Mon chef me drague, je fais quoi ?
Mon chef me drague, je fais quoi ? ©AdobeStock

Mon chef me drague : je fais quoi ?

J’ai trouvé le job de mes rêves… mais mon chef me drague. Vous subissez les sous-entendus sexistes répétées de votre boss ? Ne restez pas silencieuse et choisissez la voie de l’action pour que votre vie pro ne vire à l’étau.

Une allusion, passe encore, mais quand la drague lourde se mue en harcèlement, la donne change. C’est la situation qu’a vécue Alexandra, juriste en alternance dans une entreprise suisse. À 24 ans, elle s’épanouit dans ce premier job. Sauf que son N+1 ne cesse de lui faire des réflexions pour le moins déplacées : « sympa ta robe aujourd’hui », « tu t’es maquillée ? », « ton petit copain est chanceux »…. « Je n’en pouvais plus et au bout de quatre mois, je priais pour ne pas le croiser dans les couloirs ou à la machine à café. Le jour où il m’a carrément dit que « j’étais son style », j’ai mis fin à mon stage. Heureusement que ce n’était pas un CDI, je l’aurais encore plus mal vécu ». Quitter le navire, est-ce vraiment le seul choix quand on subit un tel harcèlement ? Bien sûr que non. Encore faut-il actionner les bons leviers pour ne pas imploser de l’intérieur.

Drague Vs harcèlement

Le monde du travail ce sont des relations humaines. On ne peut donc pas empêcher un homme ou une femme d’avoir des émotions et d’interagir. « L’entreprise reste le premier lieu de rencontre des Français, rappelle Maître Christophe Noel, avocat spécialisé dans le harcèlement moral ou sexuel au travail. Il est donc normal pour une personne de mettre en œuvre une stratégie de séduction, et aucun législateur n’a son mot à dire en ce domaine. Mais il ne faut pas confondre cette drague (qui aboutit ou non) avec le harcèlement qui est le plus souvent commis par des personnes qui ont un ascendant hiérarchique. Certains hommes se croient autorisés à revenir à la charge en permanence sur une collaboratrice. On bascule, dès lors, dans une situation répréhensible. »

Mon chef me drague… mais la loi est là

Depuis 2019, les entreprises de plus de 250 salariés doivent obligatoirement nommer un référent harcèlement sexuel pour réaliser des actions de sensibilisation, de formation, et mettre en place des procédures de signalement. « Cette loi est un grand pas en avant pour les victimes qui osent davantage parler et dénoncer certains agissements souligne l’avocat. L’écoute et l’accompagnement sont donc au cœur des évolutions légales. Pour autant, une jeune femme dans une entreprise victime de harcèlement sexuel vit souvent un parcours du combattant. Si elle le subit au cours de sa première expérience professionnelle, elle sera dévastatrice. »

RH en alerte

D’où l’importance d’agir vite pour ne pas laisser la situation pourrir. Si l’attitude de votre boss ne change pas, outre le référent, tournez-vous vers les Ressources Humaines de l’entreprise. Fournissez-leur des éléments tangibles qui prouvent votre vécu : sms, mails litigieux, propos répétés devant témoins. Vous pouvez aussi vous adresser aux représentants des salariés et au médecin du travail pour qu’ils interviennent. Le pire est de rester seule face à une situation qui deviendra vite ingérable d’un point de vue émotionnel et professionnel.

Mon chef me drague… je mets les voiles ?

Si rien ne bouge et que le harcèlement continue, tournez-vous vers un avocat ou une association comme l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT) ou France Victimes qui regroupe 130 associations locales. Une procédure longue s’engage. Compte tenu des délais judiciaires et de la situation intenable dans laquelle vous êtes, certaines décident de quitter l’entreprise.

Un choix très personnel, mais sachez qu’aucun job ni stage ne vaut de rogner sur son bien-être et son intégrité.

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