Jean-Pierre Boissin, professeur des universités à l’IAE Grenoble, Président de l'Académie d'Entrepreneuriat, Chargé de mission auprès du ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche

les pepite de l’innovation

Le grand entretien

 

« En se dotant d’un statut national étudiant-entrepreneur et de 29 Pôles Etudiants Pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat (PEPITE) sur l’ensemble du territoire, l’Enseignement supérieur français est pionnier au niveau mondial. L’unité des établissements et des étudiants-entrepreneurs dans les écosystèmes régionaux est le facteur de succès 18 mois après ! » – Par Patrick Simon

 

De quelle manière allez-vous encourager l’entrepreneuriat et l’innovation dans le système éducatif ?

A l’issue des Assises de l’Entrepreneuriat de 2013, nous avons créé 29 Pôles Etudiants Pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat (PEPITE). Nous pensons que tous les étudiants doivent avoir accès à un module « entrepreneuriat-innovation » dans leur maquette pédagogique. La création d’un statut d’étudiant-entrepreneur permet d’exempter de stage les étudiants qui créent une entreprise ou tout autre projet entrepreneurial. Accueillis dans les 29 pôles mis en place sur les grands sites d’Enseignement supérieur français, ils bénéficient d’une couverture sociale jusqu’à 28 ans notamment les diplômés qui s’engagent dans leur projet entrepreneurial. L’étudiant-entrepreneur se voit attribuer un tuteur enseignant et un tuteur praticien (entrepreneurs, chargés de mission des structures d’accompagnement et de financement). Un prix PEPITE récompense chaque année 53 lauréats nationaux et 150 lauréats régionaux. Ce statut national d’étudiant-entrepreneur (SNEE), délivré par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, est ouvert à tous les bacheliers quels que soient les établissements dans lesquels ils poursuivent leurs études. En 18 mois, plus de 1 000 entreprises PEPITE ont été immatriculées.

 

Quelles sont les pédagogies innovantes que vous souhaitez diffuser ?

Nous incitons les sites d’enseignement à organiser des journées d’action en entrepreneuriat de façon transversale comme, par exemple, les « Startups Weekend » ou encore des modules du type « 48 heures chrono pour créer son entreprise ». Nous souhaitons mettre les étudiants dans l’action de la création d’entreprise en utilisant l’entrepreneuriat social afin qu’ils travaillent sur des projets à vocation sociétale. La méthodologie utilisée repose sur un apprentissage par l’action plutôt que par l’acquisition d’outils théoriques. Nous utilisons la pédagogie inversée car les formations en entrepreneuriat ne peuvent pas être standardisées, les besoins des entrepreneurs étant différents surtout en fonction de leur formation initiale et de leurs projets. Nous essayons de transférer les outils pédagogiques qui ont fait leurs preuves dans les établissements ou les régions afin de les mutualiser à l’échelle nationale. C’est dans cet esprit que nous allons créer une association nationale PEPITE France pour fédérer les 29 PEPITE.

Sur quels leviers vous appuyez-vous pour développer une économie entrepreneuriale ?

Lors des appels à projets nationaux, l’obligation d’un cofinancement impose aux établissements et aux parties prenantes de s’impliquer pour abonder sur les projets retenus. Il peut s’agir de collectivités territoriales puisqu’il existe un enjeu important d’interaction entre l’État et les Régions sur la politique économique ou de structures privées, notamment des ETI, voire des groupes. Actuellement l’État réfléchit à différents moyens de pérennisation des PEPITE et du statut national d’étudiant-entrepreneur.

 

Comment l’Académie peut-elle répondre aux collègues en charge de programmes entrepreneuriaux ?

Les enseignants sont les premiers concernés par les PEPITE puisque ces pôles sont créés par des établissements parties prenantes qui disposent ainsi d’une visibilité sur le projet de l’étudiant. Le travail des enseignants en entrepreneuriat qui suivent les jeunes créateurs d’entreprise, impacte leur pédagogie et leur permet de proposer des cas réels à leurs élèves. Nous sommes en train de créer l’organisation « PEPITE France » afin de développer les outils numériques pour sensibiliser les étudiants à l’entrepreneuriat-innovation, de délivrer une certification de compétences et de renforcer le statut d’étudiant-entrepreneur dans le cadre du dispositif PEPITE STARTER. Ce programme permettra de mettre en réseau les entrepreneurs, de les accompagner dans le financement et la finalisation de leur projet, tout en les orientant vers des incubateurs. Enfin, nous ouvrons des centres de coworking sur les campus où les étudiants travaillent en open space pour plus de cohésion et de partage de bonnes pratiques.