LES UNIVERSITÉS FONT LA GUERRE AUX PRÉJUGÉS !

L’université, c’est pour les nuls ! », « L’université n’offre aucun débouché professionnel ! », « L’université est déconnectée du monde du travail ! » Les universités ont longtemps été mal perçues et définies comme des formations de « seconde catégorie ». Pourtant, elles deviennent aujourd’hui moteur de changement et se donnent les moyens de faire face à la concurrence des grandes écoles. Focus sur deux universités innovantes qui ont décidé d’en finir avec les idées reçues : l’Université Joseph-Fourier de Grenoble et l’Université de Poitiers.

MURIEL JAKOBIAK, RESPONSABLE COMMUNICATION DE L’UNIVERSITÉ JOSEPH-FOURIER DE GRENOBLE

Le 29 janvier dernier, vous avez lancé une campagne d’affichage pour dénoncer les idées reçues sur l’université. Comment s’est elle déroulée et avec quels objectifs ?
Nous interpellions les passants par des slogans chocs, et à chaque idée reçue nous opposions des données chiffrées. Un tiers des étudiants qui intègrent notre université ont eu mention bien ou très bien au baccalauréat. Les grandes écoles ne sont pas les seules à avoir de bons élèves. Nous enregistrons plus de 70 % de réussite en première année de Licence. Nous voulons rassurer les lycéens et leurs parents afin d’inverser la tendance et faire de l’université le choix prioritaire des bacheliers.

L’université a initié l’organisation d’un concours vidéo « Pod’casse ton préjugé sur l’université » à destination des étudiants. En quoi est-ce important de les impliquer dans ce type d’actions ?
Qui mieux que les étudiants pour s’adresser aux lycéens sur la réalité de l’université ? Très actifs sur les réseaux sociaux et les sites de partage de vidéos, ils sont nos meilleurs ambassadeurs ! C’est pour cela que nous avons fait le choix de créer ce concours et de ne pas mener une action de communication institutionnelle. Cette initiative s’inscrit dans la campagne « L’université un choix qui vous réussit » menée par le ministère de l’Enseignement supérieur. Il nous faut adopter une posture plus active face au recrutement pour séduire le public des lycéens si l’on veut qu’ils nous rejoignent.

Vous ciblez également les parents au cours d’une une soirée d’information sur les formations dispensées à l’UJF et les débouchés en sciences et technologies. Véhiculent-ils un certain nombre de préjugés ?
Les parents d’élèves sont nombreux à s’inquiéter des débouchés professionnels que propose l’université. Or, ils jouent un rôle important dans l’orientation de leurs enfants. Le format de ce type de « soirée » permet aux parents de lycéens d’échanger avec des directeurs de formations, rien de tel pour répondre au mieux à leurs nombreuses interrogations !

A l’avenir, de quelle façon souhaitez-vous faire évoluer votre communication sur ce sujet ?
Le plus important est d’être toujours plus innovant ! Utiliser les nouvelles technologies, continuer à impliquer nos étudiants pour qu’ils témoignent de leurs formations. Notre objectif est de continuer à valoriser nos parcours « sciences et technologies », actuellement sous-représentés.

 

 

FLORENT JABOUILLE, VICE-PRÉSIDENT DÉLÉGUÉ À LA FORMATION, EN CHARGE DE L’IDEFI PARÉ, À L’UNIVERSITÉ DE POITIERS

A la rentrée 2013, vous avez mis en place le projet PARé « Parcours Réussite ». Quelles sont les ambitions de ce programme ?
Ce projet part du constat que certains étudiants abandonnent leurs études en cours de route. Nous voulions comprendre ce qu’ils deviennent ensuite pour leur proposer une aide adaptée. A partir de là, nous avons élaboré un ensemble de dispositifs. Nous avons créé l’initiative « Rebond » qui a pour but de réorienter les premières années en difficulté et leur proposer des cours de méthodologie. Il suffit souvent de peu de choses pour que les étudiants se sentent soutenus et ne soient pas perdus ! Avec le service universitaire SAPHIRE, nous intervenons dans les lycées pour communiquer avec les élèves sur nos formations, courtes et professionnalisantes (DUT) ou plus longues (Masters).

Quelles autres actions menez-vous pour faire tomber les idées reçues ?
Avec notre dispositif « – 3 + 3 » nous souhaitons gommer la fracture existante entre l’université et le lycée en renforçant les relations entre les professeurs des deux établissements. Il est important pour nous que les professeurs des lycées connaissent nos méthodes d’enseignement et nos résultats en termes d’insertion professionnelle. 70 % de nos diplômés trouvent un emploi en moins de 6 mois ! Nous effectuons aussi un important travail de communication auprès des entreprises, via notamment les nombreuses formations en alternance que nous proposons. Elles concernent d’ailleurs des filières très variées : de la psychologie, à la santé en passant par les sciences fondamentales.

Les étudiants sont-ils les principaux acteurs de ce changement ?
Bien sûr, le meilleur relai d’information contre la stigmatisation et les préjugés sont les étudiants eux-mêmes ! En ce sens, notre volonté est de renforcer notre réseau d’anciens élèves, qui participe notamment à la promotion de notre université en entreprise. Les professeurs doivent, eux aussi, accompagner ce changement en se montrant toujours plus attentifs aux besoins de leurs élèves. Nous envisageons de mettre en place des formations obligatoires pour qu’ils adoptent des méthodes pédagogiques novatrices. Si les profils des étudiants évoluent, les professeurs doivent évoluer avec eux !

 

Simon Sénot