Dans son Livre Blanc récemment publié, Ingénieurs et Scientifiques de France (IESF) propose pistes de réflexion et d’action pour participer pleinement au développement d’une économie prospère et responsable. Une démarche intimement liée à un engagement professionnel et citoyen toujours plus profond de ces professionnels encore trop peu présents dans la parole publique. Coup de projecteur sur leurs propositions clés – Par Clarisse Watine
Chaque mot est important !
Dans son introduction, François Lureau, Président d’IESF, insiste sur l’importance et la signification des termes choisis pour définir la démarche à l’origine de ce livre blanc. « Ils prouvent que nous sommes dans une dynamique positive où responsabilité et engagement sont essentiels. » Des propositions qui visent à relever deux grands défis : rendre au progrès technologique toute la dimension positive qui doit être la sienne et inciter plus de jeunes (garçons et filles) à s’engager dans les domaines des sciences. « Tout cela à la façon d’un ingénieur c’est-à-dire avec les valeurs d’audace, de fierté et de responsabilité qui nous sont chères », insiste-t-il.
« Montrer que les sciences et les technologies contribuent au bien-être de la société, voilà notre rôle. » – François Lureau, Président d’IESF
L’éducation comme clé du progrès
Parce que l’école d’ingénieur du 21e siècle est un lieu où on apprend et où on entreprend, elle doit valoriser des profils originaux et encourager les attitudes créatives sans brider aucune forme d’intelligence. Cela nécessite de déployer des méthodes alternatives (Montessori, Freynet…), de susciter des vocations industrielles chez tous les jeunes, y compris les jeunes femmes, et ce dans toutes les filières ainsi que de casser les frontières entre chercheurs et professionnels pour accroitre le nombre de doctorants.
Les propositions phares
Développer la créativité en agissant sur le système scolaire
Susciter des vocations industrielles
Restaurer une filière scientifique au lycée
Les questions de société
Pour que les ingénieurs prennent enfin toute la part qui leur revient dans la parole publique, ce livre blanc milite pour une application drastique du principe de précaution. Une prise de décision rapide et responsable sur les opportunités technologiques qui permettrait en effet de créer près d’un milliard € de nouvelles activités à moyen terme. IESF appelle également de ses vœux une diversification des compétences dans les collectivités locales par une présence accrue d’ingénieurs et scientifiques en leur sein. La mise en place d’un Haut Conseil de l’Ethique et le renforcement de la formation des ingénieurs sur les concepts de RSE seraient enfin à même d’accompagner les ingénieurs et leurs entreprises face à leurs questionnements sur ces sujets.
Les propositions phares
Appliquer de façon rigoureuse le principe de précaution
Doubler le nombre d’élus territoriaux de formation technique d’ici 5 ans
Organiser une structure référentielle sur les sujets d’éthique
La compétitivité
IESF insiste par ailleurs sur le rôle primordial que jouent les ingénieurs et les scientifiques sur un point clé de notre économie : la compétitivité. En France, la construction de filières d’excellence solidaires et innovantes étendues sur 5 bassins d’emplois et centrées sur des filières clés permettrait par exemple de créer plus de 50 000 emplois en moins de 5 ans. Une dynamique de partenariats et d’alliances à travers le monde autour de filières industrielles offrirait quant à elle une meilleure compréhension des environnements internationaux. La simplification des standards et de la règlementation par la consultation des entreprises ainsi que la limitation des contraintes administratives pesant sur les PME seraient en outre des atouts indéniables pour asseoir notre compétitivité.
Les propositions phares
Construire un écosystème de confiance dans nos territoires
Transformer les établissements de formation en multinationales
Investir le cadre normatif pour stimuler la dynamique de l’industrie du futur
Dynamiser le développement des PME et ETI
La formation des ingénieurs et scientifiques aux nouveaux enjeux
Pour IESF, la question des compétences s’impose enfin comme un sujet primordial. Dans ce monde complexe et hyper technologique où nous évoluons, il faut en effet pouvoir mobiliser l’expertise des ingénieurs et scientifiques, une expertise qui évolue dans le temps et qui doit donc être mobilisable de façon plus ouverte. Il apparait alors indispensable de susciter plus de vocations. Pour cela, plusieurs mesures simples : pousser les grands groupes à rééquilibrer les filières d’experts et de managers, augmenter les passerelles entre ces deux filières ou encore mieux intégrer les experts et les docteurs dans les PME. La transdisciplinarité, encouragée par une démarche accrue de formation continue, s’impose enfin comme un facteur clé.
Les ingénieurs du 21e siècle ne doivent pas apprendre plus mais apprendre différemment.
Les propositions phares
Attirer les docteurs en entreprise
Développer la reconnaissance des experts ingénieurs et docteurs en entreprise
Encourager le statut d’indépendant
Repenser la formation pour répondre au défi de la complexité
Construire une offre d’accompagnement de l’ingénieur tout au long de sa vie