En lançant Prométhée Education, Mohamed Slim, élève du master droit économique à Sciences Po et président de l’association, s’était fixé un objectif : permettre aux élèves franciliens issus des lycées dits « sensibles » de rêver, d’oser et de réussir. Six mois à peine après le lancement de sa croisade pour l’égalité des chances, on peut dire que le pari est en passe d’être réussi. Rencontre. – Par Clarisse Watine
L’orientation par défaut : plus jamais ça !
La question de l’égalité des chances, Mohamed s’en est emparé alors qu’il n’était encore qu’en Terminale. « Elève dans un établissement de Pantin classé ZEP, j’étais très indécis quant à mon avenir. Classe prépa, fac, Dauphine… je ne savais pas où m’orienter alors même que je devais impérativement faire mes choix sur APB. A ce moment-là, je me suis dit que personne ne devrait faire des choix aussi importants dans l’urgence ou par défaut. Et j’ai pris mon destin en main ! » Un destin qui l’a mené à conduire, à la demande de son proviseur, un projet de dispositif de parrainage avec Paris-Dauphine. Une démarche qu’il a d’ailleurs poursuivie, cette foisci à la demande de Laurent Batsch (Président de Dauphine de 2007 à 2016), après avoir intégré l’université. « L’égalité des chances est devenue ma cause », insiste-t-il.
L’égalité des chances selon Prométhée Education
Un combat qu’il continue aujourd’hui à Sciences Po, « une école qui fait déjà beaucoup en la matière, notamment avec le dispositif de Convention d’Education Prioritaire, mais qui ne se focalise pas sur des actions auprès des lycéens. » C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il a créé Prométhée Education. Une association étudiante qui intervient aujourd’hui auprès des élèves de Première et de Terminale de lycées franciliens « sensibles » pour les encourager à tenter le concours de Sciences Po, les aider à s’orienter et à développer leur expression orale. « Notre but : éveiller des ambitions. » Dans cette dynamique, l’association vient d’ailleurs tout juste de lancer des cycles de conférence avec des personnalités. Première tête d’affiche à avoir dit oui : Omar Sy, la personnalité préférée des Français !
« Mon rêve pour Prométhée Education ? Aider toujours plus de lycéens à trouver leur voie et non pas à suivre celle qu’on trace pour eux. »
« Défendre cette cause fait de nous de meilleurs managers »
Des projets qui, Mohamed en est certain, sont d’incroyables atouts pour son avenir et celui des 106 parrains déjà engagés à ses côtés. « Mener ce genre d’actions dans le cadre de Sciences Po nous permet de rester connectés aux difficultés rencontrées par bon nombre de jeunes dans notre pays. D’un point de vue professionnel, c’est un vrai plus pour évoluer dans des entreprises qui prennent progressivement conscience de l’importance de la RSE dans leur performance. Nos actions auprès des lycéens nous permettent de changer de référentiel et de remettre en cause nos idées préconçues. C’est une démarche vertueuse pour tout manager ou leader de demain », conclut-il.
Comment j’ai embarqué dans l’aventure Prométhée Education »
Antoine Leymarie, Trésorier de l’association, en 1e année du Collège Universitaire de Sciences Po
« Contrairement à Mohamed, mon parcours n’a rien d’un parcours hors du commun. Issu d’un milieu favorisé en Corrèze, je savais déjà très jeune que je voulais faire Sciences Po. C’est à l’occasion de ma préparation au concours que je me suis rendu compte que tout le monde n’était pas, comme moi, dans les conditions optimales pour réussir. J’ai alors décidé d’agir à mon niveau et de partager mes cours de soutien du CNED avec mes camarades. Arrivé à Sciences Po, j’ai très vite embarqué dans l’aventure Prométhée. Le fait que je ne vienne pas d’Ile-de-France est un plus car nous souhaitons également développer nos actions en province où les lycéens manquent aussi cruellement d’informations quant à leur orientation. Ce complexe d’ambitions est partagé par les jeunes de banlieue et de province. »