Innovation, production et diffusion des savoirs, création de valeur et transmission de valeurs, conquête de la liberté, sont autant de dimensions dans lesquelles l’ESSEC veut faire la différence grâce à son esprit pionnier. Les détails d’une ambition avec Jean-Michel Blanquer, son directeur.
Vous avez dévoilé en février votre stratégie 3i (innovation, implication et internationalisation) pour la période 2014-2020. Quels en sont les premiers développements concrets ?
L’année 2014-2015 sera un moment d’expérimentation d’innovations pédagogiques et scientifiques avant le déploiement de l’ensemble des axes de la stratégie. Une de ses dimensions, l’innovation, illustre notre devise « L’esprit pionnier ». Elle s’appuie sur le Knowledge Lab, notre FabLab de l’innovation pédagogique et scientifique. Son originalité est de produire des biens immatériels. Chaque étudiant se verra doté d’une carte cognitive personnelle pour construire son parcours et être accompagné durant son cursus. Nous débutons le mentorat anciens/étudiants à la rentrée 2014 avec une centaine de mentors alumni. A terme, ils seront 500.
Effervescence intellectuelle
Le Lab est aussi un lieu de production et de partage du savoir ?
Le Lab est le lieu de production de vidéos, de MOOCs, de SPOCs. Le premier MOOC intitulé « L’avenir de la décision » traite de la prise de décision en situation complexe. Il a été réalisé par Edgar Morin et par nos professeurs qui prolongent sa pensée dans la pratique de l’entreprise. Il sera diffusé via Coursera fin 2014. Nous allons aussi renouveler notre tradition de production de jeux et cas d’entreprise, si importante pour une business school, grâce aux apports de la technologie. Il en va de même pour la production de cartographie pour nos chercheurs et étudiants. Le Lab incarne notre ambition d’apporter la recherche dans la salle de classe, de faire bénéficier nos étudiants mais aussi les entreprises, de notre production de connaissances. Il est un lieu névralgique qui fait le pont entre étudiants, professeurs, chercheurs et entreprises. Ils y disposent d’outils à la pointe comme un mur numérique, des tableaux interactifs, du mobilier mobile … et de ressources pour innover et interagir. Nous concevons le Lab comme une fleur : en son coeur le Knowledge Lab et en guise de pétales, des Open Lab où s’expriment les centres d’excellence de l’ESSEC.
Et interactions
Où en est la constitution de ces centres d’excellence ?
Les centres d’excellence fédèrent nos Chaires et Instituts sur des thématiques transversales fortes de l’ESSEC afin de leur donner de la visibilité, de favoriser les travaux collaboratifs. Deux centres travaillent sur les thèmes Entrepreneuriat et Management & society. D’autres verront le jour prochainement autour de la santé, de l’hôtellerie, du luxe, de la culture, de la négociation géopolitique et géoéconomique. Mon ambition est de rendre plus forts et mieux organisés ces thèmes en les intégrant à l’ensemble des fonctions de la Maison : formations initiales et continue, valorisation, recherche, relations entreprises, relations alumni, relations internationales, campus de Singapour. Les centres sont interdisciplinaires et transversaux à nos départements d’enseignement et de recherche. Chaque Centre se traduit par un Open Lab relié au Knowledge Lab qui est auto-transformant : nous ne savons pas encore tout ce qui va naître de ces structures et de leurs interactions !
Futurs et liberté
L’ambition pédagogique du programme grande école est exprimée ainsi : « Vous préparer à devenir des dirigeants responsables, capables d’anticiper et d’affronter les mutations et les défis des entreprises. » Quelles sont les clés pédagogiques et de cursus pour préparer vos élèves dans cette optique ?
L’ESSEC entend faire vivre une expérience de transformation à ses étudiants via l’approche de design learning. Nous leur offrons une éducation à la liberté afin qu’ils soient autonomes, sachent choisir et décider. Cette approche structurante doit leur permettre de conquérir leur liberté progressivement, de faire des choix de plus en plus déterminants. En janvier 2015, les élèves de 2e année participeront à une semaine de l’innovation et de la recherche. Des professeurs, chercheurs et professionnels vont leur parler du futur, des domaines, opportunités et emplois qui s’offrent à eux, des grandes mutations en cours et à venir. A la fin de la semaine nous leur demandons de choisir leurs cours pour la dernière année et de proposer ceux qu’ils souhaiteraient voir créés et qui n’existent pas dans notre curriculum. Dans une démarche de co-création nous créerons les cours qui auront été demandés par au moins 50 étudiants. Si un cours démontre sa qualité et son utilité plus largement, il pourrait devenir un MOOC.
Valeur ajoutée et valeurs
Dans quelles dimensions voulez-vous renforcer vos étudiants afin qu’ils soient des managers du XXIe siècle au top niveau ?
Je vois deux dimensions essentielles. Ils ont tous vocation à être des digital managers, un domaine dans lequel notre alliance avec Centrale prend tout son sens. Ainsi que vocation à être entrepreneurs, créer des entreprises et se comporter en intrapreneurs dans leurs entreprises. L’esprit pionnier, c’est leur donner le goût d’entreprendre, de créer de la valeur (dans les deux sens du terme). Notre objectif est de leur donner de la force pour le futur en étant leur institution tout au long de la vie, pour les renforcer et les former en formation continue.
Qu’en est-il des valeurs justement ?
Je suis particulièrement sensible à la capacité de remise en cause, avoir trop de certitudes peut se révéler problématique. Je souhaite que les ESSEC aient une attitude de création et d’humilité devant la vie. La question des valeurs n’est pas qu’un pur discours, elle traduit un engagement propre à l’identité de l’ESSEC depuis sa création en 1907. Je me réjouis que nos valeurs correspondent aux besoins et attentes de l’économie, de la société et de l’entreprise en demande d’éthique et de probité au service de l’efficacité ; qui attendent de futurs responsables qu’ils fassent vivre l’éthique et témoignent d’une créativité correspondant aux défis de la RSE. Par exemple démontrer que la finance responsable peut rapporter sur le long terme ou respecter le consommateur, sont des illustrations de l’interaction entre valeur éthique et valeur ajoutée. C’est à ces thématiques que nous réfléchissons avec nos 5 partenaires internationaux du Council on business and society.
Grands métiers des ESSEC
– 44,3 % des diplômés travaillent en cabinet de conseil ou en banque.
- Dans les fonctions études, conseil et expertise / et Administration, gestion, finance comptabilité.
– Ils sont près de 13 % dans la fonction marketing et de 9 % dans l’audit.
– 95 % des diplômés trouvent un emploi en moins de 6 mois.
A. D-F