Les responsabilités des organisations au cœur des futures recherches en management

Perspectives pour Gaïa

Considérant « l’enfermement planétaire » auquel nous sommes tous contraints (Lebeau, 2008), il nous semble utile de reconsidérer les modèles ou théories promettant une croissance sans fin ou plus précisément sans mesure des conséquences qu’ils supposent (Reeves, 2003). Avec sept milliards d’habitants (octobre 2011) nous devons faire face à de
nouveaux défis.

Du développement durable

L’émergence du développement durable (rapport Bruntland, 1987) a révélé les excès des économies développées. Cela a bouleversé les codes établis et perturbé les fondamentaux managériaux. Le triptyque des variables économique, sociétale et environnementale s’est alors ainsi imposé comme la nouvelle référence. Les termes de responsabilité sociétale des entreprises puis des organisations sont apparus. Ils supposent des modifications profondes dans les approches managériales (éthique, valeurs…) et les attitudes comportementales (consom’acteurs) tant du côté de l’offre que du côté de la demande.

Empreinte et contingence

La post industrialisation du XXe siècle matérialise, de par ses empreintes écologiques, les mutations nécessaires. L’accélération des phénomènes et ses conséquences (Rosa, 2010), induit des contingences de situations voire une variété de solutions. C’est la nécessité du changement, celle de ne plus pratiquer le business as usual mais au contraire d’innover afin de trouver de nouveaux espaces stratégiques (Kim et Mauborgne, 2008).

 

 

La recherche en management

Comment la recherche en management peut-elle s’émanciper du passé et de concepts vieillissants au vu des changements climatiques, économiques, géopolitiques… ? Dans son documentaire phare, H. Védrine évoque les trois grands défis auxquels la recherche doit répondre : le « compte à rebours écologique », l’économie dénommée « casino » et les incertitudes démographiques. Nous retrouvons, sous une forme différente, les trois volets du développement durable.

Des responsabilités individuelles et collectives.

Se pose alors la question des responsabilités individuelles (chacun de nous) et collectives (les organisations). Nous parlons de responsabilité sociétale des organisations (norme ISO 26000, 1er novembre 2010). Nous y englobons les responsabilités climatique, environnementale et économique (cf schéma 1).

l’organisation face aux pôles des responsabilités

Des recherches émergent aujourd’hui autour de ces différents « pôles ». Par exemple, la comptabilité s’intéresse aux mutations écologiques et environnementales. La prise en compte du sociétal, de l’environnement et du mode de gouvernance comme compléments à la comptabilité « classique » s’affirment de plus en plus. Du fait d’externalités liées aux gaz à effet de serre, les choix stratégiques établis pourraient, via un bilan carbone®, être revus.

 

De nouvelles recherches en perspective

Les recherches à venir devraient également permettre d’intégrer la question de l’empreinte écologique (Rees et Wackernagel, 1996) afin d’optimiser les choix des constructions, la réutilisation de friches, l’optimisation du recyclage, par exemple. Les ressources humaines, bien évidemment, devraient faire l’objet de travaux conséquents (diversité, VAE, coopération…) et suivre l’exemple de ce qui est entrepris pour l’économie qualifiée de solidaire (Laville, 2007).

Le management devra intégrer les quatre pôles du schéma proposé dans ses actes. La recherche en management pourrait, dans un contexte de soutenabilité, orienter ses travaux autour de ces axes prometteurs. Elle participerait aux défis annoncés et favoriserait l’émergence de solutions aux questions de ce monde. De grands progrès indéniables sont ainsi prévisibles dans la perspective d’une démographie soutenue, avec les changements climatiques avérés et une solidarité économique espérée. C’est le sens mêmes des responsabilités ou obligations du management pour le XXIe siècle.

Philippe Callot
Professeur Ecole supérieureGroupe Ecole Supérieure de Commerce Et de Management (ESCEM)

 

pcallot@escem.fr