Objectif Paris 2024 ! Le portrait d’Antoine Praud

Antoine Praud lors des championnats du monde 2023
©Florent Pervillé

Etudiant à l’INSA Rennes le matin, athlète de haut niveau l’après-midi et spécialiste du 1 500m dans la catégorie T46, Antoine Praud a vécu sa première sélection lors des Championnat du monde de para-athlétisme à Charlety en juillet 2023. Mais pour lui, le meilleur est à venir. Son prochain objectif ? Paris 2024 ! Portrait d’Antoine Praud.

Dimanche 16 juillet, 17h : Antoine Praud a la mine défaite. Il venait pourtant de boucler sa première finale de Championnat du monde à une 10e place honorable, mais insuffisante pour cet athlète qui visait un Top 8. « Je pensais pouvoir suivre mais j’ai décroché dès que ça a accéléré. Je suis déçu de cette 10e place assez loin de mon chrono de référence mais j’ai donné mon maximum ». L’apprentissage diront les spécialistes, mais pour le champion d’Europe U20 de la distance, l’important était ailleurs : « Bien que déçu de la course en elle-même, j’ai vraiment été impressionné par ces championnats du monde et la préparation. Nous étions plusieurs petits jeunes et nous avons pu bénéficier des conseils des plus anciens, sur la gestion du stress notamment. Nous avons aussi vécu une semaine incroyable à l’INSEP où nous avons pu nous entrainer auprès d’athlètes valides. Pendant les premiers jours des mondiaux, j’ai pu soutenir les copains et le jour de ma course, toute ma famille était présente dans le stade pour m’encourager. Il y avait énormément de public et de bruit, tout cela reste un super souvenir » explique l’athlète.

Antoine Praud face à une forte concurrence

Une première expérience en compétition senior qui est amenée à en appeler d’autre. Mais le chemin est encore long, surtout que sa catégorie – la T46 – est extrêmement dense. Celle-ci regroupe en effet tous les athlètes amputés ou assimilés du haut du corps. « J’ai une paralysie du plexus brachial droit depuis ma naissance. C’est une gêne non négligeable pour courir, puisqu’au lieu d’avoir un mouvement de balancier du bras d’avant en arrière, je l’ai de droite à gauche ce qui entrave mon mouvement. Cela peut entraîner une gêne que n’ont pas les athlètes amputés. En fonction du type de handicap, la course ne se passe pas de la même façon. La fédération internationale fait son maximum pour harmoniser les catégories mais ce n’est pas toujours simple » explique Antoine. Mais cela ne l’empêche pas de performer, comme en témoignent son titre de Champion de France en 2023 ou sa deuxième place au meeting de Marrakech. Place désormais à l’objectif ultime : la qualification pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024.

Connaissez-vous les catégories du para-athlétisme ?
Pour harmoniser les performances sportives et que chaque athlète se retrouve face à des concurrents ayant le même handicap, les fédérations sportives ont créé différentes catégories. Par exemple en para-athlétisme la classification est définie par une lettre et un chiffre : T pour Track (courses & sauts) et F pour Field (lancers). Les chiffres ont la signification suivante :

  • 11 à 13 : handicap visuel 
  • 20 : handicap mental 
  • 31 à 38 : handicap moteur cérébral 
  • 40 à 47 : personnes de petite taille, amputation de membre supérieur ou assimilé, assimilé amputation de membre inférieur. 
  • T 51 à 54 : Courses en fauteuil roulant 
  • F51 à 58 : Epreuves de lancers en fauteuil roulant 
  • 61 à 64 : amputation de membres inférieurs 

Ensuite, la classification est plus précise. Pour prendre l’exemple d’Antoine Praud, sa classification T46 est destinée aux coureurs dont le mouvement d’un ou des deux bras est modérément ou très limité, ou ayant une absence de membres. Ces athlètes se propulsent presque exclusivement en utilisant les jambes avec un contrepoids réduit des bras. Alors que la catégorie T42 est destinée aux athlètes dont le mouvement d’une jambe est modérément limité ou ayant une absence de membres. Envie d’en savoir plus ? Retrouvez toutes les classification des Jeux Paralympiques de Paris 2024 ici.

