Les mathématiques sont-elles vraiment la compétence ultime à afficher sur un CV ? Alors que le niveau des élèves français en maths ne cesse de chuter, cette discipline reste pourtant un passeport incontournable pour de nombreuses carrières. On vous explique pourquoi maîtriser les maths peut faire toute la différence sur le marché du travail.
Derniers de la classe. Selon le dernier classement Timss publié en décembre 2024, les élèves français de CM1 sont les derniers de l’UE en mathématiques. Pour les élèves de 4e, ce n’est pas vraiment mieux : ils se classent à l’avant-dernière place. Plus inquiétant encore, il y a quatre ans, les collégiens français de 4e avaient le niveau en mathématiques des élèves de 5e en 1995. Un niveau en baisse qui cache de grandes disparités : entre les très bons élèves et ceux en difficulté, mais aussi entre les filles et les garçons. En CM1, l’écart entre les garçons et les filles augmente en maths comme en sciences et a même presque doublé en mathématiques en quatre ans. Le baromètre d’évaluation des élèves du second degré publié par le ministère de l’Éducation nationale en 2024 révèle ainsi que 43 % des élèves de 6e ne savent pas que quatre centièmes équivalent à 0,04.
Une compétence clé dans le supérieur et sur le marché du travail
Pourtant, les maths restent un sésame incontournable pour de nombreuses carrières. N’en déplaise aux initiateurs de la réforme du bac, avoir un bagage mathématique solide est un must pour rejoindre une grande école de commerce ou d’ingénieurs. Et ce n’est pas tout : la data, la finance, l’intelligence artificielle, le marketing digital ou encore la logistique sont autant de secteurs où les compétences en mathématiques sont essentielles. Même dans des domaines moins techniques, savoir manier les chiffres et raisonner logiquement est un atout précieux. Selon une étude LinkedIn, la capacité à résoudre des problèmes complexes est d’ailleurs l’une des cinq compétences les plus recherchées par les recruteurs. Pour Sonia Bougatfa, professeure et chercheuse en marketing à l’INSEEC BBA- Bordeaux (et issue d’une formation scientifique et mathématique), « au-delà des théorèmes et des chiffres, être matheux est un état d’esprit, un design thinking que l’on incorpore dans le cerveau » et qui développe la rigueur, l’analyse et la structuration de la pensée. « Les mathématiques sont une méthodologie cognitive analytique qui apprend à prendre du recul, à persévérer et à raisonner avec méthode. Cette logique s’ancre dans tout ce que l’on entreprend dans la vie quotidienne, en dehors des situations purement mathématiques et même dans le développement d’autres formes d’intelligences, comme l’émotionnelle ou la sociale » ajoute-t-elle, avant de souligner l’importance des mathématiques dans sa propre discipline, le marketing. « Aujourd’hui, les étudiants se rendent compte que le marketing repose sur des chiffres, comme les données Panel, les études consommateurs, etc… Comprendre, analyser et manipuler les données est un atout essentiel. »
Esprit matheux = meilleure communication ?
Autre soft skill développée grâce aux mathématiques, et qui n’apparaît pas comme évidente au premier abord : la communication. « Prenez l’exemple d’une problématique au travail. Pour comprendre la situation, un esprit scientifique va la problématiser, essayer de comprendre d’où elle vient et quels leviers utiliser pour trouver des solutions. Une fois la situation analysée, les idées et la communication n’en seront que plus structurés » explique Sonia Bougatfa. La pensée mathématique repose en effet sur la clarté et la logique, deux piliers essentiels à une communication efficace. Un raisonnement bien construit permet d’aller droit au but, de rendre des idées complexes accessibles et de convaincre plus facilement son interlocuteur. Dans un cadre professionnel, cela se traduit par des présentations plus percutantes, des argumentaires plus solides et une capacité accrue à vulgariser des concepts techniques.
Comment valoriser ses compétences en maths sur un CV ?
Si vous excellez en mathématiques, vous avez donc des soft skills et des hard skills qui intéressent les recruteurs. Encore faut-il réussir à en tirer parti sur votre CV ! Première étape, toujours mentionner vos compétences mathématiques de façon explicite et simplifiée, adaptée à la majorité de vos interlocuteurs. Indiquez les compétences spécifiques acquises : statistiques, modélisation, analyse de données, résolution de problèmes, logique algorithmique… « Soyez clair, simple, précis, avec des mots clés qui représentent chaque discipline » abonde Sonia Bougatfa. Mettez ensuite en avant les soft skills qui y sont associées comme la rigueur, l’esprit analytique, la capacité à structure un raisonnement, et « utilisez toujours des termes dont vous maîtriser le sens et les fondements. N’hésitez pas non plus à intriguer les recruteurs, en utilisant des termes qui relèvent des tendances managériales et qui nécessitent une bonne compréhension. Par exemple, l’adjectif résilient au lieu de persévérant, sans oublier les dimensions de la RSE comme les mots éthique, inclusion. Ça peut faire la différence lors d’un passage en revue des CV et, par la suite, lors d’un entretien » conseille Sonia Bougatfa. Enfin, n’hésitez pas à illustrer votre niveau : un bon score au GMAT, GRE ou au Tage Mage est une preuve objective de vos compétences en mathématiques.