Antoine Praud sur les starting blocks de Paris 2024

Pour ce fan de culture nippone et de manga, la plus grosse course de sa carrière arrive maintenant. « Désormais l’objectif est de se qualifier pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024. Ça ne va pas être simple, mais ce serait exceptionnel. Nous n’avons pas encore les modalités de qualifications, celles-ci devraient sortir à l’automne. Ces mondiaux offraient quatre places aux quatre premiers de chaque course et les mondiaux de Kobe – qui se dérouleront dans quelques mois – donneront deux places supplémentaires. Ensuite c’est à moi de me montrer performant toute la saison et aux entraineurs de faire leurs choix » précise Antoine. Pour se donner le moyen de ses ambitions, le jeune athlète peaufine déjà son programme 2023/2024. « Je vais faire beaucoup plus de compétitions internationales notamment en Allemagne, Belgique et Angleterre, où le niveau est plus élevé qu’en France. L’objectif sera de battre mon record personnel et de passer sous la barre des 4 minutes voire de s’approcher des 3min55. » Un temps qui sera important, puisque c’est lui qui déterminera les qualifiés pour les prochains Jeux. En effet, contrairement aux valides, le ranking ne se fait pas sur un classement avec une accumulation de points, mais au classement du meilleur temps. L’intérêt est donc d’effectuer le meilleur temps possible pour optimiser ses chances de qualification. Et pour ça, Antoine peut également sur compter sur l’INSA Rennes pour le mettre dans les meilleures conditions !

Objectif Paris 2024 ! Le portrait d'Antoine Praud

L’INSA Rennes, un des premiers fans d’Antoine Praud

Membre de la filière Excellence sportive de l’école d’ingénieurs bretonne, Antoine Praud a un emploi du temps aménagé lui permettant d’allier étude et sport de haut niveau. « A la sortie du lycée je ne voulais pas mettre ma carrière entre parenthèses. J’ai postulé pour cette filière qui me permet de faire ma prépa en trois ans au lieu de deux et d’aménager mes cours en fonction des compétitions. Par exemple en janvier dernier j’ai eu un stage de préparation au Portugal lors de la période des partiels et l’école m’a permis de les passer à mon retour. Entre les cours, sept entrainements par semaine et les séances de kiné, cet aménagement est le bienvenu ! » Fort de ce soutien, Antoine peut entamer sereinement sa course au Jeux Paralympiques. « Avec la phase de qualification, nous allons augmenter la charge de travail. L’année 2023/2024 sera tournée vers la performance sportive et l’année suivante concernera la réussite académique. » Même s’il hésite encore sur la future voie à prendre concernant son avenir, ces championnats de monde lui ont peut-être ouvert la voie. « Pendant les Mondiaux j’ai pu voir de grandes différences au sein des athlètes fauteuil et je me suis dit que des études en recherche ou en génie des matériaux pourraient me plaire. Travailler dans le milieu du sport pourrait m’intéresser » estime-t-il. Mais, aussi important qu’il soit, son choix n’interviendra qu’après les Jeux, son principal objectif pour l’année à venir. « J’ai le temps de choisir, je fais du sport de haut niveau et des études de haut niveau, c’est un compromis au top ! »

Charlety 2023 en attendant Paris 2024

Pour la troisième fois de son Histoire, la France a accueilli les Championnats du monde de para-athlétisme. 1 330 athlètes venus de 107 pays ont foulé la pelouse du Stade Charlety pour une répétition générale en vue des Jeux Paralympiques de l’année prochaine. Même si, sur le plan sportif, le bilan français est faible (quatre médailles et aucun titre), le bilan organisationnel est lui impeccable !

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